1858 - Supplique du maire à Napoléon III en visite finistérienne
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Durant l'été 1858, l'Empereur des Français visite la Bretagne avec son épouse Eugénie, en passant par les villes de Rennes, Brest et Quimper. Une visite triomphale qui visait à conforter le régime dans une région travaillée par les royalistes légitimistes et les républicains. | Durant l'été 1858, l'Empereur des Français visite la Bretagne avec son épouse Eugénie, en passant par les villes de Rennes, Brest et Quimper. Une visite triomphale qui visait à conforter le régime dans une région travaillée par les royalistes légitimistes et les républicains. | ||
- | Le maire d'Ergué-Gabéric lui envoie à cette occasion une lettre dans laquelle il présente une demande de secours pour suppléer aux multiples dépenses communales : « <i>Votre Majesté connaît maintenant la double cause de leur état de souffrance ; elle connaît, mieux que nous, les moyens d'y remédier</i> ». | + | Le maire d'Ergué-Gabéric <ref name=Feunteun>{{MichelFeunteun}}</ref> lui envoie à cette occasion une lettre dans laquelle il présente une demande de secours pour suppléer aux multiples dépenses communales : « <i>Votre Majesté connaît maintenant la double cause de leur état de souffrance ; elle connaît, mieux que nous, les moyens d'y remédier</i> ». |
- | La double cause est d'une part les faibles ressources communale malgré le rétablissement récent de l'octroi et d'autre part l'entretien de la route départementale qui traverse la commune. Et tous les autres travaux ordinaires : le mobilier de l'église paroissiale, la réfection du mur d'enceinte du cimetière, les réparations et nettoyage du presbytère (« <i>qui, outre son aspect rebutant, révèle une sorte d'ancienne prison féodale</i> ») l'entretien des routes vicinales, notamment celles menant à Kerdévot, chapelle de grand renom et lieu de miracles. | + | La double cause est d'une part les faibles ressources communales malgré le rétablissement récent de l'octroi <ref name=Octroi>{{K-Octroi}}</ref> et d'autre part l'entretien de la route départementale qui traverse la commune. Et tous les autres travaux ordinaires : le mobilier de l'église paroissiale, la réfection du mur d'enceinte du cimetière, les réparations et nettoyage du presbytère (« <i>qui, outre son aspect rebutant, révèle une sorte d'ancienne prison féodale</i> ») l'entretien des routes vicinales, notamment celles menant à Kerdévot, chapelle de grand renom et lieu de miracles. |
Le style de la supplique, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale : « <i>Partout sur votre passage, des acclamations joyeuses ; partout, des souhaits, des compliments, des bénédictions pour votre auguste personne, pour l'Impératrice et le Prince Impérial ...</i> ». | Le style de la supplique, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale : « <i>Partout sur votre passage, des acclamations joyeuses ; partout, des souhaits, des compliments, des bénédictions pour votre auguste personne, pour l'Impératrice et le Prince Impérial ...</i> ». | ||
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<i>Cabinet de l'Empereur. Arrivée le 16 août. Voyage de Bretagne. | <i>Cabinet de l'Empereur. Arrivée le 16 août. Voyage de Bretagne. | ||
- | Supplique du maire <ref name=Feunteun>[[Michel Feunteun, maire (1855-1862)|Michel Feunteun]] fut maire d'Ergué-Gabéric de 1855 à 1862.</ref> d'Ergué-Gabéric en faveur des intérêts religieux et matériels de sa commune. | + | Supplique du maire <ref name=Feunteun>{{MichelFeunteun}}</ref> d'Ergué-Gabéric en faveur des intérêts religieux et matériels de sa commune. |
Adresse communale. Demande de secours pour la commune.</i> | Adresse communale. Demande de secours pour la commune.</i> |
Version actuelle
| Où il est question d'une demande de secours adressée à l'Empereur en visite à Quimper le 16 août, et de l'achat municipal d'un drapeau pour acclamer "les majestés impériales".
Sources : Archives Départementales du Finistère (cote 3 O 595.) et délibérations du conseil municipal de 1856 et 1858. Autres lectures : « 1851-1879 - Registre des délibérations du conseil municipal » ¤ « 1857 - Une affiche impériale pour l'arrêté du règlement et tarif de l'octroi » ¤ « 1806-1921 - L'histoire de l'octroi à Ergué-Gabéric au 19e siècle » ¤ « 1867 - Lettre à l'Empereur Napoléon III suite à l'attentat du 6 juin » ¤ |
Présentation
Durant l'été 1858, l'Empereur des Français visite la Bretagne avec son épouse Eugénie, en passant par les villes de Rennes, Brest et Quimper. Une visite triomphale qui visait à conforter le régime dans une région travaillée par les royalistes légitimistes et les républicains. Le maire d'Ergué-Gabéric La double cause est d'une part les faibles ressources communales malgré le rétablissement récent de l'octroi Le style de la supplique, tout en étant un rien alambiqué, contient des formules habiles et faussement naïves pour susciter la générosité impériale : « Partout sur votre passage, des acclamations joyeuses ; partout, des souhaits, des compliments, des bénédictions pour votre auguste personne, pour l'Impératrice et le Prince Impérial ... ». La lettre met en lumière les aléas de la fiscalité locale, notamment en ce concerne l'octroi. Le 19 février 1791, la Constituante décide la suppression de l'impôt indirect privant ainsi les villes de leur principale ressource, l'octroi sur les marchandises de consommation locale (droits d'entrée), sans solution de remplacement. Tout au long de la première moitié du XIXe siècle les communes françaises ont réclamé leur rétablissement, et Ergué-Gabéric dès 1806 réclame des deniers d'octroi. Il faudra attendre août 1856 pour que l'octroi soit mis en place, mais uniquement sur les « boissons enivrantes » à hauteur d'un revenu annuel prévisionnel de 274 francs (avec une consommation importante de 294 hectolitres de cidre et hydromel). |
Deux ans après, le conseil municipal vote l'acquisition d'un drapeau tricolore pour l’accueil à Quimper de Napoléon III. On peut s'étonner de son absence locale 69 ans après la Révolution Française. Toujours est-il qu'il est commandé à un tapissier pour la valeur de 18 francs. La demande de secours de 1858 ne sera pas honorée. Dans sa réponse le préfet fait remarquer que la pétition est « conçue dans des termes très vagues », sans « plans et devis formant le projet des travaux à exécuter ». Et de plus en terme ressources municipales Ergué-Gabéric « a obtenu tout récemment l'établissement d'un octroi sur les boissons, ressource importante qui manque à bien des communes. ». L'aide impériale n'est donc pas octroyée. |
Transcriptions
Conseil municipal du 23 mars 1856 :
Conseil municipal du 3 août 1856 :
Supplique du maire, 08.1858 :
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Suite de la supplique :
Ministère de l'Intérieur au Préfet, 22.08.1858 :
Réponses du préfet, 03.09.1858 :
Conseil municipal du 10 sept :
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Originaux
Archives départementales, 3O595 | |||||
Délibérations municipales 1856-1858 | |||||
Annotations
- Michel Feunteun, agriculteur à Congallic, fut maire d'Ergué-Gabéric de 1855 à 1862. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
- Octroi, s.m. : contribution indirecte perçue autrefois par les municipalités à l'importation de marchandises sur leur territoire. Cette taxe frappait les marchandises les plus importantes et les plus rentables telles que le vin, l'huile, le sucre, le café, etc. Il est signalé dès le XIIe siècle à Paris et servait à financer l'entretien des fortifications et les travaux d'utilité publique. Ce terme désigne également l'administration chargée de prélever cette taxe. Elle contrôlait chaque porte de la ville à l'aide de barrières souvent disposées entre des pavillons symétriques. Les droits d'octroi furent supprimés le 20 janvier 1791 par l'Assemblée constituante, puis rétablis par le Directoire le 18 octobre 1798. Au 19e siècle, pour subvenir aux dépenses communales, les municipalités étaient autorisées à établir et percevoir des droits d'octroi sur certaines marchandises de consommation locale à l'entrée dans leur ville. Ces taxes furent supprimées définitivement par la loi n° 379 du 2 juillet 1943 portant suppression de l'octroi à la date du 1er août du gouvernement Pierre Laval. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 2,0 2,1 2,2]
- Les transports se faisaient obligatoirement par la route car l'arrivée du chemin de fer à Quimper n'eut lieu qu'en 1863 [Ref.↑]