Déguignet invective le jésuite Ernest Renan en l'opposant au protestant David Strauss - GrandTerrier

Déguignet invective le jésuite Ernest Renan en l'opposant au protestant David Strauss

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-Mais le bonhomme, qui était ancien sous-off, avait aussi une bibliothèque dans laquelle il avait tous les ouvrages nouveaux notamment Les Misérables de Victor Hugo <ref><i>Les Misérables</i> ont été publiés en </ref> et <i>La Vie de Jésus</i> de Renan <ref><i>L'Histoire des Origines du Christianisme</i> (dont la « Vie de Jésus », a été publiée en 1863.</ref> dont on parlait tant alors. Ouvrages qui durent leur fortune à la grande disette qui régnait alors en littérature et aussi à ceux-là même qui voulaient interdire la lecture de ces ouvrages, c'est-à-dire aux évêques et au Pape lui-même, qui avait mis à l'index La Vie de Jésus. Et Badinguet <ref><i>Badinquet</i> est le surnom de Napoléon III</ref> aussi, voulant plaire au Pape son compère retira à Renan sa chaire de professeur. Tout cela était plus que suffisant pour attirer sur ce livre l'attention universelle. Aussi Renan et ses éditeurs se réjouissaient, leurs adversaires leur faisant une fortune colossale. <i>Les Misérables</i>, je les avais déjà lu en partie à Poitiers. +Mais le bonhomme, qui était ancien sous-off, avait aussi une bibliothèque dans laquelle il avait tous les ouvrages nouveaux notamment Les Misérables de Victor Hugo <ref><i>Les Misérables</i> de Victor Hugo ont été publiés en 1862.</ref> et <i>La Vie de Jésus</i> de Renan <ref><i>L'Histoire des Origines du Christianisme</i>, dont la « Vie de Jésus », a été publiée en 1863.</ref> dont on parlait tant alors. Ouvrages qui durent leur fortune à la grande disette qui régnait alors en littérature et aussi à ceux-là même qui voulaient interdire la lecture de ces ouvrages, c'est-à-dire aux évêques et au Pape lui-même, qui avait mis à l'index La Vie de Jésus. Et Badinguet <ref><i>Badinquet</i> est le surnom de Napoléon III.</ref> aussi, voulant plaire au Pape son compère retira à Renan sa chaire de professeur. Tout cela était plus que suffisant pour attirer sur ce livre l'attention universelle. Aussi Renan et ses éditeurs se réjouissaient, leurs adversaires leur faisant une fortune colossale. <i>Les Misérables</i>, je les avais déjà lu en partie à Poitiers.
<spoiler id="991" text="Mais La Vie de Jésus venait de paraître seulement ...">Mais <i>La Vie de Jésus</i> venait de paraître seulement. Le gardien de la source, quand il sut par le peintre que j'étais moi aussi un ancien sous-off, m'admit volontiers dans son intimité intérieure et me permit de lire chez lui cet ouvrage impie. Cela me fit d'abord d'autant plus de plaisir de voir cet ouvrage que l'auteur était un compatriote, un Breton bretonnant comme moi. Et puis, je connaissais La Vie de Jésus par cœur depuis longtemps puisque j'avais si souvent lu et relu les Evangiles, les seuls écrits qu'on puisse consulter pour connaître la personnalité de ce Jésus puisqu'il n'est pas question de lui dans aucune histoire du temps. Comment donc le petit breton Renan pouvait-il dépeindre cet être fabuleux autrement qu'on le trouve dans les récits évangéliques ? C'était ce que je voulais voir. Mais comme l'on dit et comme me l'avait indiqué mon jeune professeur à Kamiech, le style c'est l'homme. C'est-à-dire depuis ce temps-là, dès que j'ai lu quelques pages ou même quelques lignes d'un écrivain quelconque, je sais de suite quel est le caractère de cet écrivain. Aussi, dès la première page de cette fameuse Vie de Jésus, je vis que mon compatriote était resté jésuite, mais un jésuite plus malin, plus roué que tous ses collègues de Saint-Sulpice d'où il s'était échappé pour exploiter seul et à sa manière ce non juif [sic] avec lequel tant d'imposteurs, de charlatans et de fripons ont exploité l'imbécillité humaine depuis tant de siècles. Ce petit malin breton avait profité d'un moment de disette de livres pour faire passer son roman jésuitique. En savant jésuite, il avait calculé le gros bénéfice qu'il en obtiendrait, car il savait que ses collègues à robes longues et les confrères séculiers ne manqueraient pas de lui prêter leur concours dans ce but en publiant partout « l'œuvre impie ». Quand j'eus fini cette lecture qui ne fut pas bien longue, le patron me demanda ce que j'en pensais. Je lui répondis que ce n'était là que l'œuvre d'un rhéteur, d'un phraseur, d'un bon charlatan, que ce petit jésuite n'avait écrit qu'un cinquième évangile aussi obscur et aussi contradictoire que les quatre premiers ; que ce farceur n'avait pu séduire ses lecteurs que par une phraséologie amphibologique comme Bossuet l'avait fait avant lui avec ces mêmes stupides et grossières légendes juives et comme le firent également deux autres compatriotes à Renan, deux nobles bretons, Chateaubriand <ref>François-René de Châteaubriand (1768-1848) : écrivain natif de St-Malo, auteur entre autres du <i>Génie du Christianisme</i> (1802).</ref> et Félicité de La Mennais <ref>Félicité de La Mennais (1782-1854) : théologien natif de St-Malo, auteur d'un <i>Essai sur l'indifférence en matière de religion</i> et de <i>Paroles d'un croyant</i> (1854). Fondateur du christianisme libéral, il est désavoué par le pape et se sépare de l'Église. </ref>. Mais notre commandant ne comprenait pas de cette façon là. Alors il faut relire ça, lui dis-je.</spoiler> <spoiler id="991" text="Mais La Vie de Jésus venait de paraître seulement ...">Mais <i>La Vie de Jésus</i> venait de paraître seulement. Le gardien de la source, quand il sut par le peintre que j'étais moi aussi un ancien sous-off, m'admit volontiers dans son intimité intérieure et me permit de lire chez lui cet ouvrage impie. Cela me fit d'abord d'autant plus de plaisir de voir cet ouvrage que l'auteur était un compatriote, un Breton bretonnant comme moi. Et puis, je connaissais La Vie de Jésus par cœur depuis longtemps puisque j'avais si souvent lu et relu les Evangiles, les seuls écrits qu'on puisse consulter pour connaître la personnalité de ce Jésus puisqu'il n'est pas question de lui dans aucune histoire du temps. Comment donc le petit breton Renan pouvait-il dépeindre cet être fabuleux autrement qu'on le trouve dans les récits évangéliques ? C'était ce que je voulais voir. Mais comme l'on dit et comme me l'avait indiqué mon jeune professeur à Kamiech, le style c'est l'homme. C'est-à-dire depuis ce temps-là, dès que j'ai lu quelques pages ou même quelques lignes d'un écrivain quelconque, je sais de suite quel est le caractère de cet écrivain. Aussi, dès la première page de cette fameuse Vie de Jésus, je vis que mon compatriote était resté jésuite, mais un jésuite plus malin, plus roué que tous ses collègues de Saint-Sulpice d'où il s'était échappé pour exploiter seul et à sa manière ce non juif [sic] avec lequel tant d'imposteurs, de charlatans et de fripons ont exploité l'imbécillité humaine depuis tant de siècles. Ce petit malin breton avait profité d'un moment de disette de livres pour faire passer son roman jésuitique. En savant jésuite, il avait calculé le gros bénéfice qu'il en obtiendrait, car il savait que ses collègues à robes longues et les confrères séculiers ne manqueraient pas de lui prêter leur concours dans ce but en publiant partout « l'œuvre impie ». Quand j'eus fini cette lecture qui ne fut pas bien longue, le patron me demanda ce que j'en pensais. Je lui répondis que ce n'était là que l'œuvre d'un rhéteur, d'un phraseur, d'un bon charlatan, que ce petit jésuite n'avait écrit qu'un cinquième évangile aussi obscur et aussi contradictoire que les quatre premiers ; que ce farceur n'avait pu séduire ses lecteurs que par une phraséologie amphibologique comme Bossuet l'avait fait avant lui avec ces mêmes stupides et grossières légendes juives et comme le firent également deux autres compatriotes à Renan, deux nobles bretons, Chateaubriand <ref>François-René de Châteaubriand (1768-1848) : écrivain natif de St-Malo, auteur entre autres du <i>Génie du Christianisme</i> (1802).</ref> et Félicité de La Mennais <ref>Félicité de La Mennais (1782-1854) : théologien natif de St-Malo, auteur d'un <i>Essai sur l'indifférence en matière de religion</i> et de <i>Paroles d'un croyant</i> (1854). Fondateur du christianisme libéral, il est désavoué par le pape et se sépare de l'Église. </ref>. Mais notre commandant ne comprenait pas de cette façon là. Alors il faut relire ça, lui dis-je.</spoiler>

Version du 8 juillet ~ gouere 2016 à 09:38

Comment expliquer les multiples attaques du paysan bas-breton contre la Vie de Jésus de son compatriote breton Ernest Renan, alors que l’œuvre similaire du théologien allemand David Strauss avait ses faveurs ?

  • « Dès la première page de cette fameuse Vie de Jésus, je vis que mon compatriote [Ernest Renan] était resté jésuite, mais un jésuite plus malin, plus roué que tous ses collègues de Saint-Sulpice. »
  • « Une autre vie de Jésus contée par l'Allemand Strauss, vie beaucoup plus véridique ou du moins plus conforme aux récits évangéliques, dans lesquels ainsi que le démontre ce Strauss, et ainsi que tout homme de bon sens pourrait le faire, il est impossible de trouver autre chose qu'un imposteur, un parjure, un impie, un traître et un bandit »

Autres lectures : « DÉGUIGNET Jean-Marie - Jésus, fils aîné de Marie-Joachim » ¤ « Cahier de notes sur la "Vie de Jésus" d'Ernest Renan » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ 

Ernest Renan (1823-1892)

1 Présentation

 

2 Citations

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Page 277 de l'Intégrale

Mais le bonhomme, qui était ancien sous-off, avait aussi une bibliothèque dans laquelle il avait tous les ouvrages nouveaux notamment Les Misérables de Victor Hugo [1] et La Vie de Jésus de Renan [2] dont on parlait tant alors. Ouvrages qui durent leur fortune à la grande disette qui régnait alors en littérature et aussi à ceux-là même qui voulaient interdire la lecture de ces ouvrages, c'est-à-dire aux évêques et au Pape lui-même, qui avait mis à l'index La Vie de Jésus. Et Badinguet [3] aussi, voulant plaire au Pape son compère retira à Renan sa chaire de professeur. Tout cela était plus que suffisant pour attirer sur ce livre l'attention universelle. Aussi Renan et ses éditeurs se réjouissaient, leurs adversaires leur faisant une fortune colossale. Les Misérables, je les avais déjà lu en partie à Poitiers.

§ Mais La Vie de Jésus venait de paraître seulement ...

§ ... une autre vie de Jésus contée par l'Allemand Strauss ...

Page 204 de l'Intégrale

Renan a dit que c'est à la vue de ces montagnes désolées et la lourdeur de l'atmosphère qui troublent l'intelligence des pèlerins et leur font voir les choses à Jérusalem, non telles qu'elles sont, mais telles qu'ils doivent les voir avec les yeux de la foi aveugle.

Page 3 des Notes sur la Vie de Jésus

Renan dit qu’on peut prouver l’existence de Jésus en dehors des évangiles, « par des textes d’une authenticité et d’une date incontestables, tels que les épîtres évidemment authentique des Paul, l’Épître aux Hébreux, l’Apocalypse et d’autres textes admis de tous. En dehors de cela le doute est permis. »


Page 5 des Notes sur la Vie de Jésus

En commençant la Vie de Jésus, Renan dit que les anciennes religions toutes un grand défaut, c’« était leur caractère superstitieux ; ce qu’elles jetèrent dans le monde ce furent des millions d’amulettes et d’abraxas. Aucune grande pensée morale ne pouvait sortir de races abaissées par un despotisme séculaire et accoutumées à des institutions qui enlevaient presque tout exercice à la liberté des individus »… Qu’est-ce à dire ? Et les religions sorties du judaïsme comment se sont-elles propagées et maintenues dans le monde. Oh Renan ???

 

Page 17 des Notes sur la Vie de Jésus

Renan dit qu’il n’y a, dans tous les écrits du Nouveau Testament, que les Épîtres de Paul aux Galates et aux Hébreux qui aient de l’authenticité122. « Sans elles le doute atteindrait et ruinerait de fond en comble même la vie de Jésus.123 » Et bien, je voudrais bien savoir ce que Renan a pu trouver d’authentique dans ces épîtres. Et d’abord, la vie de Jésus et la vie des apôtres ne sont connues que par une suite ininterrompue de Miracles et, Renan rejetant en bloc tous les miracles, que reste-t-il ? Si quelqu’un voulait se mettre à raconter la vie d’Alexandre et rejetterait toutes ses marches, ses aventures, ses combats et ses conquête, qu’est-ce qu’il pourrait raconter de cet homme puisque sa vie entière n’a été que cela. Renan, qui était un petit breton et connaissait les simples d’esprit, dit cependant : « Pourquoi ne croit plus aux anges, aux démons quoique d’innombrables textes historiques en supposent l’existence. » Renan oublie que dans son propre pays 99 [personnes] sur cent y croient encore !

Page 316 de l'Intégrale

Après avoir causé, raisonné et déraisonné sur beaucoup d'hommes plus ou moins célèbres et de leurs œuvres, la dame vint à parler de Renan, dont on venait de publier la septième édition de sa Vie de Jésus. Celle-ci était catholique et, quoique aimant beaucoup la littérature profane, elle restait attachée au culte de Jésus et de Marie, Joachim, et elle en voulait à Renan d'avoir voulu détrôner ce roi des rois, elle parlait même d'écrire un ouvrage pour confondre ce renégat, cet impie. Alors, je dis à la dame qu'elle aiderait ainsi Renan et ses éditeurs à remplir leurs caisses, car cet évangile jésuistique, aussi stupide que les évangiles hébraïques, n'a eu de la vogue que parce que de hauts personnages s'étaient mis à l'attaquer afin de le faire connaître. Ce fut ainsi que le pape Pio None et Napoléon Badinguet firent connaître l'existence de ce cinquième évangile en frappant l'auteur, l'un en le chassant de l'Église et l'autre de l'enseignement. Renan et ses éditeurs se frottèrent les mains et se tapèrent sur le ventre de ce coup-là, ça leur valut des millions. Je ne sais pas ce que la dame pensa de mes observations, mais je crois bien qu'elle n'écrivit rient contre Renan, je n'en ai plus entendu parler.

Pages 9-10 du Jésus, fils aîné de Marie-Joachim

Renan aurait si bien fait de nous dire de suite que ce Jésus n'a jamais existé, à moins que vous ne trouviez des preuves dans Zend-Avesta [7] et dans les poésies d'Homère. Notre petit jésuite breton se posait ces questions au sujet de son héros : « Quelle fut sa famille ? Quelles furent ses idées messianiques ? Se regardait-il comme le Messie ? Quelles furent ses idées apocalyptiques ? Crut-il qu'il apparaîtrait en fils de l'homme dans les nues ? S'imaginait-il faire des miracles ? Quel fut son caractère ? Fut-il un juif pur comme Jacques ou rompit-il avec le judaïsme ? Quel fut l'ordre du développement de sa pensée ? Ceux qui ne veulent en histoire que de l'indubitable doivent se taire sur cela ». § Mais mon ami Renan, en se taisant sur tout cela, il ne reste plus rien ...

3 Annotations

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  1. Les Misérables de Victor Hugo ont été publiés en 1862. [Ref.↑]
  2. L'Histoire des Origines du Christianisme, dont la « Vie de Jésus », a été publiée en 1863. [Ref.↑]
  3. Badinquet est le surnom de Napoléon III. [Ref.↑]
  4. François-René de Châteaubriand (1768-1848) : écrivain natif de St-Malo, auteur entre autres du Génie du Christianisme (1802). [Ref.↑]
  5. Félicité de La Mennais (1782-1854) : théologien natif de St-Malo, auteur d'un Essai sur l'indifférence en matière de religion et de Paroles d'un croyant (1854). Fondateur du christianisme libéral, il est désavoué par le pape et se sépare de l'Église. [Ref.↑]
  6. Dans sa Vie de Jésus, David Strauss (1808-1874), théologien protestant originaire du Wurtemberg, considère l'histoire évangélique comme un véritable mythe. [Ref.↑]
  7. Avesta : ensemble des livres sacrés ou gloses (Zend) des anciens Perses, qui, postérieures aux Gatha (poèmes sanskrits), réformèrent les principes du zoroastrime (religion non-biblique monothéiste où Ahura Mazdâ est seul responsable de l'ordonnancement du chaos initial, le créateur du ciel et de la Terre). [Ref.↑]


Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet

Date de création : Juillet 2016    Dernière modification : 8.07.2016    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]