1830 - L'adhésion municipale à la charte constitutionnelle de Louis-Philippe
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Documents série M des Archives Départementales du Finistère et registre de délibérations du conseil municipal. | Documents série M des Archives Départementales du Finistère et registre de délibérations du conseil municipal. | ||
- | Autres lectures : {{Tpg|René Laurent, maire (1824-1846)}}{{Tpg|Nicolas Le Marié, maire (1832)}}{{Tpg|René Laurent, maire (1824-1846)}}{{Tpg2|71. Fin de séance du 15 novembre 1829, séances du 9 mai 1830 et 19 septembre 1830|Conseil du 19 septembre 1830}}{{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}} | + | Autres lectures : {{Tpg|René Laurent, maire (1824-1846)}}{{Tpg|Nicolas Le Marié, maire (1832)}}{{Tpg2|71. Fin de séance du 15 novembre 1829, séances du 9 mai 1830 et 19 septembre 1830|Conseil du 19 septembre 1830}}{{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}} |
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- | Après les émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet autour de Louis Philippe d'Orléans s'est établie et une Charte constitutionnelle est promulguée le 14 août 1830. Le lendemain le maire d'Ergué-Gabéric écrit une lettre au préfet du Finistère pour lui dire son dévouement au nouveau « <i>Roi des français</i> ». | + | Après les émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet autour de Louis Philippe d'Orléans s'est établie et une Charte constitutionnelle est promulguée le 14 août 1830. Le lendemain le maire d'Ergué-Gabéric, René Laurent <ref>René Laurent, agriculteur au village de Squividan, sera maire d'Ergué-Gabéric de 1824 à 1832, puis de 1833 à 1846.</ref>, écrit une lettre au préfet du Finistère pour lui dire son dévouement au nouveau roi. |
Il lui écrit même qu'il a ordonné un geste symbolique : « <i>J'ai l'honneur de vous annoncer que demain seize du courant le drapeau flottera sur notre église parroissialle ; je fais la demande à cet égard, vous pouvez compter sur notre dévouement.</i> ». | Il lui écrit même qu'il a ordonné un geste symbolique : « <i>J'ai l'honneur de vous annoncer que demain seize du courant le drapeau flottera sur notre église parroissialle ; je fais la demande à cet égard, vous pouvez compter sur notre dévouement.</i> ». | ||
- | Le 19 septembre, avec ses conseillers municipaux, il prête serment et ils signent tous le registre des délibérations : « <i>Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume.</i> ». Parmi les conseillers on notera l'entrepreneur papetier Nicolas Le Marié , dont le prénom est remplacé par le qualificatif « <i>Monsieur</i> » et qui sera nommé maire pendant l'année 1832. Tous semblent heureux que la République n'ait pas été proclamée. | + | Le 19 septembre, avec ses conseillers municipaux, il prête serment et ils signent tous le registre des délibérations : « <i>Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume.</i> ». Parmi les conseillers on note l'entrepreneur papetier Nicolas Le Marié, dont le prénom est remplacé par le qualificatif « <i>Monsieur</i> » et qui sera nommé maire pendant l'année 1832. Tous semblent heureux que la République n'ait pas été proclamée. |
- | Cette charte constitutionnelle instaure une royauté représentative et le roi n'est plus le « <i>Roi de France et de Navarre</i> » (comme l'étaient encore les rois précédents Louis XVIII et Charles X), mais le « <i>Roi des français</i> » (formule déjà imposée à Louis XVI en 1791). | + | Cette charte constitutionnelle instaure une royauté représentative et le roi n'est plus le « <i>Roi de France et de Navarre</i> », comme l'étaient encore les rois précédents Louis XVIII et Charles X, mais le « <i>Roi des français</i> », selon la formule déjà imposée à Louis XVI en 1791. |
- | Afin d'obtenir l'adhésion des finistériens, le préfet Auguste Billart fait traduire cette charte en breton : « <i>Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hae acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo tret e brezonec Querne ha Leon, hae emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation.</i> » (trad. ci-après). | + | <br>[[Image:ChartBZH.jpg|400px|center]] |
- | Ce texte titré « <i>Chart Constutionel</i> » est formé d'un certain nombre de termes français francisés (Francisien, differanç, ...) et une orthographe très française (lettres Q et ç, « <i>Eaust</i> » au lieu de « <i>Eost</i> »). Mais les placards distribués dans les 284 communes du département ont du permettre la diffusion des nouvelles règles institutionnelles, sociales et culturelles. | + | Afin d'obtenir l'adhésion des finistériens, le préfet Auguste Billart fait traduire les 70 articles de cette charte en breton de Cornouaille et du Léon : « <i>Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hac acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo troet e brezonec Querne ha Leon, hac emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation.</i> » (traduction ci-après). D'ailleurs en 1837 les gabéricois enverront une lettre de secours, rédigée également en langue bretonne, adressée à leur roi pour la restauration de leur clocher victime de la foudre. |
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- | <br><br>On remarquera aussi que la religion catholique cesse d'être qualifiée de « <i>religion de l'État</i> » (terme de l'ancienne charte de 1814), mais religion « <i>professée par la majorité des Français</i> », à savoir en breton « <i>ministret ar religion catholiq, apostoliq ha romen, exercet gant an niver brassa eus ar Francisien</i> ». C'est ce qui permet au maire d'Ergué-Gabéric de faire flotter le drapeau français sur son église paroissiale. | + | <br>Le texte breton de la charte constitutionnelle de 1830 est formé d'un certain nombre de termes français francisés (Francisien, differanç, ...), avec une orthographe très française (lettres Q et ç, « <i>Eaust</i> » au lieu de « <i>Eost</i> » ...). Mais les placards distribués dans les 284 communes du département ont dû permettre la diffusion des nouvelles règles institutionnelles, sociales et culturelles. |
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+ | On remarque aussi que la religion catholique cesse d'être qualifiée de « <i>religion de l'État</i> » (terme de l'ancienne charte de 1814), mais religion « <i>professée par la majorité des Français</i> », à savoir en breton « <i>ministret ar religion catholiq, apostoliq ha romen, exercet gant an niver brassa eus ar Francisien</i> ». C'est ce qui permet au maire d'Ergué-Gabéric de faire flotter le drapeau français sur son église paroissiale le 16 août 1830. | ||
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- | Articl qenta. Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hae acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo tret e brezonec Querne ha Leon, hae emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation. | + | Articl qenta. Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hac acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo troet e brezonec Querne ha Leon, hac emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation. |
Art. II. Ur c'hopi eus ar Chart constitutionrel a chommo bepret staguet ebars sal ar Meari eus a bep commun. Un eil gopiu a vezo er memes façon staguet ous dôr en Ilis. Ar re all a vezo distribuet d'ar re o voar lenn, pere a vezo pedet d'o staga e diabars o zy. | Art. II. Ur c'hopi eus ar Chart constitutionrel a chommo bepret staguet ebars sal ar Meari eus a bep commun. Un eil gopiu a vezo er memes façon staguet ous dôr en Ilis. Ar re all a vezo distribuet d'ar re o voar lenn, pere a vezo pedet d'o staga e diabars o zy. | ||
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{{Charte1830-chap2}} | {{Charte1830-chap2}} | ||
- | <b>Formes du gouvernement du Roi</b> | + | <b>De la Chambre des Pairs</b> |
{{Charte1830-chap3}} | {{Charte1830-chap3}} | ||
- | <b>De la Chambre des Pairs</b> | + | <b>De la Chambre des Députés</b> |
{{Charte1830-chap4}} | {{Charte1830-chap4}} | ||
- | <b>De la Chambre des Députés</b> | + | <b>Des ministres</b> |
{{Charte1830-chap5}} | {{Charte1830-chap5}} | ||
- | <b>Des ministres</b> | + | <b>De l'Ordre judiciaire</b> |
{{Charte1830-chap6}} | {{Charte1830-chap6}} | ||
- | |||
- | <b>De l'Ordre judiciaire</b> | ||
- | |||
- | {{Charte1830-chap7}} | ||
<b>Droits particuliers garantis par l'État</b> | <b>Droits particuliers garantis par l'État</b> | ||
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==Annotations== | ==Annotations== | ||
- | <i>Certaines références peuvent être cachées ci-dessus dans des paragraphes ( § ) non déployés. Cliquer pour les afficher : <spoiler all='991,992,993,994,995,996,997,998,999,9910,9911,9912,9913,9914,9915,9916,9917,9918,9919,9920'></spoiler></i> | ||
<references/> | <references/> | ||
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Version actuelle
| Dès le 15 août le maire René Laurent exprime son dévouement dans une lettre au préfet et le 19 septembre tout le conseil municipal prête serment.
Documents série M des Archives Départementales du Finistère et registre de délibérations du conseil municipal. Autres lectures : « René Laurent, maire (1824-1846) » ¤ « Nicolas Le Marié, maire (1832) » ¤ « Conseil du 19 septembre 1830 » ¤ « 1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe » ¤ |
Présentation
Après les émeutes des 27, 28 et 29 juillet 1830, dites les Trois Glorieuses, la monarchie de Juillet autour de Louis Philippe d'Orléans s'est établie et une Charte constitutionnelle est promulguée le 14 août 1830. Le lendemain le maire d'Ergué-Gabéric, René Laurent Il lui écrit même qu'il a ordonné un geste symbolique : « J'ai l'honneur de vous annoncer que demain seize du courant le drapeau flottera sur notre église parroissialle ; je fais la demande à cet égard, vous pouvez compter sur notre dévouement. ». Le 19 septembre, avec ses conseillers municipaux, il prête serment et ils signent tous le registre des délibérations : « Je jure fidélité au roi des français, obéissance à la charte constitutionnelle et aux lois du Royaume. ». Parmi les conseillers on note l'entrepreneur papetier Nicolas Le Marié, dont le prénom est remplacé par le qualificatif « Monsieur » et qui sera nommé maire pendant l'année 1832. Tous semblent heureux que la République n'ait pas été proclamée. Cette charte constitutionnelle instaure une royauté représentative et le roi n'est plus le « Roi de France et de Navarre », comme l'étaient encore les rois précédents Louis XVIII et Charles X, mais le « Roi des français », selon la formule déjà imposée à Louis XVI en 1791. Afin d'obtenir l'adhésion des finistériens, le préfet Auguste Billart fait traduire les 70 articles de cette charte en breton de Cornouaille et du Léon : « Ar chart constitutionel guellêt gant an diou Gampr, ar 7 a vis Eaust 1830, hac acceptet an 9 gant E Vajeste Louis-Philip, Roue ar Francisien, a vezo troet e brezonec Querne ha Leon, hac emprimet e form e blacard e nombr a dri mil gopi, evit bezan distribuet d'an 284 commun eus an departemant, e proportion eus o importanç hac eus o fopulation. » (traduction ci-après). D'ailleurs en 1837 les gabéricois enverront une lettre de secours, rédigée également en langue bretonne, adressée à leur roi pour la restauration de leur clocher victime de la foudre. |
On remarque aussi que la religion catholique cesse d'être qualifiée de « religion de l'État » (terme de l'ancienne charte de 1814), mais religion « professée par la majorité des Français », à savoir en breton « ministret ar religion catholiq, apostoliq ha romen, exercet gant an niver brassa eus ar Francisien ». C'est ce qui permet au maire d'Ergué-Gabéric de faire flotter le drapeau français sur son église paroissiale le 16 août 1830. |
Transcriptions
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Drapeau, le 14 août
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La charte en breton
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Documents
ADF 2M78 et M208, registre conseil | |||||
Annotations
- René Laurent, agriculteur au village de Squividan, sera maire d'Ergué-Gabéric de 1824 à 1832, puis de 1833 à 1846. [Ref.↑]