1927 - Epidémie de teigne tondante parmi les pupilles de l'oeuvre Grancher
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- | |width=55% valign=top {{jtfy}}|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>La lutte d'une institutrice contre la teigne <ref name="Teigne">La teigne, ou teigne trondante microsporique, est une infection des cheveux ou des poils. C'est une mycose provoquée par un champignon microscopique attaquant le cuir chevelu. La maladie fait partie des dermatophytoses. Cette dermatose atteint essentiellement les enfants d'âge scolaire de moins de 12 ans. La teigne n'est pas une maladie grave mais elle est particulièrement humiliante, irritante et inesthétique (Wikipedia).</ref> infectant ses élèves pupilles et sa dénonciation d'un foyer d'infection dans l'école privée voisine.</i> | + | |width=55% valign=top {{jtfy}}|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>La lutte d'une institutrice contre la teigne <ref name="Teigne">{{K-Teigne}}</ref> infectant ses élèves pupilles et sa dénonciation d'un foyer d'infection dans l'école privée voisine.</i> |
- | Jeanne Marie Corentine Borrossi, née Le Bellec, a été de 1923 à 1936 institutrice et directrice de l'école publique des filles du bourg d'Ergué-Gabéric. Ses courriers à l'Inspecteur d'Académie et les réponses du Préfet et du Secretaire de l'Œuvre Grancher nous éclairent sur la « <i>lutte acharnée</i> » entre les écoles laïque et libre à Ergué-Gabéric dans les années 1920-30. | + | Jeanne Marie Corentine Borrossi, née Le Bellec, a été de 1923 à 1936 institutrice et directrice de l'école publique des filles du bourg d'Ergué-Gabéric. Ses courriers à l'Inspecteur d'Académie et les réponses du Préfet, du Directeur de l'Assistance publique et du Secretaire de l'Œuvre Grancher nous éclairent sur la « <i>lutte acharnée</i> » entre les écoles laïque et libre à Ergué-Gabéric dans les années 1920-30. |
- | En savoir plus : {{Tpg|J.M.C. Borrossi, née Le Bellec, institutrice de 1923 à 1936}}{{Tpg2|:category:Instits|Espace "Les Instits"}}{{Tpg|1935 - Ecole Communale des filles au Bourg}}{{Tpg|Les institutrices et instituteurs en poste à Ergué-Gabéric}}{{Tpg|1935 - Ecole Communale des filles au Bourg}} | + | Six lettres conservées aux Archives Départementales du Finistère (1 T 804). |
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+ | En savoir plus : {{Tpg|1908-1921 - Epidémies de grippe, rougeole, dysenterie et teigne dans les écoles}}{{Tpg|J.M.C. Borrossi, née Le Bellec, institutrice de 1923 à 1936}}{{Tpg|1925 - Suppression du poste d'institutrice adjointe à l'école de filles du bourg}}{{Tpg2|:category:Instits|Espace "Les Instits"}}{{Tpg|1935 - Classe de l'école Communale des filles au Bourg}}{{Tpg|Les institutrices et instituteurs en poste à Ergué-Gabéric}}{{Tpg|1935 - Ecole Communale des filles au Bourg}} | ||
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+ | L'oeuvre Grancher <ref name="Grancher">{{PR-Grancher}}</ref> était au début du 20e siècle une institution sociale qui avait des filiales dans tous les départements de France. C'est Jacques-Joseph Grancher <ref name="Grancher">{{PR-Grancher}}</ref>, médecin spécialiste des maladies respiratoires, qui l'a fondé dans le but de préserver de la tuberculose des enfants non contaminés, issus des milieux pauvres, en les plaçant dans des familles d'accueil ou des pensionnats. | ||
+ | Et à Ergué-Gabéric, où l'école publique des filles est désertée au profit de l'école privée ND de Kerdévot, la directrice institutrice, arrivée en 1923, propose ses services pour accueillir les pupilles de l'Œuvre Grancher dans son pensionnat laïc. En 1927, sur demande du préfet, l'Inspecteur primaire fournit les chiffres très faibles de l'effectif de son école, hors "enfants Grancher" : « <i>- 1ère classe : 8 élèves. - 2e classe : 2 élèves</i> ». | ||
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+ | Cette demande d'information du préfet fait suite au courrier de l'institutrice Jeanne Borrosso relatant les nombreuses affections de « <i>teigne tondante</i> » <ref name="Teigne">-</ref> affectant 7 de ses pupilles. La première enfant malade qu'elle reçoit provient de Douarnenez : « <i>La pauvre enfant née de mère alcoolique, avait le dos couvert de cicatrices... De plus, sa chevelure courte et rare à son arrivée ici m'avait assez intriguée</i> ». | ||
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+ | Et elle doit ensuite conduire à l'hospice civil de Quimper plusieurs pupilles pour leur isolement et soins : « <i>me rendant compte cependant que la maladie de l'enfant était la même que celle de ses compagnes, je l'ai fait conduire à l'hôpital, ainsi que sa jeune sœur</i> ». | ||
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+ | Et là commence l'enquête sur l'origine de la contagion. Jeanne Borrissi, en tant qu'institutrice laïque, a son idée : « <i>Je soupçonne fort l'école libre d'être le foyer de contamination ... Ne pourrait-on demander à M. L'inspecteur d'hygiène de passer dans cette école, pour vérifier si en effet des élèves sont atteints de teigne ?</i> ». | ||
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+ | Dans ces lettres, elle évoque les procédés des partisans de l'école privée pour diminuer les effectifs des écoles publiques : « <i>le propriétaire de la papeterie de l'Odet, M. Bolloré, engage une lutte acharnée contre l'école laïque, en enlevant à l'école de Lestonan 35 fillettes et en les faisant conduire tous les jours en auto jusqu'à l'école libre du bourg</i> ». | ||
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+ | Elle s'interroge : « <i>M. Bolloré soutenant si fort l'école libre, l'administration ne devrait-elle pas user des mêmes procédés</i> » ; et propose à l'Inspecteur d'Académie un plan aussi musclé : | ||
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- | + | [[Image:BlogTeigne.jpg|400px|center]] | |
+ | * Premièrement : « <i>forcer le secrétaire de mairie d'Ergué-Gabéric, neveu de M. le Maire, à envoyer sa fille âgée de 7 ans à l'école laïque et non à l'école libre</i> ». | ||
+ | * De même pour le « <i>cantonnier qui sans doute ne nous confiera pas sa fille non plus</i> ». | ||
+ | * Plus surprenant : « <i>Là où la cabine téléphonique municipale est installée, il y a également 2 fillettes fréquentant l'école libre. Cela est-il admissible ?</i> » | ||
+ | * Et enfin demander qu'une petite étrangère, « <i>la petite Italienne</i> » change d'école. | ||
|} | |} | ||
==Transcriptions== | ==Transcriptions== | ||
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Monsieur l'Inspecteur, | Monsieur l'Inspecteur, | ||
- | Les 7 élèves pupilles de l'Œeuvre Grancher qui m'ont été confiées devaient passer leurs vacances à Ergué-Gabéric. Le 24 juillet, je me suis aperçue que l'une d'elles était atteinte de teigne tondante <ref name="Teigne">-</ref>. Je la conduis le 25 à l'hospice civil de Quimper, où elle est depuis en traitement. Inquiète, j'inspecte les autres pupilles. L'une présentait une légère tâche que le docteur Morvan (avenue de la gare) affirmait n'être rizn, le 28 juillet elle revient chez moi, et je la soigne. Le 13 août, le docteur Morvan consulte de nouveau, dit encore que l'enfant n'a rien ; des cheveux qui lui avaient été prélevés étaient reconnus sains au laboratoire de Quimper. Le 27 août, me rendant compte cependant que la maladie de l'enfant était la même que celle de ses compagnes, je l'ait fait conduire à l'hôpital, ainsi que sa jeune sœur. Là étaient déjà arrivées le 6 août 4 autres élèves, dont 3 étaient légèrement malades, l'autre suspecte. | + | Les 7 élèves pupilles de l'Œeuvre Grancher qui m'ont été confiées devaient passer leurs vacances à Ergué-Gabéric. Le 24 juillet, je me suis aperçue que l'une d'elles était atteinte de teigne tondante <ref name="Teigne">-</ref>. Je la conduis le 25 à l'hospice civil de Quimper, où elle est depuis en traitement. Inquiète, j'inspecte les autres pupilles. L'une présentait une légère tâche que le docteur Morvan (avenue de la gare) affirmait n'être rien, le 28 juillet elle revient chez moi, et je la soigne. Le 13 août, le docteur Morvan consulte de nouveau, dit encore que l'enfant n'a rien ; des cheveux qui lui avaient été prélevés étaient reconnus sains au laboratoire de Quimper. Le 27 août, me rendant compte cependant que la maladie de l'enfant était la même que celle de ses compagnes, je l'ai fait conduire à l'hôpital, ainsi que sa jeune sœur. Là étaient déjà arrivées le 6 août 4 autres élèves, dont 3 étaient légèrement malades, l'autre suspecte. |
<spoiler id ="991" text="- En recherchant la cause de cette contamination ...">- En recherchant la cause de cette contamination, j'ai pensé d'abord que la première malade, venue ici de Douarnenez le 20 janvier, avait peut-être la maladie pour la 2e fois. La pauvre enfant née de mère alcoolique, avait le dos couvert de cicatrices, ce qui m'a bien étonnée quand je lui ai fait prendre son premier bain. De plus, sa chevelure courte et rare à son arrivée ici m'avait assez intriguée ; à son départ, elle avait une abondante chevelure. | <spoiler id ="991" text="- En recherchant la cause de cette contamination ...">- En recherchant la cause de cette contamination, j'ai pensé d'abord que la première malade, venue ici de Douarnenez le 20 janvier, avait peut-être la maladie pour la 2e fois. La pauvre enfant née de mère alcoolique, avait le dos couvert de cicatrices, ce qui m'a bien étonnée quand je lui ai fait prendre son premier bain. De plus, sa chevelure courte et rare à son arrivée ici m'avait assez intriguée ; à son départ, elle avait une abondante chevelure. | ||
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Notes : | Notes : | ||
<br><small>1er feuillet : En communication à monsieur Pontet. | <br><small>1er feuillet : En communication à monsieur Pontet. | ||
- | <br>3e feuillet : En communication avec prière de retour. A titre de ... à M. Pontet : cette qui débute par l'étonnement de ne pas avoir de pupilles ce qui ... Faudrait-il peut-être ... un peu plus ... de pupilles ... Ma conclusion est qu'on peut toujours proposer des pupilles : Madame Borossi ... le moindre risque. 18 oct 1827 (signature).</small> | + | <br>3e feuillet : En communication avec prière de retour. A titre de ... à M. Pontet : cette lettre qui débute par l'étonnement de ne pas avoir de pupilles ce qui ... Faudrait-il peut-être ... un peu plus ... de pupilles ... Ma conclusion est qu'on peut toujours proposer des pupilles : Madame Borossi ... le moindre risque. 18 oct 1827 (signature).</small> |
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| résumé=Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. | | résumé=Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. | ||
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Version actuelle
| La lutte d'une institutrice contre la teigne [1] infectant ses élèves pupilles et sa dénonciation d'un foyer d'infection dans l'école privée voisine.
Jeanne Marie Corentine Borrossi, née Le Bellec, a été de 1923 à 1936 institutrice et directrice de l'école publique des filles du bourg d'Ergué-Gabéric. Ses courriers à l'Inspecteur d'Académie et les réponses du Préfet, du Directeur de l'Assistance publique et du Secretaire de l'Œuvre Grancher nous éclairent sur la « lutte acharnée » entre les écoles laïque et libre à Ergué-Gabéric dans les années 1920-30. Six lettres conservées aux Archives Départementales du Finistère (1 T 804). En savoir plus : « 1908-1921 - Epidémies de grippe, rougeole, dysenterie et teigne dans les écoles » ¤ « J.M.C. Borrossi, née Le Bellec, institutrice de 1923 à 1936 » ¤ « 1925 - Suppression du poste d'institutrice adjointe à l'école de filles du bourg » ¤ « Espace "Les Instits" » ¤ « 1935 - Classe de l'école Communale des filles au Bourg » ¤ « Les institutrices et instituteurs en poste à Ergué-Gabéric » ¤ « 1935 - Ecole Communale des filles au Bourg » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
L'oeuvre Grancher Et à Ergué-Gabéric, où l'école publique des filles est désertée au profit de l'école privée ND de Kerdévot, la directrice institutrice, arrivée en 1923, propose ses services pour accueillir les pupilles de l'Œuvre Grancher dans son pensionnat laïc. En 1927, sur demande du préfet, l'Inspecteur primaire fournit les chiffres très faibles de l'effectif de son école, hors "enfants Grancher" : « - 1ère classe : 8 élèves. - 2e classe : 2 élèves ». Cette demande d'information du préfet fait suite au courrier de l'institutrice Jeanne Borrosso relatant les nombreuses affections de « teigne tondante » Et elle doit ensuite conduire à l'hospice civil de Quimper plusieurs pupilles pour leur isolement et soins : « me rendant compte cependant que la maladie de l'enfant était la même que celle de ses compagnes, je l'ai fait conduire à l'hôpital, ainsi que sa jeune sœur ». Et là commence l'enquête sur l'origine de la contagion. Jeanne Borrissi, en tant qu'institutrice laïque, a son idée : « Je soupçonne fort l'école libre d'être le foyer de contamination ... Ne pourrait-on demander à M. L'inspecteur d'hygiène de passer dans cette école, pour vérifier si en effet des élèves sont atteints de teigne ? ». Dans ces lettres, elle évoque les procédés des partisans de l'école privée pour diminuer les effectifs des écoles publiques : « le propriétaire de la papeterie de l'Odet, M. Bolloré, engage une lutte acharnée contre l'école laïque, en enlevant à l'école de Lestonan 35 fillettes et en les faisant conduire tous les jours en auto jusqu'à l'école libre du bourg ». Elle s'interroge : « M. Bolloré soutenant si fort l'école libre, l'administration ne devrait-elle pas user des mêmes procédés » ; et propose à l'Inspecteur d'Académie un plan aussi musclé : |
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[modifier] 2 Transcriptions
Les textes transcrits ci-dessous contiennent des paragraphes ( § ) non déployés. Vous pouvez les afficher en un seul clic : § Tout montrer/cacher
Lettre du 19 septembre 1927
Lettre du 27 septembre 1927
Lettre du 5 octobre 1927
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Lettre du 14 octobre 1927
Lettre du 16 octobre 1927
Lettre du 24 octobre 1927
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[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation :
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Reférence, droit d'image :
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[modifier] 4 Annotations
Certaines références peuvent être cachées ci-dessus dans des paragraphes ( § ) non déployés. Cliquer pour les afficher : § Tout montrer/cacher
- La teigne, ou teigne tondante microsporique, est une infection des cheveux ou des poils. C'est une mycose provoquée par un champignon microscopique attaquant le cuir chevelu. La maladie fait partie des dermatophytoses. Cette dermatose atteint essentiellement les enfants d'âge scolaire de moins de 12 ans. La teigne n'est pas une maladie grave mais elle est particulièrement humiliante, irritante et inesthétique (Wikipedia). [Ref.↑ 1,00 1,01 1,02 1,03 1,04 1,05 1,06 1,07 1,08 1,09 1,10 1,11 1,12 1,13 1,14 1,15 1,16 1,17 1,18]
- L'association dite " Préservation de l'enfance - Oeuvre Grancher" plus connue sous le nom d'Oeuvre Grancher était une association loi 1901 fondée par Jacques-Joseph Grancher, médecin spécialiste des maladies respiratoires, proche collaborateur de Louis Pasteur. Cette institution de placement familial avait des filiales autonomes dans tous les départements de France. Par le décret du 11 avril 2001, elle est reconnue d'utilité publique et prend la dénomination de Fondation Grancher. [Ref.↑ 2,0 2,1]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Novembre 2015 Dernière modification : 3.04.2018 Avancement : [Développé] |