A. Devis L'Haridon, 01.04.1836
L'artisan présente dès le 1er avril 1836 un devis contresigné de la main de l'architecte départemental et diocésain Joseph Bigot pour un montant global de 7486 francs et 80 centimes.
Département du Finistère. Arrondissement de Quimper. Commune de Ergué-Gabéric.
Devis des ouvrages à exécuter pour la restauration du clocher de l'église de Ergué-Gabéric et des grosses réparations aux murs et couverture de cette église par suite de l'éboulement de l'ancien clocher renversé par la tempête extraordinaire du 2 février 1836.
Exposé des motifs
Le présent devis comprend la reconstruction du clocher de l'église de la commune d'Ergué-Gabéric, les réparations à la couverture, au mur de façade et celui latéral Sud, à l'horloge, jeu d'orgues et cloches, brisés ou endommagés par l'éboulement du clocher. Ce clocher de forme pyramidale a été renversé et sapé jusqu'à sa base par la tempête extraordinaire du 2 février dernier. Les pierres en provenance et notamment celles avec moulures, ont été généralement brisées, dans leur chute par l'effet de la foudre, qui, suivant toute apparence, était mêlée dans une trombe. L'une des cloches a été brisée en plusieurs morceaux, la seconde est fendue de manière à ne rendre aucun son. L'horloge a été brisée sous le poids de la chute du clocher et le jeu d'orgues a éprouvé une commiotion telle que le mécanisme des tuyaux se trouve totalement dérangé.
§ Suite du devis ...
Par suite de cette destruction une partie de l'église se trouve à jour, et donne prise au ravage des vents et de la pluie. Le toit du côté nord a été réparé par la commune, mais les fonds ont bientôt manqué pour continuer toute autre restauration.
C'est pour remédier aux dégâts de cette tempête et rendre à sa destination le sanctuaire du culte dans cette paroisse, que le devis des travaux de restauration a été dressé sur la demande de Mr le maire de la commune, et l'invitation de Mr le préfet.
Construction
La base du clocher sera établie sur une platteforme de 2m 36c carrés qui existe au-dessus de la porte principale et qui se trouve saillante de 0m 29c sur un avant-corps du côté de la façade principale et du parement opposé. Cette platteforme sera préalablement démolie ainsi que le mur sur lequel elle repose jusqu'à la hauteur totale de 1m 50c. Cette partie de mur sera de nouveau reconstruite avec les pierres de la démolition et posée avec mortier de chaux et sablé bien confectionné, afin de consolider la base du clocher. La superficie de l'assise qui régnera au-dessus de la platteforme actuelle sera formée de deux pierres de 0m 40c d'épaisseur reliées entr'elles par un crampon en fer scellé en plomb. Ces pierres seront taillées en talus de 0m 15c de hauteur et de la largeur de piédroits afin de rejeter les eaux pluviales. Au-dessus de cette assise seront posés neuf piédroits terminés par des arcades. Les six piédroits d'angle auront 0m 25c d'épaisseur sur 0m 50c de largeur ; les trois piédroits internes auront 0m 25c carré. Les piédroits latéraux et internes seront reliés par une pierre en deux morceaux formant imposte et scellé entr'eux par un crampon en fer, afin d'empêcher tout écartement.
[...]
Toutes les pierres formant le massif du clocher seront de taille, prises dans la carrière, dite Crech-Ergué, et taillées avec le plus grand soin dans le contour des moulures.
Ces pierres seront fournis par la commune qui se charge de l'extraction de celles qui doivent compléter les pierres de l'ancien clocher, ainsi que des charrois des matériaux à pied d'oeuvre.
[...]
Valeurs dont il sera rendu compte et restant en dehors de l'adjudication, pour restauration des cloches, horloge et réparation au jeu d'orgues.
Les deux cloches brisées seront refondues, chacune d'elles pèse 260 kilogrammes à 1fr 90c le kilo, prix moyen, eu égard au déchet de la veille matière cy ... 494 fr 00 c
Valeur de la seconde cloche semblable ... 494 fr 00 c
Notal : le prix de la façon est évalué à 1 fr le kilo en matière fondue, et celui de la fourniture et façon à 3 fr 60 le kilo
Restauration de l'horloge. Somme approximative ... 500 fr 00 c
Réparation de l'horloge. Somme approximative .... 700 fr 00 c
Valeur pour objets imprévus dont il sera rendu compte ... 200 fr 00 c
Le charroi, la fourniture et l'extraction des pierres dont se charge la commune sont estimés valoir la somme de ... 700 fr 00 c
Valeur pour objets divers. Total : ... 3088 fr 00 c
Récapitulation sommaire des dépenses ci-après détaillées.
- La valeur des travaux du clocher s'élève à 3500.00 fr
- Celle des réparations intérieures de l'église à 542.30
- Celle pour cloches, horloge, jeu d'orgues, ... 3.088.00
Total : 7120 fr 30 c
- Honoraires de l'architecte pour l'acte des lieux, rédaction du projet et direction des travaux 5v% : 356.50
Total général 7486 fr 30 c
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B. Pétition du 03.04.1837
Le 3 avril les membres du conseil municipal adressent au ministre de la justice et des cultes une demande d'aide.
Monsieur le Ministre,
Le 2 février dernier à dix heures et demi du matin, par l'effet d'une tempête d'autant plus redoutable que le fluide électrique y présidait, le clocher de notre commune a été renversé depuis sa sommité jusqu'à sa base, les cloches ont été brisées, l'horloge détruite, le jeu d'orgues fortement endommagé.
Ce sinistre aurait sans doute occasionné des malheurs incalculables, si la providence n'avait veillé sur nous. C'était l'heure de la grande messe de la fête, qui, fort heureusement, se célébrait ce jour-là, à la chapelle de Kerdevot, située à une distance d'environ une lieue du bourg.
Ce désastre a plongé les habitants dans la consternation, en songeant à l'impossibilité où ils se trouvent de porter d'eux-mêmes, un remède à un si grand malheur. Ce que la fabrique [4] peut recevoir de la piété des fidèles ne saurait suffire que pour l'entretien de l'église. Pas d'octroi, par conséquent pas de secours à attendre de la mairie.
Notre seul espoir, en coopérant autant que nos moyens nous le permettent, est en vous, Monsieur le Ministre, et dans le conseil général du département, qui, nous le savons malheureusement, ne pourra nous accorder qu'un secours minime, vus les nombreux sinistres survenus dans notre département.
Nos quêtes , notre travail et nos prestations en nature seront loin d'atteindre la somme de 7486 fr 80 c calculée sur une base bien étroite par Mr l'architecte principal du département, que nous avons, sur l'avis de Mr le préfet, chargé de la rédaction des plans et devis pour le rétablissement du dégât calculé sur une élévation moindre que l'ancien clocher.
En 18345 les communes de Scaër et Quimperlé, dans le même cas, ont été secourues par le gouvernement sous les auspices de Mr Oupinier, député du Finistère. La sollicitude de notre député, Mr le Gogal de Toulgoët, qui a la bonté de nous prêter son appui, serait-elle vaine ? ... non, nous avons trop de confiance dans votre autre équité pour douter un instant que vous n'accueillerez pas favorablement notre demande d'un secours que, dans votre générosité bienfaisante, vous saurez calculer sur la pénurie de nos moyens.
Nous avons l'honneur d'être, avec le plus profond respect, Monsieur le Ministre, vos très humbles et très obéissants serviteurs.
Ergué-Gabéric (Finistère), le 3 avril 1836. Les membres du conseil municipal, (11 signatures), les autres membres ne signent.
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C. Le ministre, 04.05.1836
À la réception de la pétition du conseil municipal d'Ergué-Gabéric, le ministre des cultes et garde des sceaux Paul Jean Pierre Sauzet envoie ses consignes au préfet du Finistère Thomas Louis Mercier.
Ministère de la Justice et des Cultes. division du Culte catholique. Secours aux communes. Ergué-Gabéric. Restauration du clocher de l'église. Invitation d'instruire l'affaire.
Paris, le 4 mai 1836
Monsieur le Préfet, la commune d'Ergué-Gabéric réclame un secours pour la reconstruction du clocher de son église renversé par la foudre le 2 février dernier.
Sa demande est vivement recommandée par Mr de Tolgoët député de l'arrondissement. Je vous prie d'instruire l'affaire conformément aux prescriptions de la circulaire du 20 mai 1804 et de m'adresser ensuite vos propositions. Je vous renvoie la demande qui m'a été adressée.
Recevez, Monsieur le préfet, l'assurance de ma considération très distinguée. Le Gardes des Sceaux, Ministre de la Justice et des Cultes. (signature P. Sauzet).
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D. Lettre Bigot, 06.05.1837
Le 6 mai 1837, dans une lettre adressée au préfet et citée dans la biographie de Nolwenn Rannou, Joseph Bigot soutient la soumission de Jean-Louis L'Haridon, maître-maçon à Pleyben, pour l'exécution de la reconstruction du clocher d'Ergué-Gabéric.
Monsieur le Préfet. Conformément à votre lettre du 12 avril dernier, j'ai l'honneur de vous adresser ci-jointe la soumission du sieur L'Haridon maître-maçon à Pleyben, présentant toutes les garanties désirables de capacité et de solvabilité, pour la reconstruction du clocher de l'église paroissiale d'Ergué-Gabéric. Les nombreux certificats de capacité et de probité qu'il possède prouveraient qu'il est instruit dans l'art de la construction des clochers.
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E. Conseil de fabrique, 17.05.1836
Copie de délibération du conseil de la fabrique [4] contresignée pour copie conforme par le maire René Laurent.
Département du finistère, commune d'Ergué-Gabéric. Du 17 mai 1836. Copie de la délibération du conseil de la fabrique de la commune d'Ergué-Gabéric.
Séance du conseil de la fabrique convoqué en vertu de la lettre de Monsieur le préfet en date du neuf de ce mois et présidé par Louis Le Roux trésorier. Le président a communiqué au conseil la lettre sus dattée de Monsieur le préfet, lettre par laquelle ce magistrat demande la quotité et la nature du secours au moyen duquel la fabrique pourrait contribuer à la reconstruction du clocher de l'église paroissiale. Le conseil délibérant sur l'objet de cette lettre reconnu que la fabrique pouvait disposer d'une somme de trois cent francs pour concourir aux réparations dont il s'agit. Et le présent procès-verbal a été immédiatement revêtu des signatures des membres, le registre dument signé.
Pour copie conforme, Laurent maire.
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F. Le ministre, 20.12.1836
En décembre le nouveau garde des sceaux Jean-Charles Persil réclame le croquis du projet de clocher avant de valider l'octroi des 500 francs de subvention publique.
Ministère de la Justice et des Cultes. Division du Culte catholique. Exercice 1836. Meilars et Ergué-Gabéric. Réparations à leurs églises. Avis d'allocation de secours.
Paris le 20 décembre 1836
Monsieur le Préfet, le 8 novembre dernier, j'ai approuvé l'état de vos propositions de secours pour églises et presbytère. J'ai ajourné, toutefois, plusieurs allocations et notamment celle de 500 f attribuée à la commune de Meilars pour la reconstruction du clocher de son église jusqu'à la modification du projet, et celle de pareille somme de 500 f attribuée à la commune d'Ergué-Gabéric pour la réparation de son église, jusqu'après la production du dessin en l'absence desquels il était impossible d'apprécier le mérite du projet.
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G. Le préfet, 26.12.1836
En décembre le nouveau préfet Germain-Joseph Boullé fait part au maire d'Ergué-Gabéric de la décision du ministère d'octroyer le 500 francs d'aide.
26 décembre 1836. N° 303. Ergué-Gabéric. Travaux sur église. Joindre les pièces.
Au maire d'Ergué-Gabéric.
Le gouvernement vient d'approuver la proposition que je lui ai faite d'accorder à votre commune, sur le fonds du trésor, exercice 1836, un secours de 500 fr pour aider aux dépenses de reconstruction du clocher et de réparation de l'église évaluées à 7.086 fr 80 c.
Je vous fais en conséquence le renvoi du projet approuvé en vous priant de vous concerter avec le conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses afin de remplir au plus tôt les formalités nécessaires pour préparer l'exécution des travaux, qui aurait lieu aussitôt que la saison les permettrait.
Je désire être informé du résultat de cet examen. Agréez ...
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H. Conseil général, 16.02.1837
En plus des 500 francs du gouvernement, la reconstruction du clocher est subventionnée par 500 euros en provenance du conseil général du Finiistère.
16 févrer 1837. Communes travaux publics. Commune d'Ergué-Gabéric. Eglise. Travaux.
Au maire d'Ergué-Gabéric
Je viens de comprendre votre commune pour une somme de 500 francs dans la répartition du crédit alloué par le conseil général du département sur l'exercice 1837 pour aider les communes dans les dépenses de construction ou de réparation d'églises.
Un secours de 500 francs vous ayant aussi été accordé sur les fonds de l'Etat, exercice 1836, votre commune peut disposer immédiatement d'une somme de 1000 francs, concurremment avec les ressources locales.
Je vous réitère en conséquence la prière de vous concerter avec votre conseil municipal pour examiner les moyens qu'il y aurait de subvenir actuellement à la totalité des dépenses et de m'informer du résultat de cet examen dans le plus bref délai.
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