1511 - Mandement de la Chancellerie pour relever les patibulaires de Lezergué-Lestonan
Un article de GrandTerrier.
Version du 2 juin ~ mezheven 2018 à 09:32 (modifier) GdTerrier (Discuter | contributions) ← Différence précédente |
Version actuelle (25 juin ~ mezheven 2018 à 09:42) (modifier) (undo) GdTerrier (Discuter | contributions) |
||
(9 intermediate revisions not shown.) | |||
Ligne 4: | Ligne 4: | ||
|width=55% valign=top {{jtfy}}|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>Un mandement de justice émis par la Chancellerie de Bretagne pour autoriser Jehan de Coetnaznere, seigneur de Lezergué, pour déplacer ses deux poteaux de fourches patibulaires <ref name="Fourchespatibulaires">{{K-Fourchespatibulaires}}</ref> qui sont tombées à terre.</i> | |width=55% valign=top {{jtfy}}|__NUMBERHEADINGS____NOTOC__<i>Un mandement de justice émis par la Chancellerie de Bretagne pour autoriser Jehan de Coetnaznere, seigneur de Lezergué, pour déplacer ses deux poteaux de fourches patibulaires <ref name="Fourchespatibulaires">{{K-Fourchespatibulaires}}</ref> qui sont tombées à terre.</i> | ||
- | Cette pièce est inscrite dans le registre B19 des lettres scellées à la Chancellerie de Bretagne durant l'année 1510 (nouveau style) qui a été l'objet d'une d'étude et d'un mémoire de maîtrise par Karine Debord à l'Université de Bretagne Occidentale en 1997, sous la direction de Jean Kerhervé. | + | Cette pièce est inscrite dans le registre B19 des lettres scellées à la Chancellerie de Bretagne durant l'année 1510 (ancien style), document conservé aux Archives de Loire-Atlantique. Ces lettres ont été l'objet d'une d'étude et d'un mémoire de maîtrise par Karine Debord à l'Université de Bretagne Occidentale en 1997, sous la direction de Jean Kerhervé. |
Autres lectures : {{Tpg|1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué}}{{Tpg|1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Lezergué}}{{Tpg|Familles nobles gabéricoises}}{{Tpg|Familles Cabellic, Coatanezre et Autret}} | Autres lectures : {{Tpg|1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué}}{{Tpg|1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Lezergué}}{{Tpg|Familles nobles gabéricoises}}{{Tpg|Familles Cabellic, Coatanezre et Autret}} | ||
Ligne 15: | Ligne 15: | ||
{| width=870 | {| width=870 | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
- | En ces années 1510-11, cela fait dèjà 12 ans que la chancellerie a été récréée par Anne de Bretagne juste après son mariage avec le roi de France Louis XII, aux fins de rétablir une institution chargée de veiller aux liberté du duché. | + | En ces débuts du 16e siècle, cela fait déjà 12 ans que la chancellerie a été récréée par Anne de Bretagne juste après son mariage avec le roi de France Louis XII, aux fins de veiller aux libertés institutionnelles du duché. |
- | Parmi les 1484 actes du registre du 1510, on trouve celui-ci en folio 210, donnant au seigneur de Lezergué et des Salles le droit ducal de déplacer ses fourches patibulaires du village de Lestonan de quelques mètres à un endroit plus près de son manoir de Lezergué. | + | Parmi les 1484 actes du registre de 1510-1511, on trouve celui-ci en folio 210, octroyant au seigneur de Lezergué et des Salles l'autorisation ducale de déplacer ses fourches patibulaires du village de Lestonan de quelques mètres plus près de son manoir de Lezergué. |
- | Le folio 209 précise que le mandement a été rendu à Dinan, ville où la chancellerie s'était installée pour quelques mois, « <i>14e jour de novembre oudit an</i> ». Mais cette datation est basée sur le calendrier "ancien style" démarrant le jour de Pâques (31 mars), on peut donc déduire que, dans notre calendrier "nouveau style", elle est plutôt du 13 février 1511. | + | Rappelons que ces fourches représentent les poteaux soutenant des poutres auxquelles sont suspendus les cadavres des délinquants condamnés à mort. Seul le seigneur Haut Justicier a le droit d'avoir ces justices patibulaires sur son domaine, puisqu'il a le droit de condamner un criminel à mort. Selon le titre et la qualité des fiefs qui ont droit d'en avoir, les fourches ont 2, à 3, à 4 ou à 6 poteaux piliers. |
- | Jehan de Coetaznere ... | + | Les actes du registre sont rédigés d'une belle écriture gothique dite "batarde". Le folio 209 précise que le mandement a été rendu à Dinan, ville où la chancellerie s'est installée pour quelques mois, « <i>14e jour de novembre oudit an</i> ». Mais cette datation est basée sur le calendrier "ancien style" démarrant le jour de Pâques (31 mars), on peut déduire que, dans notre calendrier "nouveau style", elle est plutôt du 13 février 1511. |
- | « <i>Suposant que ses predicesseurs seigneurs des Salles auront justice patibullaire en ung villaige de Lestonan en la parroesse d'Ergué Gabéric</i> » | + | Le bénéficiaire haut-justicier de Lezergué est Jehan de Coetaznere, seigneur de Lezergué et des Salles <ref>Le manoir des Salles est situé à Kerfeunteun, proche de Quimper.</ref>, décédé en 1537, et détenteur des armoiries aux 3 épées visibles sur les vitraux de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Il est marié à Amice de la Palue, et leur fille transmettra l'héritage de Lezergué à la famille Autret. |
+ | |width=4% valign=top {{jtfy}}| | ||
|width=48% valign=top {{jtfy}}| | |width=48% valign=top {{jtfy}}| | ||
+ | L'accord de la chancellerie de Bretagne s'appuie sur ce pré-supposé : « <i>Suposant que ses predicesseurs seigneurs des Salles auront justice patibullaire en ung villaige de Lestonan en la parroesse d'Ergué Gabéric</i> ». Les générations précédentes incluent certainement le père de Jehan, décédé en 1500 et prénommé Jehan également. Par contre, il n'est pas attesté que le droit de haute-justice était accordé aux premiers occupants nobles de Lezergué, à savoir les Cabellic. | ||
+ | |||
+ | Quant aux circonstances de la demande, à savoir que les fourches patibulaires sont "chues" (du verbe choir) : « <i>elle estoit cheoiste apres que l'informacion en fut faicte fut ledit suppliant licencié ...</i> », d'autres documents plus tardifs confirment qu'en 1497 Jehan de Coetanezre avait obtenu le droit de relever ses « <i>patibulaires à deux pots</i> » (piliers). | ||
+ | |||
+ | [[Image:Fourches patibulaires Aquarelle 18°S.jpg|right|thumb|150px|Patibulaires à 2 pots]]En tous cas, le mandement de 1511 de la chancellerie déclare que le prince, à savoir la duchesse et son mari le roi de France, autorise aussi le déplacement de l'ouvrage de Lestonan en un lieu inconnu situé plus proche du manoir de Lezergué : « <i>ce n'y ait aucun prejudice au prince ne à aultruy licencier ledit suppliant de muer sadite justice patibullaire et la lever ailleurs pres de sondit manoir ou de justice verrez apartenir en son fié qu'il tient prouchement dudit seigneur.</i> ». Les deux poteaux de justice ont-ils été dressés sur la montagne de Coat-Chapel ? | ||
|} | |} | ||
Version actuelle
| Un mandement de justice émis par la Chancellerie de Bretagne pour autoriser Jehan de Coetnaznere, seigneur de Lezergué, pour déplacer ses deux poteaux de fourches patibulaires [1] qui sont tombées à terre.
Cette pièce est inscrite dans le registre B19 des lettres scellées à la Chancellerie de Bretagne durant l'année 1510 (ancien style), document conservé aux Archives de Loire-Atlantique. Ces lettres ont été l'objet d'une d'étude et d'un mémoire de maîtrise par Karine Debord à l'Université de Bretagne Occidentale en 1997, sous la direction de Jean Kerhervé. Autres lectures : « 1736-1740 - Défense des droits de fief, de justices et de prééminences pour Lezergué » ¤ « 1680-1682 - Papier terrier et déboutement de réformation du domaine de Lezergué » ¤ « Familles nobles gabéricoises » ¤ « Familles Cabellic, Coatanezre et Autret » ¤ |
[modifier] 1 Présentation
En ces débuts du 16e siècle, cela fait déjà 12 ans que la chancellerie a été récréée par Anne de Bretagne juste après son mariage avec le roi de France Louis XII, aux fins de veiller aux libertés institutionnelles du duché. Parmi les 1484 actes du registre de 1510-1511, on trouve celui-ci en folio 210, octroyant au seigneur de Lezergué et des Salles l'autorisation ducale de déplacer ses fourches patibulaires du village de Lestonan de quelques mètres plus près de son manoir de Lezergué. Rappelons que ces fourches représentent les poteaux soutenant des poutres auxquelles sont suspendus les cadavres des délinquants condamnés à mort. Seul le seigneur Haut Justicier a le droit d'avoir ces justices patibulaires sur son domaine, puisqu'il a le droit de condamner un criminel à mort. Selon le titre et la qualité des fiefs qui ont droit d'en avoir, les fourches ont 2, à 3, à 4 ou à 6 poteaux piliers. Les actes du registre sont rédigés d'une belle écriture gothique dite "batarde". Le folio 209 précise que le mandement a été rendu à Dinan, ville où la chancellerie s'est installée pour quelques mois, « 14e jour de novembre oudit an ». Mais cette datation est basée sur le calendrier "ancien style" démarrant le jour de Pâques (31 mars), on peut déduire que, dans notre calendrier "nouveau style", elle est plutôt du 13 février 1511. Le bénéficiaire haut-justicier de Lezergué est Jehan de Coetaznere, seigneur de Lezergué et des Salles |
L'accord de la chancellerie de Bretagne s'appuie sur ce pré-supposé : « Suposant que ses predicesseurs seigneurs des Salles auront justice patibullaire en ung villaige de Lestonan en la parroesse d'Ergué Gabéric ». Les générations précédentes incluent certainement le père de Jehan, décédé en 1500 et prénommé Jehan également. Par contre, il n'est pas attesté que le droit de haute-justice était accordé aux premiers occupants nobles de Lezergué, à savoir les Cabellic. Quant aux circonstances de la demande, à savoir que les fourches patibulaires sont "chues" (du verbe choir) : « elle estoit cheoiste apres que l'informacion en fut faicte fut ledit suppliant licencié ... », d'autres documents plus tardifs confirment qu'en 1497 Jehan de Coetanezre avait obtenu le droit de relever ses « patibulaires à deux pots » (piliers). En tous cas, le mandement de 1511 de la chancellerie déclare que le prince, à savoir la duchesse et son mari le roi de France, autorise aussi le déplacement de l'ouvrage de Lestonan en un lieu inconnu situé plus proche du manoir de Lezergué : « ce n'y ait aucun prejudice au prince ne à aultruy licencier ledit suppliant de muer sadite justice patibullaire et la lever ailleurs pres de sondit manoir ou de justice verrez apartenir en son fié qu'il tient prouchement dudit seigneur. ». Les deux poteaux de justice ont-ils été dressés sur la montagne de Coat-Chapel ? |
[modifier] 2 Transcriptions
Travaux de Karine Debord,
Page 286
|
Page 286, acte 1309
|
[modifier] 3 Originaux
Lieu de conservation :
| Usage, droit d'image :
|
[modifier] 4 Annotations
- Fourches patibulaires, s.f.pl : colonnes de pierre dotées d'une traverse de bois où les condamnés à la mort sont pendus et exposés à la vue des passants. Elles ne servent donc qu'aux supplices capitaux, dont les exécutions ne se faisaient autrefois que hors les villes. Seul le seigneur Haut Justicier a le droit d'avoir des fourches patibulaires (ou gibets), puisqu'il a le droit de condamner un criminel à mort. À l'égard du nombre des piliers des fourches patibulaires, il y en a à 2, à 3, à 4 ou à 6, selon le titre et la qualité des fiefs qui ont droit d'en avoir. Les simples seigneurs Hauts Justiciers n'ont ordinairement le droit d'avoir que des fourches patibulaires à 2 piliers, s'ils ne sont fondés en titre ou possession immémoriale. Les fourches à 3 piliers n'appartiennent de droit qu'aux seigneurs châtelains; celles à 4 piliers n'appartiennent qu'aux barons ou vicomtes ; celles à 6 piliers n'appartiennent qu'aux Comtes. Source : "La justice seigneuriale et les droits seigneuriaux" de Claude-Joseph de Ferrière. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
- Le manoir des Salles est situé à Kerfeunteun, proche de Quimper. [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Janvier 2017 Dernière modification : 25.06.2018 Avancement : [Développé] |