L'évocation des cantiques bretons par Jean-Marie Déguignet
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- | |width=60% valign=top|<i>Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet donne sa vision critique des cantiques religieux en langue bretonne, tout en soulignant leur beauté et l'importance qu'ils avaient pour ses concitoyens. </i> | + | |width=60% valign=top|<i>Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet (1834-1905) donne sa vision critique des cantiques religieux en langue bretonne, tout en soulignant leur beauté et l'importance qu'ils avaient pour ses concitoyens. </i> |
Autres lectures : {{Tpg|La gwerz de la ville d'Ys chantée par Déguignet}}{{Tpg|Petite Fantaisie sur l'enfer / Ha Doue bardono nanaon / J-M. Deguignet}}{{Tpg|L'histoire de la Bossen, la peste d'Elliant, par Jean-Marie Déguignet}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}} | Autres lectures : {{Tpg|La gwerz de la ville d'Ys chantée par Déguignet}}{{Tpg|Petite Fantaisie sur l'enfer / Ha Doue bardono nanaon / J-M. Deguignet}}{{Tpg|L'histoire de la Bossen, la peste d'Elliant, par Jean-Marie Déguignet}}{{Tpg|DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale}} | ||
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- | Les cantiques bretons sont des chants sacrés populaires chantés à l’occasion des messes et pardons en Basse-Bretagne. | + | Les cantiques bretons sont des chants sacrés populaires chantés à l’occasion des messes et pardons en Basse-Bretagne. Dans ses mémoires publiées en 2001 en version intégrale, Jean-Marie Déguignet a présenté trois de ces cantiques, très connus encore aujourd'hui, en citant un ou plusieurs couplets : |
- | Dans ses mémoires publiées en 2001 en version intégrale, Jean-Marie Déguignet commente trois de ces cantiques, lesquels sont très connus encore aujourd'hui : | + | <b>A.</b> « <i>M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer</i> », "Je vous adore, Dieu mon Créateur", en page 141. |
+ | <br><b>B.</b> « <i>Guerz ar garnel</i> », "la ballade du charnier ou de l'ossuaire", en page 462. | ||
+ | <br><b>C.</b> « <i>Kantik ar baradoz</i> », "le cantique du paradis", en pages 464 et 474. | ||
- | <b>A.</b> page 141 : « <i>M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer</i> », "Je vous adore, Dieu mon Créateur". | + | Le premier cantique a les faveurs de Déguignet pour sa mélodie reconnaissable entre toutes (cf. enregistrement de Yann-Fanch Quemener ci-contre) : « <i>il se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton</i> ». |
- | <br><b>B.</b> page 462 : « <i>Guerz ar garnel</i> », "la ballade du charnier ou de l'ossuaire". | + | |
- | <br><b>C.</b> pages 464 et 474 : « <i>Kantik ar baradoz</i> », "le cantique du paradis". | + | |
- | Le premier cantique a les faveurs de Déguignet pour sa mélodie : « <i>il se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton</i> ». | + | Le couplet cité par le paysan bas-breton est la prière à l'ange gardien, invoqué par lui, enfant, pour le préserver de l'esprit du mal : « <i>Va mirit ouz an drouc-speret</i> ». Mais ayant quand même des mauvaises pensées, malgré sa prière, Déguignet pose ce trait d'humour : « <i>C'était à lui de répondre de moi, et non à moi de répondre de lui</i> ». |
- | Le second a été écrit en 1750 par Fiacre Cochart <ref>Cf. « <i>Les hymnes de la fête des morts en Basse-Bretagne</i> » du chanoine Henri Pérennés, page 49.</ref>, prêtre de Ploudaniel. ... | + | Le second cantique dit du charnier a été écrit en 1750 par Fiacre Cochart <ref>Cf. « <i>Les hymnes de la fête des morts en Basse-Bretagne</i> » du chanoine Henri Pérennés, page 49.</ref>, prêtre de Ploudaniel. On chantait jadis cette « <i>Guerz ar garnel</i> » le jour des morts dans nos cimetières bretons, au moment où la procession funèbre arrivait devant l'ossuaire. |
- | Le troisième ... | + | Cette procession a d'ailleurs été fort bien décrite par Anatole Le Braz : « <i>La foule s'avance, clergé en tête, en un long serpentement noir, dans le gris ouaté du crépuscule ; le vent gonfle les surplis des prêtres, les mantes des femmes, hérisse les chevelures floconneuses des vieillards, attise les cires ardentes aux mains des enfants de chœur. Devant l'ossuaire on s'agenouille, et l'assistance entonne une sorte d'incantation pleine à la fois d'angoisse et de fougue, et qui secoue les chanteurs eux-mêmes d'un inénarrable frisson ...</i> » <ref>« <i>la Fête des Morts en Bretagne</i>, Anatole Le Braz, publié en feuilleton dans le Journal des débats politiques et littéraires du 1er novembre 1894.</ref>. |
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+ | Dans la « <i>Guerz ar garnel</i> », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « <i>Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri</i> » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « <i>pour effrayer leurs troupeaux</i> », alors que les bretons étaient « <i>gais et riants, en vrais enfants de Bacchus</i> », même devant la mort. | ||
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+ | Le troisième est le célèbre cantique du paradis. Il a été collecté par Hersart de La Villemarqué dans son anthologie du « <i>Barzaz Breizh</i> » de 1841. On l'attribue généralement à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne. | ||
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+ | Déguignet le qualifie de « <i>joli cantique breton</i> » et défend l'idée que son contenu a pour but de tromper les ouailles, de « <i>détacher complètement leur cœur des biens de ce misérable monde, de ne jamais songer qu'aux biens précieux et éternels de l'autre monde</i> ». | ||
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+ | Il compose même, pour se moquer, des variantes des paroles du cantique : « <i>Jesus peguen bras ve - Plujadur an dudze - Mar c'helfen kaouet tout - Ar c'hreyen ac ar yout</i> » (Jésus, combien grand serait - Le plaisir de ces gens - S'ils pouvaient avoir tout - La chèvre et le chou). | ||
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<big>Texte de Déguignet, p. 462</big> | <big>Texte de Déguignet, p. 462</big> | ||
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- | Non, l'amour en Bretagne, ni les chansons qu'il inspire ne sont pas tristes comme chez les peuples dits civilisés.Mais ce qu'il y a de triste pour les ignorants et les fanatisés, ce sont les <i>guers</i>, complaintes fabriquées par les prêtres pour leurs troupeaux, | + | Non, l'amour en Bretagne, ni les chansons qu'il inspire ne sont pas tristes comme chez les peuples dits civilisés. Mais ce qu'il y a de triste pour les ignorants et les fanatisés, ce sont les <i>guers</i>, complaintes fabriquées par les prêtres pour effrayer leurs troupeaux, |
<spoiler id="991" text="la suite ...">complaintes sur les miracles opérés par les saints et les saintes, complaintes sur les crimes commis par des impies sur les choses sacrées et les punitions effroyables infligées immédiatement aux criminels, complaintes sur l'enfer et le purgatoire, complainte des morts (<i>an Nanaon</i>) et des ossements des cimetières, etc. etc. Et dans les derniers couplets de toutes ces complaintes, il est toujours fait appel à la bourse des ouailles pour dire des messes pour la conversion des impies et des hérétiques et pour la délivrance des âmes du purgatoire, surtout pour les âmes abandonnées (<i>evit an Nanaon abandonet</i>). | <spoiler id="991" text="la suite ...">complaintes sur les miracles opérés par les saints et les saintes, complaintes sur les crimes commis par des impies sur les choses sacrées et les punitions effroyables infligées immédiatement aux criminels, complaintes sur l'enfer et le purgatoire, complainte des morts (<i>an Nanaon</i>) et des ossements des cimetières, etc. etc. Et dans les derniers couplets de toutes ces complaintes, il est toujours fait appel à la bourse des ouailles pour dire des messes pour la conversion des impies et des hérétiques et pour la délivrance des âmes du purgatoire, surtout pour les âmes abandonnées (<i>evit an Nanaon abandonet</i>). | ||
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- | <spoiler id="992" text="complément ...">Et les malins tonsurés ... ces fabricateurs d'âmes ? | + | <spoiler id="992" text="complément ...">Et les malins tonsurés qui composèrent cela en rirent comme des tourtes disant : « ces bonnes ouailles vont gober tout ça et nous laisseront les biens et les vices dont nous savons si bien user, tandis que ces imbéciles n'en savent que faire. » Cependant, ces tonsurés doivent avoir aussi l'âme de la Bretagne, car ils sont tous de purs Bretons, tous fils de paysans. Je ne vois pas cependant que ces fripons soient tristes, bien au contraire, je les vois toujours gais et riants, en vrais enfants de Bacchus. Ils n'ont rien à faire, que manger, boire et chanter. Où diable ont-ils donc trouvé cette âme triste de la Bretagne, ces chercheurs ou ces fabricateurs d'âmes ? |
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<big>Texte complet du chant</big> | <big>Texte complet du chant</big> | ||
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Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, | Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, | ||
- | <br>0 tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri, | + | <br>O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri, |
- | <br>Ha chetu ama brcma ar stad ma'z omp rentet | + | <br>Ha chetu ama brema ar stad ma'z omp rentet |
<br>Goude m'omp ber enn douar o vesur ar prenved. | <br>Goude m'omp ber enn douar o vesur ar prenved. | ||
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Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements | Venons au charnier, chrétiens, voyons les ossements | ||
<br>De nos frères, sœurs, pères et mères, | <br>De nos frères, sœurs, pères et mères, | ||
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<br>Laissez donc les biens de la terre, détestez les vices, | <br>Laissez donc les biens de la terre, détestez les vices, | ||
<br>Et habillez vos âmes de toutes sortes de vertus. | <br>Et habillez vos âmes de toutes sortes de vertus. | ||
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- | <small>Que si vous demandez où s’en sont allées nos âmes, | + | Que si vous demandez où s’en sont allées nos âmes, |
<br>Au purgatoire elles sont, loin encore des cieux. | <br>Au purgatoire elles sont, loin encore des cieux. | ||
<br>Elles sont dans le feu, qui brûlent, pour achever de payer la dette | <br>Elles sont dans le feu, qui brûlent, pour achever de payer la dette | ||
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<br>Au bon Anaon trépassé qui est dans les flammes ! | <br>Au bon Anaon trépassé qui est dans les flammes ! | ||
<br>Envoyez-le au paradis pour vous louer à jamais | <br>Envoyez-le au paradis pour vous louer à jamais | ||
- | <br>Avec les saints, avec tous les anges !</small> | + | <br>Avec les saints, avec tous les anges ! |
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Image:KantiKouBrezouneg-p81.jpg|p.81 | Image:KantiKouBrezouneg-p81.jpg|p.81 | ||
+ | Image:BarzazBreizh-514.jpg|Barzaz Breizh, 1841, p.514 | ||
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<br>Me ‘n em savo en aer, | <br>Me ‘n em savo en aer, | ||
<br>Evel un alc’houeder. | <br>Evel un alc’houeder. | ||
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- | <spoiler id="997" text="A-c'houde ..."> | + | |
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7 Tremen a rin al loat, | 7 Tremen a rin al loat, | ||
<br>Evit pignat d’ar c’hloar, | <br>Evit pignat d’ar c’hloar, | ||
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<br>Neuze me ‘ray ur sell | <br>Neuze me ‘ray ur sell | ||
<br>Ouzh va bro Breizh-Izel. | <br>Ouzh va bro Breizh-Izel. | ||
- | + | </tt> | |
+ | <spoiler id="997" text="A-c'houde ..."> | ||
+ | <tt> | ||
9 Dezhi me ‘lavaro, | 9 Dezhi me ‘lavaro, | ||
<br>" Kenavo dit, va bro, | <br>" Kenavo dit, va bro, | ||
Ligne 576: | Ligne 589: | ||
<br>Kenavo pec’hedoù, | <br>Kenavo pec’hedoù, | ||
<br>Trubuilh ha kleñvedoù. | <br>Trubuilh ha kleñvedoù. | ||
+ | |||
+ | 14 Goude pred ar marv, | ||
+ | <br>Gant joa, me a gano : | ||
+ | <br>“ Torret eo va chadenn, | ||
+ | <br>Me ‘zo libr da viken.” | ||
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4 Quand viendra la mort | 4 Quand viendra la mort | ||
- | <br>Alors ... | + | <br>Alors je quitterai |
- | <br>De ... | + | <br>Cette chair douloureuse |
- | <br>Ennemi de Jésus. | + | <br>L'ennemie de Jésus. |
5 J’attends avec joie, | 5 J’attends avec joie, | ||
Ligne 613: | Ligne 631: | ||
<br>Je m’élèverai dans l’air | <br>Je m’élèverai dans l’air | ||
<br>Comme une alouette. | <br>Comme une alouette. | ||
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- | <spoiler id="998" text="Suite ..."> | + | |
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7 Je passerai la lune, | 7 Je passerai la lune, | ||
<br>Pour monter à la gloire | <br>Pour monter à la gloire | ||
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<br>Alors je jetterai un regard | <br>Alors je jetterai un regard | ||
<br>A mon pays, la Bretagne. | <br>A mon pays, la Bretagne. | ||
- | + | </tt> | |
+ | <spoiler id="998" text="Suite ..."> | ||
+ | <tt> | ||
9 Je lui dirai | 9 Je lui dirai | ||
<br>" Adieu, mon pays, | <br>" Adieu, mon pays, | ||
Ligne 635: | Ligne 653: | ||
<br>Adieu péchés | <br>Adieu péchés | ||
<br>Afflictions et maladies. | <br>Afflictions et maladies. | ||
+ | |||
+ | 14 Après l’instant de la mort | ||
+ | <br>Avec joie, je chanterai : | ||
+ | <br>"Ma chaîne est brisée, | ||
+ | <br>Je suis libre à jamais." | ||
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Version actuelle
Dans ses « Mémoires d'un paysan bas-breton », Jean-Marie Déguignet (1834-1905) donne sa vision critique des cantiques religieux en langue bretonne, tout en soulignant leur beauté et l'importance qu'ils avaient pour ses concitoyens.
Autres lectures : « La gwerz de la ville d'Ys chantée par Déguignet » ¤ « Petite Fantaisie sur l'enfer / Ha Doue bardono nanaon / J-M. Deguignet » ¤ « L'histoire de la Bossen, la peste d'Elliant, par Jean-Marie Déguignet » ¤ « DÉGUIGNET Jean-Marie - Histoire de ma vie, l'Intégrale » ¤ |
1 Présentation
Les cantiques bretons sont des chants sacrés populaires chantés à l’occasion des messes et pardons en Basse-Bretagne. Dans ses mémoires publiées en 2001 en version intégrale, Jean-Marie Déguignet a présenté trois de ces cantiques, très connus encore aujourd'hui, en citant un ou plusieurs couplets : A. « M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer », "Je vous adore, Dieu mon Créateur", en page 141.
Le premier cantique a les faveurs de Déguignet pour sa mélodie reconnaissable entre toutes (cf. enregistrement de Yann-Fanch Quemener ci-contre) : « il se chante sur le plus bel air que je connaisse en breton ». Le couplet cité par le paysan bas-breton est la prière à l'ange gardien, invoqué par lui, enfant, pour le préserver de l'esprit du mal : « Va mirit ouz an drouc-speret ». Mais ayant quand même des mauvaises pensées, malgré sa prière, Déguignet pose ce trait d'humour : « C'était à lui de répondre de moi, et non à moi de répondre de lui ». Le second cantique dit du charnier a été écrit en 1750 par Fiacre Cochart Cette procession a d'ailleurs été fort bien décrite par Anatole Le Braz : « La foule s'avance, clergé en tête, en un long serpentement noir, dans le gris ouaté du crépuscule ; le vent gonfle les surplis des prêtres, les mantes des femmes, hérisse les chevelures floconneuses des vieillards, attise les cires ardentes aux mains des enfants de chœur. Devant l'ossuaire on s'agenouille, et l'assistance entonne une sorte d'incantation pleine à la fois d'angoisse et de fougue, et qui secoue les chanteurs eux-mêmes d'un inénarrable frisson ... » |
Enregistrements sonores :
Update Required To play the media you will need to either update your browser to a recent version or update your Flash plugin. Dans la « Guerz ar garnel », ce sont les ossements qui s'adressent aux vivants : « Ni zo bet war ann douar o rén kerkoulz ha c'houi, O tiviz, hag o vale , oc'h eva , o tibri » (Nous avons vécu sur terre, tout comme vous, Nous avons devisé, marché, bu, mangé). Déguignet s'en sert pour dénoncer la tristesse voulue par les clercs tonsurés qui ont composés les cantiques « pour effrayer leurs troupeaux », alors que les bretons étaient « gais et riants, en vrais enfants de Bacchus », même devant la mort. Le troisième est le célèbre cantique du paradis. Il a été collecté par Hersart de La Villemarqué dans son anthologie du « Barzaz Breizh » de 1841. On l'attribue généralement à Michel Le Nobletz (1577-1652), mais la tradition populaire voudrait qu'il fût composé par saint Hervé en personne. Déguignet le qualifie de « joli cantique breton » et défend l'idée que son contenu a pour but de tromper les ouailles, de « détacher complètement leur cœur des biens de ce misérable monde, de ne jamais songer qu'aux biens précieux et éternels de l'autre monde ». Il compose même, pour se moquer, des variantes des paroles du cantique : « Jesus peguen bras ve - Plujadur an dudze - Mar c'helfen kaouet tout - Ar c'hreyen ac ar yout » (Jésus, combien grand serait - Le plaisir de ces gens - S'ils pouvaient avoir tout - La chèvre et le chou). |
2 Cantique "M'hoc'h ador, ma Doue ma c'hrouer"
Texte de Déguignet, p. 141
Iconographie
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Texte complet du chant
Traduction française
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3 Gwerz ar garnel, Ballade de l'ossuaire
Texte de Déguignet, p. 462
Iconographie
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Texte complet du chant
Traduction française
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4 Kantik ar barados, Cantique du paradis
Texte de Déguignet, p. 464 & 474
Iconographie
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Texte complet du chant
Traduction française
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5 Annotations
Thème de l'article : Ecrits de Jean-Marie Déguignet Date de création : Novembre 2011 Dernière modification : 21.09.2019 Avancement : [Développé] |
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