Plans successifs [3] de la vidéo et sous-titrages en français sous la direction de Bernez Rouz de l'association Arkae (diffusion France 3 sur Bali-Breizh / Dailymotion) :
1. Marijan et Fanch à table dans leur cuisine de Stang-Odet en pleine discussion et faisant des commentaires sur leur repas, dehors il fait nuit et il vente (A 00:40 - 03:57) : « Neus ket droit. Je peux pas dormir avec toi ... », « eun tamm kig sall ... trao' b'an hent ... »
- S/T en français : « C’est pas mal, comme à l’hôtel ! – Non ! – Une bouteille trois quarts. Et on pourra reprendre tant qu’on veut. – Je prendrai autre chose après. – On ne mange pas beaucoup, on est vieux. – Oh oui ! Et après, au lit ! – Chacun dans son coin. – C’est ça. – Chacun dans son lit. – Tu n’auras pas droit de sortir, … et fais attention de ne pas ronfler. – Je ne peux pas m’en empêcher. Je ne sais pas quand je ronfle ! - On ne peut pas dormir avec toi. – Un peu de lard. On disait autrefois que c’était de la nourriture de paysans. Et demain, pour changer un peu, on nous apportera de la viande. Du poisson, plutôt. Pour changer un peu. Mercredi, il faudra aller chercher de la viande à Lestonan. – A vélo. – 4 km à vélo. En route ! C’est pénible quand il fait mauvais, on se retrouve trempé. J’achète un paquet de tabac chez Le Berre, je bois un petit rosé et en route ! Il faut de l’énergie pour rentrer à la maison. Il faut monter la côte, c’est dur. C’est parti ! – Un verre de vin. On donne du vin aux hommes, c’est ce que j’ai entendu en tout cas. – S’il n’y a pas de vin, je trouverai un moyen. – Tu apporteras une bouteille. – Il faut du vin ! A l’âge que j’ai, je peux boire autre chose que de l’eau. – Nous, on a bu assez d’eau et mangé assez de pain sec. Du pain de seigle, qui fumait encore. – Pour aller à l’école, on nous donnait parfois un morceau de pain, avec un peu de lard ou de la graisse salée. – Arrivés à l’école, on avait tout mangé. Vous n’aviez rien à midi. – On ne mangeait rien d’autre ces jours-là. Malheureusement. »
2. Marijan à la papeterie avec sa canne, arpentant les lieux familiers entre la rivière et les bâtiments d'usine. (A 03:58 - 06:22) : « tamm somon da Mougueric ... », « kalz tud, ya vad, 54 barz ar chiffonnerie ... »
- S/T en français : « Il n’y avait qu’un vieux pont pourri, ici. Il est tombé en ruine. Le char à bancs est tombé dans la rivière. Et nous on passait avec des charrettes de blé ! – Jusqu’à quand y a-t-il eu un moulin ? – Jusqu’à quand ? Je ne peux pas vous dire. Ca fait longtemps. – Vous empruntiez le pont pour aller travailler ? – Surtout quand on était en retard. On galopait pour arriver au travail en même temps que les autres. – Pour ne pas vous faire remarquer ? – Non, mais c’était plus long de faire le tour. – Et tu rentrais chez toi par le bois ? – Oui, et ça grimpait à pic ! C’était dur par la route. Surtout à 5h du matin. Oui, à 5h du matin. Mon mari a pris du saumon au moulin de Mogueric. – Et pas ici ? – Non, pas ici. – Tu prenais cette passerelle pour aller travailler ? – Oui. Tous les matins à 5h. On venait le plus souvent ç 5h. Mais l’après-midi, quand on arrivait un peu tard, on prenait pour notre grade. C’était un raccourci pour rentrer plus vite. - Tu allais à la maison par le bois ? – Oui. – Très bien. Ca glisse. Allons par ici. – Comment t’est venue l’idée de travailler à l’usine ? – J’ai toujours pensé que je ferais ça. – Beaucoup de gens travaillaient ici ? – Oui, beaucoup. Il y avait 54 personnes à la chiffonnerie. 54 personnes, ça fait du monde ! – L’eau arrive ici par le canal, mais où va-t-elle après ? – Elle plonge vers le bas. Elle passait dans la turbine. Ici on produit du courant avec la turbine. On voit le fil, au-dessus. Là il y avait un four, tu y as travaillé aussi ? – Il y faisait chaud. Je n’y étais pas. Il faisait trop chaud. Trop pour y rester. J’étais dans le grand bâtiment de l’autre côté. »
3. Scènes de travail à l'usine au début du 20e siècle : arrivée d'un camion rempli de ballots de chiffons, atelier de triage des chiffons, ... (A 06:23 - 08:42)
4. Marjan à l'entrée de la salle des bobineuses expliquant comment les ouvrières y travaillaient (A 08:43 - 10:38) : « mein taol benn-a-benn ... changed tout an traoù ... na oa brav ... na va stern ... ».
- S/T en français : « Elles étaient très joliment emballées ensuite. On mettait du papier bleu, toutes sortes de couleurs. Et un emballage brun ensuite.- Les rouleaux n’étaient pas aussi épais ? – Non. – On ne les aurait pas déplacés ? – Des bobines aussi épaisses ? Si, il y en avait. Pour les bobines c’était la même épaisseur. Après, on les coupait en petits bouts. – Il y avait une grande table ? – Une grande table d’un bout à l’autre. Des gens y travaillaient. Là, il y avait les bobineuses. Là il y avait des bobineuses tout le long, jusqu’au fond. – Tu vois, maintenant tout a changé. – Oui, tout a changé. Ce n’est pas aussi beau. – Tu trouves ? – Maintenant, il ne reste plus qu’un magasin. Avant c’était beau. – Ce n’est pas plus facile maintenant ? – Certainement ! Ce n’est pas aussi dur qu’avant. C’était dur d’enrouler le papier autour des bobineuses. – Même pour des petites ? – On ne fabriquait pas de petites tailles, on mettait des grosses dans les bobineuses. Après on les découpait. C’était du travail de les transporter au bout du magasin. On les descendait à la cave, où elles posées sur des plaques. Après on les ramassait toutes, et on les rangeait dans des caisses selon leur calibre. – C’était du travail ! – C’est sûr. – C’est plus facile maintenant avec les machines. – On n’avait pas de chariots comme ça. Personne ne fait d’efforts. On faisait tout à la force des bras. Mais je trouve que ce n’est plus aussi beau. – Pourquoi ? – Les ateliers étaient mieux avant. – Si c’est plus facile, c’est mieux. – Oui ! C’est plus facile pour les gens. »
5. Marjan dans sa cuisine de Stang-Odet en pleine journée de la 1ère séquence, évoquant son travail à la chiffonnerie et aux lessiveurs (A 10:39 - 11:23) : « displajed ar wechoù ... an dour ... tril pilhoù ... tri, pevar lessiseurs ... ar bailhoù koz ... ».
- S/T en français : « Quand les lessiveuses étaient bien remplies, on avait du mal à les remuer avec le bâton. Elles étaient très grandes, ce n’était pas facile de remuer les chiffons. On allait dedans, les pieds, les mains, on se mettait à genoux. C’était dangereux, parce qu’on était à moitié penché dans la lessiveuse. On la déplaçait parfois. Si on la déplaçait brusquement, on risquait de se casser le dos. On ne pouvait pas éviter d’aller dedans car on les remplissait trop de moitié. On mettait de l’eau pour faire redescendre un peu. Si on n’y arrivait toujours pas, on en rajoutait encore. Il fallait mettre le compte. »
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6. Continuation des explications sur le traitement des chiffons. Puis Fanch et Marjan observant et discutant avec les ouvrières manipulant les bobines (A 11:24 - 13:26)
- S/T en français : « Après ça, il y avait d’autres choses à faire. Il y avait des choses légères comme des fagots de blé noir. Il fallait les jeter dedans. On nous demandait d’en mettre plein, mais ce n’était pas possible. Ceux-là ne convenaient pas, ils n’allaient pas au fond. On changeait de tâche tous les mois. On était un mois à la chiffonnerie, en haut, à couper le chiffon. Puis on était un mois en bas, aux lessiveurs. On nous payait en fonction des lessiveurs qu’on remplissait. Si on en faisait trois c’était la moyenne, parfois quatre, c’était beaucoup. Parfois on n’en faisait qu’une ou deux, et il fallait rentrer à la maison. On débauchait à n’importe quelle heure. Quand on avait chargé le lessiveur, on rentrait chez nous. S’il y en avait deux à faire, on commençait à charger le deuxième. On rentrait à la maison, préparer le repas avant 13h. On mettait un coup pour être tôt à la maison. Parfois on perdait du temps, et il fallait tremper la chemise. On se présentait au travail, puis on allait à la messe, on restait une demi-heure. On attendait la messe. On allait à la messe mais parfois on était d’astreintes aux lessiveurs. On s’embêtait à la messe. C’est pas encore fini ! On sera en retard pour midi. On était obligé de finir le lessiveur avant de pouvoir rentrer. Parfois on était énervé à la messe. Parfois on avait le temps. »
7. Fanch fendant son bois dans le loch [4] de son pennti [1] , l'apportant au fourneau, et Marjan réactivant le feu (A 13:27 - 15:02, B 00:00 - 00:20) : « na zo mad ... oui oui ... ».
- S/T en français : « Voici un peu de bois. Du bois sec. Ca prend ? C’est bon ? – Il va s’étouffer. Mais non, je le découvrirai tout à l’heure. »
8. Fête du centenaire à Odet en 1922, course à pied des femmes à Ty-Coat, Marjan en tête (B 00:21 - 00:29)
9. Marjan marchant sur la route de Ty-Coat et se rappelant de la fête du centenaire pendant laquelle elle avait gagné la course à pied des femmes (B 00:30 - 01:15 ) : « n'on ket sonj ... ».
- S/T en français : « - J’avais couru si vite. – Et tu as gagné la course ? – Oui, je les avais bien eues ! – On t’avait poussée à y aller ? – Tout à fait ! Je ne pensais pas y aller, mais on m’y a poussée et je me suis dit : « Allons-y ! ». Après je suis restée regarder, quand tout le monde est parti. Je suis partie, les gens étaient là comme ça. Tous ceux qui m’avaient permis d’y aller ouvraient la voie pour me laisser passer. Je me suis lancée et je les ai toutes dépassées. Ceux-là n’avaient pas vu l’arrivée, je ne savais pas qui ils étaient. – C’est comme ça que tu as gagné une belle pièce d’or. – Oui, une pièce d’or. – Ca fait 40 ans. – C’est ça. – Tu étais riche alors ! – Oui ! »
10. Fête du centenaire à Odet en 1922, sourire éclatant de Marjan, décorations, danses bretonnes ... (B 01:16 - 02:43)
11. Marjan à Stang-Odet évoquant les missions [5] , reconstitution d'un sermon d"un prédicateur utilisant des taolennoù [6] ... (B 02:44 - 07:07 ) : « taolennoù oa eun dra brav ... », « an diaoul e penn ar sindikajoù ... »
- S/T en français : « - Vos premières vacances, c’était pour aller à la mission, au bourg ? – Peut-être bien. Les toutes premières, sûrement. - Pourquoi y êtes-vous allée ? – Tout le monde devait aller à la mission. Peut-être qu’il y en un qui était resté, mais tous ceux de l’usine étaient partis. Ce n’était pas du plaisir. On attendait la confession. Deux heures sans bouger, parfois. On ne pouvait pas avancer plus vite avec autant de gens. C’était comme au cinéma, avec ces grands tableaux explicatifs. Il n’y avait plus que des tableaux. – Qu’est-ce qu’on vous expliquait ? – Le diable, le serpent … Le curé pointait les tableaux avec son bâton. »
12. Marjan et Fanch à Stang-Odet, racontant les grèves et le rôle des syndicats ... (B 07:08 - 08:19 ) : « ne oa ket bet kalz grevioù ba' l'usine ... chom d'ar ger ... ne oa ket chik ... »
- S/T en français : « - Pourquoi avez-vous fait grève ? – Pour obtenir plus d’argent ! Mais la grève n’a pas duré longtemps. La première fois, on a été assez sots pour suivre Bastien Le Meur. On a fait une réunion chez Quéré, pour se rendre compte qu’on ne pouvait pas continuer. On nous a dit : « Allez travailler ou restez à la maison. Je beurrerai mon pain des deux côtés quand vous n’aurez rien ». C’était pas sympa de nous dire ça. On est rentrés déjeuner avant de retourner travailler. Et il y a quelqu’un qui m’a traitée de tous les noms parce que je lui avais dit : « Les chiffonnières restent à la maison ». J’étais suppléante du syndicat. On n’avait trouvé personne d’autre.On m’avait dit que les chiffonnières restaient à la maison, ce que j’avais fait. Je ne sais pas si d’autres sont restées. Sans doute que si. C’est pour ça qu’on m’a traitée de tous les noms, quand j’ai repris le travail ».
13. Marjan faisant son ménage en chantant, Fanch aux courses à vélo à la boulangerie et à la boucherie de Lestonan, Marjan au téléphone, Fanch bêchant son jardin, et enfin tous les deux en promenade à Croas-ar-Gac ... (B 08:20 - 11:23 )
- S/T en français : « Cette jolie chanson au sujet d’une jeune fille que j’ai fréquentée. – Bonjour Marie-Jeanne, ça va ? Bien, oui. On va à Pont-l’Abbé cet après-midi. Il y aura du café. Je suis allée préparer la sortie ce matin. J’ai allumé le chauffage. Très bien. On prendra le quatre heures. Le recteur sera là. Tant pis, on rigolera avec lui. – La vie était triste quand je n’avais pas à manger, maintenant ça va. Mon frère travaillait à la ferme. On y allait pour avoir à manger. Pendant la guerre, j’étais bonne à Quélennec. Il n’y avait plus que les vieux pour travailler, les jeunes étaient partis à la guerre. On ne me donnait que deux morceaux de pain. J’aurais pu en manger six ou sept, mais il n’y en avait sans doute pas beaucoup. On ne peut pas être riche en travaillant à la ferme. On allait à la messe le dimanche mais après c’était le travail tout le temps. A l’usine je n’avais que le dimanche. Il n’y avait pas de samedi, pas de vacances. La loi des 40 heures est venue, la semaine anglaise. Après il y a eu les vacances. On était plus heureux. Attendre la mort et chanter en attendant. »
14. Générique de fin (B 11:24 - 11:50 )
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