Travaux d'art des chemins vicinaux. Département du Finistère.
Devis estimatif des travaux à exécuter pour la restauration du Pont du Cleuyou, sur la rivière du Get et le chemin vicinal de Quimper à Carhaix, par Coray.
Motifs de la restauration.
Le Pont du Cleuyou est le seul passage, sur la rivière du Get, qui serve de communication journalière à plusieurs communes avec la ville de Quimper. Ce pont est composé de trois arches, dont le débouché a plus de 10 mètres de largeur. L'arche latérale de la rive droite, dont la culée, la voûte et la pile adjacente sont minées profondément, menace d'une ruine inévitable et prochaine, parce qu'elle reçoit seule tout le choc et le courant principal de la rivière, les eaux n'arrivant plus aux deux autres arches que suivant un cours forcé, parallèle aux têtes du pont et resserré par des arbres. Le pont lui-même est couvert de souches et d'arbustes, qui nuisent à sa solidité. Il importe donc, il est urgent de travailler à la restauration de ce pont ; à peine en aura-t-on le temps avant la mauvaise saison.
Description sommaire des ouvrages.
Le reste du pont a paru en assez bon état, sauf les coinçages et les rejointements à y faire en recherche, tant pour consolider les anciennes parties que pour les lier avec celles de la restauration. La feuille de dessins ci-jointe indique par des teintes rouges les principales reprises à exécuter pour cette restauration, laquelle aura lieu de la manière suivante :
On commencera par établir, sous l'arche du milieu, un faux-cintre en charpente, composé de six fermes semblables, dont les couchés seront fortement calés et serrés contre la douelle de la voûte. Ensuite, après les déblais supérieurs, on démolira avec lenteur et précaution la voûte de l'arche droite, la culée et la pile adjacente jusqu'au delà des angles saillan(t)s de l'avant et de l'arrière-bec [1] . Ces démolitions seront radicales, jusqu'au vif des fondations.
On aura soin de préparer à l'avance les matériaux qui doivent remplacer le déchet des anciens et de refaire ou raffraîchir la taille de ceux-ci, à mesure qu'on les enlèvera, afin de ne perdre aucun tem(p)s dans la reconstruction.
Le faux-cintre de l'arche centrale restera en place jusqu'à l'entière restauration de la pile, et s'il était reconnu nécessaire, jusqu'à celle de l'arche latérale, dont le cintre sera pareil au faux-cintre.
Les matériaux à fournir, pour remplacer le déchet, seront des mêmes qualités que ceux correspondan(t)s dans une même partie d'ouvrages. Les anciens matériaux susceptibles de reservir seront ne(t)toyés, retaillés au besoin, pour offrir des joints serrés et réguliers. Les raccordements seront exécutés immédiatement et sans aucun vide.
Toutes les maçonneries seront faites avec mortier de chaux et sable dans les meilleures proportions, et les paremen(t)s rejointoyés en ciment.
La voûte à reconstruire aura 0m50 d'épaisseur entre les têtes, et l'extrados sera arrasé et dressé de bon mortier, pour en écarter les eaux pluviales de filtration, au moyen de gargouilles pratiquées et symétriquement disposées à cet effet.
Il sera fait, pour le complément des parapets aux extrémités du pont, indépendamment des reconstruction de cette espèce, 12 mètres conran(t)s de parapets entièrement à neuf, en quatre parties.
La rivière du Get ne permettant aucune diminution de son débouché dans les crues, il sera fait un redressement de son lit en amont, au moyen d'une coupure dirigée perpendiculairement à la tête du pont, à partir de sa culée gauche. Le propriétaire de la prairie sera indemnisé de la superficie à enlever ; le déblai sera transporté et dressé en forme de levée suivant la ligne du chemin au nord du pont. Cependant cet ouvrage ne sera exécuté qu'en conséquence d'une autorisation spéciale et des formalités particulières qu'il exige.
Conditions générales.
Les travaux de reconstruction et de réparation du pont dans toutes ses parties devant être terminés dans le délai de quarante journées au plûtard, à dater de l'adjudication ou de l'approbation par Mr le Préfet d'une soumission spéciale d'entrepreneur. Cette clause est de rigueur et le soumissionnaire devra la relater dans son engagement, néanmoins ma réception définitive des ouvrages n'aura lieu qu'après l'effet des cries du printemps de 1832.
L'entrepreneur devra, en outre, s'engager à ne recevoir de paiement que sur les fonds de l'année prochaine.
Si la commune d'Ergué-Gabéric se charge du transport des matériaux à pied d’œuvre, l'entrepreneur supportera la déduction fixe (à forfait) de 300 francs portée dans ce sens au détail estimatif.
[...]
Le présent devis estimatif, dressé par nous ingénieur en chef du département à Quimper le 8 septembre 1831.
(signature)
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