1839 - Acquittement d'Hervé Kerluen, un des plus beaux hommes de Basse-Bretagne
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[[Image:JeuneBretonPenguilly.jpg|350px|center|thumb|« Jeune Breton » de Penguilly, dans <i>Le Breton</i> d'Alfred de Courcy, 1842]] | [[Image:JeuneBretonPenguilly.jpg|350px|center|thumb|« Jeune Breton » de Penguilly, dans <i>Le Breton</i> d'Alfred de Courcy, 1842]] | ||
- | Et le jury d'assise prononça son acquittement à sept voix contre cinq, à la grande surprise du juge et malgré une culpabilité très plausible, et certainement par les effets de la beauté angélique du domestique qui ne pouvait pas, du coup, être coupable. | + | Et le jury d'assise prononça son acquittement à sept voix contre cinq, à la grande surprise du juge et malgré une culpabilité très probable, et certainement par les effets de la beauté angélique du domestique qui ne pouvait pas, du coup, être coupable. |
Le juge réagit en délivrant une allocution moralisatrice aux membres du jury, leur rappelant qu'ils étaient pour protéger la société, et qu'il ne pas être trop laxiste. Hormis celui-là, aucun autre acquittement ne fut prononcé lors des audiences suivantes. | Le juge réagit en délivrant une allocution moralisatrice aux membres du jury, leur rappelant qu'ils étaient pour protéger la société, et qu'il ne pas être trop laxiste. Hormis celui-là, aucun autre acquittement ne fut prononcé lors des audiences suivantes. |
Version du 5 novembre ~ miz du 2014 à 21:32
| Un domestique illettré et bretonnant, aux prises avec la justice française pour des histoires de vol, et sauvé par son physique remarquable.
Grace à un interprête, les circonstances des délits sur le territoire communal sont largement détaillées, ceci avec des similarités avec un autre procès célèbre, celui d'Yves Pennec relaté par l'écrivain Stendhal. | |||||||
Autres lectures : « LE DOUGET Annick - Violence au village » ¤ « STENDHAL - Mémoires d'un touriste » ¤ « BERNARD Norbert - Les voix d'Yves Pennec » ¤ « 1832 - L'affaire Jean Le Jaouanc, agresseur de Marie-Anne Le Corre » ¤ « 1844 - Placards réglementaires pour les cabarets gabéricois » ¤ |
1 Présentation
Annick Le Douguet, lors de sa thèse de doctorat soutenue en 2012 à l'université de Bretagne Occidentale, publiée sous le nom évocateur de « Violence au village » avait repéré cette pièce : « BB 20/103, 3e trim 39, Aff Hervé Kerluen, domestique laboureur d’Ergué Gabéric, 21 ans, vol domestique de grains, acquitté, malgré une culpabilité évidente selon le juge, grâce à sa beauté, l’un des plus beaux jeunes hommes de Basse-Bretagne ! ». En effet Théophile Le Meur, président juge de Quimper, écrit dans son compte-rendu d'assises : « Tous ont été touchés de la jeunesse, du physique remarquable de Kerluen, qui est l'un des plus beaux hommes de la basse bretagne, et il a été acquitté à sept voix contre cinq, d'après ce qu'ai appris plus tard, malgré sa culpabilité évidente, à mes yeux du moins. » Les circonstances du délit : un jeune domestique est surpris par son maître à subtiliser des gains de seigle, qu'il met dans un sac qu'il compte vendre le lendemain à la foire. Sa ligne de défense : Hervé Kerluen voulait profiter du fruit de cette vente pour se rembourser d'un prêt de que le domestique aurait consenti à son patron pour qu'il puisse s'enivrer au cabaret le jour du baptême du fils de la ferme, « un peu, mais pas de manière à perdre la raison. », le tout en toute discrétion vis-à-vis de la patronne. Dans les débats il est aussi question d'autres vols récents pour lesquels le domestique avait été soupçonné. Le jeune homme (et sans doute d'autres témoins) fut interrogé par un traducteur auxiliaire de justice, car il ne savait « ni lire ni écrire ... ; ne parlant que le breton ». Avec cette affaire on a une photo des relations sociales qui se nouaient entre les domestiques et leurs employeurs cultivateur où le pouvoir d'autorité n'est pas unilatéral, le domestique peut être amené à prêter de l'argent à son patron. Les autres composantes sociologiques sont le matriarcat (les hommes ont peur des femmes, leur cachant leurs petites affaires), l'alcoolisme (les cabarets étaient nombreux au bourg d'Ergué-Gabéric), et la religion (le baptême est une obligation pour tout nouveau né). Et enfin on a un maire qui ne prend pas vraiment parti entre ses administrés, allant jusqu'à exprimer ses doutes sur la culpabilité du voleur. |
Et le jury d'assise prononça son acquittement à sept voix contre cinq, à la grande surprise du juge et malgré une culpabilité très probable, et certainement par les effets de la beauté angélique du domestique qui ne pouvait pas, du coup, être coupable. Le juge réagit en délivrant une allocution moralisatrice aux membres du jury, leur rappelant qu'ils étaient pour protéger la société, et qu'il ne pas être trop laxiste. Hormis celui-là, aucun autre acquittement ne fut prononcé lors des audiences suivantes. |
2 Transcriptions
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3 Originaux
Lieu de conservation : Archives Nationales, site de Pierrefitte-sur-Seine. Série : BB/20, comptes d'assises Cotes : BB/20/103, 3e trimestre 1839 |
Droit d'image : Protégé. Usage : Accès privé et restreint aux abonnés inscrits Accès : Connexion obligatoire sur un compte nominatif d'adhérent GrandTerrier. |
Document | |||||
4 Annotations
- Boisseau, s.m. : mesure de capacité pour les matières sèches, les grains surtout. Sa contenance varie beaucoup suivant les produits et les localités et aussi suivant que la mesure est rase ou comble [¤source : AD Finistère, glossaire des cahiers de doléances]. La précision « Mesure du Roi » indique la volonté d'uniformiser les disparités, avant que le poids en mesure décimale ne soit adopté à la Révolution. Avant uniformisation, chaque ville ou village avait ses poids et ses mesures particuliers. Dans certains cantons, et plus particulièrement en Bretagne on était obligé d'avoir jusqu'à six mesures différentes dans son grenier pour procéder aux pesées. Par exemple le boisseau ras pour le froment contenait 11,2 litres à Morlaix et 107,1 litres à Landevennec [¤source : Wikipedia]. La mesure de Quimper était établie comme suit : 67 litres pour le froment et le seigle, 82 pour l'avoine et 79 pour le blé noir [¤source : Document GT de 1808] ou alors 67 litres pour le froment, 82 pour le seigle, et 80 pour l'avoine [¤source : Document GT de 1807]. [Terme] [Lexique] [Ref.↑]
Thème de l'article : Document d'archives sur le passé d'Ergué-Gabéric. Date de création : Novembre 2014 Dernière modification : 5.11.2014 Avancement : [Développé] |