1836-1837 - Lettres et archives relatives à la chute du clocher St-Guinal et sa restauration
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<i>En février 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal est terrassé par la foudre. En début 1837, le conseil de fabrique demande une aide financière au roi Louis-Philippe pour couvrir une partie des dépenses de reconstruction, cette lettre ayant été commentée dans les journaux et plus tard dans une chronique de Pierre-Jakez Hélias.</i> | <i>En février 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal est terrassé par la foudre. En début 1837, le conseil de fabrique demande une aide financière au roi Louis-Philippe pour couvrir une partie des dépenses de reconstruction, cette lettre ayant été commentée dans les journaux et plus tard dans une chronique de Pierre-Jakez Hélias.</i> | ||
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- | Autres lectures : {{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}}{{Tpg|Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837}} {{Tpg|BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique}} {{Tpg|Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup}} {{Tpg|HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte}}{{Tpg|RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur}} | + | Autres lectures : {{Tpg|1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe}}{{Tpg|Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837}} {{Tpg|BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique}} {{Tpg|Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup}} {{Tpg|HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte}}{{Tpg|RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur}}{{Tpg|1837 - La bénédiction des nouvelles cloches de l'église St-Guinal}} |
- | ==Présentation générale== | + | ==Présentation== |
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- | La lettre en breton de janvier 1837 présente ainsi le contexte afin d'obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « <i>"Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ...</i> » <small>(Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février).</small> | + | La lettre en breton de janvier 1837 présente ainsi le contexte afin d'obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « <i>"Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ...</i> » (Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février). |
- | Constatant l'habileté de la lettre, dans sa version traduite en français, la générosité royale abonde une somme de 300 francs à verser au curé d'Ergué-Gabéric. Mais en parallèle des actions en lobbyisme politique ont été menées par les gabéricois auprès du conseil général, de la préfecture, de l'évêché, des ministres, pour pouvoir mettre en exécution la reconstruction du clocher de l'architecte Bigot et de l'entrepreneur L'Haridon. | + | Constatant l'habileté de la lettre, dans sa version traduite en français, la générosité royale abonde une somme de 300 francs à verser au curé d'Ergué-Gabéric. Mais en parallèle des actions en lobbyisme politique ont été menées par les gabéricois auprès du conseil général, de la préfecture, de l'évêché, des ministres, pour pouvoir mettre en exécution la reconstruction du clocher de l'architecte Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> et de l'entrepreneur L'Haridon. |
Grâce au dossier préfectoral conservé en série V « <i>Cultes 1800 - 1907</i> » aux Archives Départementales du Finistère (cf les documents originaux et les transcriptions en fin d'article), on en sait un peu plus sur ces démarches et sur les circonstances qui ont décimé le clocher en plein bourg, « <i>par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait</i> ». | Grâce au dossier préfectoral conservé en série V « <i>Cultes 1800 - 1907</i> » aux Archives Départementales du Finistère (cf les documents originaux et les transcriptions en fin d'article), on en sait un peu plus sur ces démarches et sur les circonstances qui ont décimé le clocher en plein bourg, « <i>par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait</i> ». | ||
On apprend notamment que la chute des pierres du clocher n'a fait aucune victime : « <i>Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.</i> » | On apprend notamment que la chute des pierres du clocher n'a fait aucune victime : « <i>Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.</i> » | ||
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+ | Les dégâts matériaux sont considérables : « <i>Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base</i> ». La tornade n'a laissé aucune chance de survie, non plus, aux deux cloches : « <i>L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son</i> ». | ||
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- | La tornade n'a laissé aucune chance de survie aux deux cloches : « <i>L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son</i> ». Les travaux de restauration incluent leur remise en service : « <i>Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière</i> » | + | [[Image:ClocherStGuinal3.jpg|120px|right]]Les travaux de restauration incluent leur remise en service : « <i>Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière</i> » |
- | le devis L'Haridon ... plans de Bigot ... « <i>une élévation moindre que l'ancien clocher</i> » ... les pierres de la carrière Crec'h-Ergué. | + | On dispose du devis détaillé de l'entrepreneur L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, sur les plans de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref>. Certes on peut regretter « <i>une élévation moindre que l'ancien clocher</i> », mais la nouvelle tour est solide, et les nouvelles pierres taillées sont extraites de la carrière locale de Crec'h-Ergué, car « <i>les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées</i> ». |
+ | Quant aux aides publiques pour financer les travaux, ce n'est pas la lettre en breton au roi Louis-Philippe début 1837 qui a permis de récolte, mais une lettre pétition du 3 avril 1836 au ministre de la Justice et des Cultes signée des membres du conseil municipal : « <i>Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur ... Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département.</i> » | ||
- | lettre pétition du 3 avril 1836 au ministre , et subventions | + | Le ministre garde des sceaux, Paul-Jean-Pierre Sauzet, répond personnellement en demandant au préfet d'instruire le dossier. Son successeur à la justice, Jean-Charles Persil, accordera 500 francs sur les fonds de l'Etat et la même somme sera votée par le conseil général, via le député Jean-François Le Gogal de Toulgoët. Mais localement les habitants feront mieux en donnant au total 1100 francs. |
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Monseigneur l'Evêque | Monseigneur l'Evêque | ||
- | Vous n'ignorez pas que le malheur qui nous a frappé le 2 février dernier <ref>Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82.</ref>. La tempête a renversé le clocher de notre paroisse dont la reconstruction est évaluée par M. l'architecte principal <ref name=Bigot>L'architecte principal du Finistère était Joseph Bigot à qui nous devons aussi le plan dressé en 1881 de la reconstruction du chateau de Lezergué => [[Présentation et historique du manoir de Lezergué]]</ref> du département à la somme de 7486 F 80 centimes. Cette dépense est de beaucoup au-dessus de nos moyens qui sont absolument nuls. C'est pourquoi, sous les auspices de M. de Toulgoët, notre député, nous réclamons, près M. le ministre de l'Intérieur, du secours que nous voudrions voir s'élever à 4000 F au moins ; nous avons espoir que la charité des fidèles suppléera avec le temps au reste. | + | Vous n'ignorez pas que le malheur qui nous a frappé le 2 février dernier <ref>Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82.</ref>. La tempête a renversé le clocher de notre paroisse dont la reconstruction est évaluée par M. l'architecte principal du département à la somme de 7486 F 80 centimes. Cette dépense est de beaucoup au-dessus de nos moyens qui sont absolument nuls. C'est pourquoi, sous les auspices de M. de Toulgoët, notre député, nous réclamons, près M. le ministre de l'Intérieur, du secours que nous voudrions voir s'élever à 4000 F au moins ; nous avons espoir que la charité des fidèles suppléera avec le temps au reste. |
Nous pensons aussi qu'aidé de votre crédit près M. le ministre des Cultes et M. de Quélen, notre compatriote, archevêque de Paris, ces hauts dignitaires nous prêteraient leur assistance pour appuyer nos réclamations au ministre de l'Intérieur. | Nous pensons aussi qu'aidé de votre crédit près M. le ministre des Cultes et M. de Quélen, notre compatriote, archevêque de Paris, ces hauts dignitaires nous prêteraient leur assistance pour appuyer nos réclamations au ministre de l'Intérieur. | ||
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Suite de la 2e lettre : | Suite de la 2e lettre : | ||
{{Citation}} | {{Citation}} | ||
- | tour et église dont le dégat est évalué par Monsieur Bigot <ref name=Bigot>-</ref> architecte du département à sept mil quatre cent quatre vingt dix francs et quatre vingt six centimes nous fait assez présumer que nous n'avons rien à espérer du gouvernement. De plus nos dépenses ordinaires absorbant presque tous les ans la recette, la fabrique se trouve devant l'impossibilité de suffire à cette dépense. D'un autre côté la caisse municipale étant épuisée par les réparations de la route vicinale ne peut nous donner aucun secours. Nous trouvant ainsi sans ressource pour faire cette réparation, nous avons cru devoir recourir à votre bonté paternelle et prier votre Grandeur de nous céder pendant quelques années le tiers de Kerdévot au moyen duquel et d'une souscription volontaire que nous ferons dans la paroisse, nous espérons pouvoir réparer notre église et notre tour. | + | tour et église dont le dégat est évalué par Monsieur Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> architecte du département à sept mil quatre cent quatre vingt dix francs et quatre vingt six centimes nous fait assez présumer que nous n'avons rien à espérer du gouvernement. De plus nos dépenses ordinaires absorbant presque tous les ans la recette, la fabrique se trouve devant l'impossibilité de suffire à cette dépense. D'un autre côté la caisse municipale étant épuisée par les réparations de la route vicinale ne peut nous donner aucun secours. Nous trouvant ainsi sans ressource pour faire cette réparation, nous avons cru devoir recourir à votre bonté paternelle et prier votre Grandeur de nous céder pendant quelques années le tiers de Kerdévot au moyen duquel et d'une souscription volontaire que nous ferons dans la paroisse, nous espérons pouvoir réparer notre église et notre tour. |
Le 4 octobre 1836 | Le 4 octobre 1836 | ||
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<big><b>A. Devis L'Haridon, 01.04.1836</b></big> | <big><b>A. Devis L'Haridon, 01.04.1836</b></big> | ||
- | L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot pour un montant global de 7486 francs et 80 centimes. | + | L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> pour un montant global de 7486 francs et 80 centimes. |
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Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Commune de Ergué-Gabéric. | Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Commune de Ergué-Gabéric. | ||
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Nos quêtes , notre travail et nos prestations en nature seront loin d'atteindre la somme de 7486 fr 80 c calculée sur une base bien étroite par Mr l'architecte principal du département, que nous avons, sur l'avis de Mr le préfet, chargé de la rédaction des plans et devis pour le rétablissement du dégât calculé sur une élévation moindre que l'ancien clocher. | Nos quêtes , notre travail et nos prestations en nature seront loin d'atteindre la somme de 7486 fr 80 c calculée sur une base bien étroite par Mr l'architecte principal du département, que nous avons, sur l'avis de Mr le préfet, chargé de la rédaction des plans et devis pour le rétablissement du dégât calculé sur une élévation moindre que l'ancien clocher. | ||
- | En 18345 les communes de Scaër et Quimperlé, dans le même cas, ont été secourues par le gouvernement sous les auspices de Mr Oupinier, député du Finistère. La sollicitude de notre député, Mr le Gogal de Toulgoët, qui a la bonté de nous prêter son appui, serait-elle vaine ? ... non, nous avons trop de confiance dans votre autre équité pour douter un instant que vous n'accueillerez pas favorablement notre demande d'un secours que, dans votre générosité bienfaisante, vous saurez calculer sur la pénurie de nos moyens. | + | En 1834 les communes de Scaër et Quimperlé, dans le même cas, ont été secourues par le gouvernement sous les auspices de Mr Oupinier, député du Finistère. La sollicitude de notre député, Mr Le Gogal de Toulgoët, qui a la bonté de nous prêter son appui, serait-elle vaine ? ... non, nous avons trop de confiance dans votre autre équité pour douter un instant que vous n'accueillerez pas favorablement notre demande d'un secours que, dans votre générosité bienfaisante, vous saurez calculer sur la pénurie de nos moyens. |
Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, vos très humbles et très obéissants serviteurs. | Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, vos très humbles et très obéissants serviteurs. | ||
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<big><b>D. Lettre Bigot, 06.05.1837</b></big> | <big><b>D. Lettre Bigot, 06.05.1837</b></big> | ||
- | Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, pour l'exécution de la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric. | + | Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot <ref name="JosephBigot">{{PR-JosephBigot}}</ref> soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, pour l'exécution de la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric. |
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[[Image:JosephBigotPortrait.jpg|right|120px|Joseph Bigot (1807-1894)]]Monsieur le Préfet. Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers. | [[Image:JosephBigotPortrait.jpg|right|120px|Joseph Bigot (1807-1894)]]Monsieur le Préfet. Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers. | ||
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| résumé=Etude de documents anciens. | | résumé=Etude de documents anciens. | ||
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Version actuelle
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En février 1836 le clocher de l'église paroissiale St-Guinal est terrassé par la foudre. En début 1837, le conseil de fabrique demande une aide financière au roi Louis-Philippe pour couvrir une partie des dépenses de reconstruction, cette lettre ayant été commentée dans les journaux et plus tard dans une chronique de Pierre-Jakez Hélias. On trouvera ici les autres documents du dossier de reconstruction du clocher, à savoir les échanges avec l'Evêché conservés aux archives diocésaines (cote 1 P 51), les délibérations des conseils municipaux, et le dossier de la restauration des archives départementales (cote 1 V 331). |
Autres lectures : « 1837 - Lettre en breton de paroissiens gabéricois à leur roi Louis-Philippe » ¤ « Lettre en breton au roi Louis-Philippe, Le Siècle et L'Armoricain 1837 » ¤ « BOUËT Alexandre - Galerie bretonne ou Vie des bretons de l'Armorique » ¤ « Lizher d'an Aotrou Roue Loeiz-Fulup » ¤ « HÉLIAS Pierre Jakez - Midi à ma porte » ¤ « RANNOU Nolwenn - Joseph Bigot architecte et restaurateur » ¤ « 1837 - La bénédiction des nouvelles cloches de l'église St-Guinal » ¤
[modifier] Présentation
La lettre en breton de janvier 1837 présente ainsi le contexte afin d'obtenir les subsides nécessaires à la restauration : « "Aotrou Roue, Ar bloavez 1836 a zo bet, e gwirionez, leun a drubuillou evidom. Gwall glaharet om bet o klevout oh bet-c'hwi teir gwech war-bouez beza drouglazet hag an avel e-neus diskaret tour iliz ar barrez d'an eil e viz c'hlouevrer ... » (Sire le Roi. L'année 1836 a été, en vérité, pleine de soucis pour nous. Avec une grande douleur, nous avons appris que vous avez été trois fois sur le point d'être assassiné et le vent a abattu la tour de notre église paroissiale le second jour de février). Constatant l'habileté de la lettre, dans sa version traduite en français, la générosité royale abonde une somme de 300 francs à verser au curé d'Ergué-Gabéric. Mais en parallèle des actions en lobbyisme politique ont été menées par les gabéricois auprès du conseil général, de la préfecture, de l'évêché, des ministres, pour pouvoir mettre en exécution la reconstruction du clocher de l'architecte Bigot Grâce au dossier préfectoral conservé en série V « Cultes 1800 - 1907 » aux Archives Départementales du Finistère (cf les documents originaux et les transcriptions en fin d'article), on en sait un peu plus sur ces démarches et sur les circonstances qui ont décimé le clocher en plein bourg, « par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait ». On apprend notamment que la chute des pierres du clocher n'a fait aucune victime : « Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg. » Les dégâts matériaux sont considérables : « Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base ». La tornade n'a laissé aucune chance de survie, non plus, aux deux cloches : « L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son ». |
Les travaux de restauration incluent leur remise en service : « Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière »
On dispose du devis détaillé de l'entrepreneur L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, sur les plans de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot Quant aux aides publiques pour financer les travaux, ce n'est pas la lettre en breton au roi Louis-Philippe début 1837 qui a permis de récolte, mais une lettre pétition du 3 avril 1836 au ministre de la Justice et des Cultes signée des membres du conseil municipal : « Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur ... Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département. » Le ministre garde des sceaux, Paul-Jean-Pierre Sauzet, répond personnellement en demandant au préfet d'instruire le dossier. Son successeur à la justice, Jean-Charles Persil, accordera 500 francs sur les fonds de l'Etat et la même somme sera votée par le conseil général, via le député Jean-François Le Gogal de Toulgoët. Mais localement les habitants feront mieux en donnant au total 1100 francs. |
[modifier] Lettres à l'évêque
Sous la côte 1P51 aux Archives de l'évêché, deux lettres au prélat datées du 3 avril et du 4 octobre 1836 ont été conservées :
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Suite de la 2e lettre :
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[modifier] Conseil municipal
Lors du 1er conseil
Lors du conseil du 8 janvier 1837, soit presqu'un an après la tempête, une bonne nouvelle est annoncée, à savoir la l'octroi d'un secours de 500 francs de la part du gouvernement français :
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Le 12 mars 1837 les choses se précisent :
En mai 1837 il est temps de conclure et de faire démarrer les travaux par le maitre maçon :
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Originaux et copies des délibérations de conseils | |||||
[modifier] Financement et restauration
A. Devis L'Haridon, 01.04.1836 L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot
Le 3 avril les membres du conseil municipal adressent au ministre de la justice et des cultes une demande d'aide.
À la réception de la pétition du conseil municipal d'Ergué-Gabéric, le ministre des cultes et garde des sceaux Paul Jean Pierre Sauzet envoie ses consignes au préfet du Finistère Thomas Louis Mercier.
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D. Lettre Bigot, 06.05.1837 Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot
E. Conseil de fabrique, 17.05.1836 Copie de délibération du conseil de la fabrique
F. Le ministre, 20.12.1836 En décembre le nouveau garde des sceaux Jean-Charles Persil réclame le croquis du projet de clocher avant de valider l'octroi des 500 francs de subvention publique.
G. Le préfet, 26.12.1836 En décembre le nouveau préfet Germain-Joseph Boullé fait part au maire d'Ergué-Gabéric de la décision du ministère d'octroyer le 500 francs d'aide.
H. Conseil général, 16.02.1837 En plus des 500 francs du gouvernement, la reconstruction du clocher est subventionnée par 500 euros en provenance du conseil général du Finiistère.
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Archives ADF 1V331 | |||||
[modifier] Annotations
- Joseph Bigot, né en 1807 à Quimper et mort en 1894 à Quimper, est un architecte diocésain et départemental, conseiller municipal de Quimper de 1870 à 1878. On lui doit à Quimper, son œuvre la plus spectaculaire : les flèches de la cathédrale Saint-Corentin (1854-1856), inspirées de celle de l'église de Pont-Croix. La préfecture finistérienne lui doit aussi la restauration de l'église Notre-Dame à Locmaria, le musée des Beaux-Arts (inauguré en 1872), l'hôtel de ville et des pavillons de l'hôpital Étienne Gourmelen (1837-1850). À partir de 1873, son fils, Gustave, lui succède au poste d'architecte départemental. [Ref.↑ 1,0 1,1 1,2 1,3 1,4]
- Le clocher d'Ergué ne fut pas le seul clocher du finistère à être abattu par un vent de tempête en cette journée du 2 février 1836 : la tour de la chapelle Notre-Dame-de-Lambader de Plouvorn fut également détruite et dut attendre 45 ans pour sa reconstruction en 1881-82. [Ref.↑]
- Index et transcriptions des compte-rendus de séance de conseil => 1800-1850, délibérations du conseil municipal [Ref.↑]
- Fabrique, s.f. : désigne, avant la loi de séparation de l'église et de l'état, tantôt l'ensemble des biens affectés à l'entretien du culte catholique, tantôt le corps politique spécial chargé de l'administration de ces biens, ce au niveau de l'église paroissiale ou d'une chapelle. Les paroissiens trésoriers membres de ce corps étaient les « fabriciens », les « marguilliers » ou plus simplement jusqu'au 18e siècle les « fabriques » (s.m.). Les fabriques sont supprimées par la loi du 9 décembre 1905 et remplacées par des associations de fidèles. Source : site Internet restarhorniou. [Terme] [Lexique] [Ref.↑ 4,0 4,1]
Thème de l'article : Etude de documents anciens. Date de création : Août 2007 Dernière modification : 12.05.2023 Avancement : [Développé] |