Lettre à l'évèque - 24.04.1809
24 avril 1809
Monseigneur [2] ,
Accusé devant votre grandeur d'avoir antièrement négligé mes devoirs d'ecclésiastique et de pasteur et d'être devenu un homme de la terre, mon devoir est de me justifier. Ce que j'ai la confiance de faire plainement en répondant directement et selon l'exacte vérité à tous les chefs d'accusation portés à votre tribunal. Les voici comme ils sont restés imprimés dans ma mémoire :
1°. j'ai toujours manqué de faire l'instruction les dimanches et fêtes.
2°. je les fais mal.
3°. j'ai manqué d'être exacte à écouter les personnes qui se présantoient au tribunal de la pénitence.
4°. j'ai manqué d'aller aux malades quand on m'y appelait.
5°. j'ai jetté cette corvée sur mon vicaire.
6°. devenu fermier, je m'occupe au labourage ou cela me divertit de mon devoir essentiel.
7°. j'ai fait des acquisitions.
J'avoue ici devant Dieu et devant votre grandeur que, si tout cela est véritable, je suis un homme bien malheureux, un homme bien indigne de sa vocation, qui a trompé les vues de ses supérieurs et qui s'est encore plus trompé lui-même.
Mais 1°. je puis dire avec certitude et avec confiance, ayant pour moi au moins le témoignage de ma conscience et certainement aussi celui de toutes les personnes vérédiques qui les dimanches et fêtes fréquentent cette église, que depuis que j'y ai mis le pied, j'ai fait régulièrement l'instruction les dimanches et fêtes, d'abors sur le symbole de la foi, ensuite presque toujours sur l'évangile. Si on y a manqué quelquefois, ça été bien rarement. Si la parole d'un prêtre qui depuis plus de 20 ans jouissoit de l'estime et de la considération de ses supérieurs, même de son évêque qui le revêtit de tous ses pouvoirs le jour même de son ordination ne suffit pas, qu'on interroge le coopérateur que j'ai eu et celui que j'ai actuellement il n'y a pas [...] à même de répondre à une pareille calomnie, qu'on les interroge, ils ne balanceront pas, je pense, de dire qu'il n'est guère possible d'être plus exacte.
Il me tarde de déposer mes sentimens dans le sein d'un père.
Cette persécution n'est pas récente, je me rappelle qu'une fois Mr Colcanap [6] ayant été à Quimper me dit : nous sommes veillés de bien près. Je lui répondis : tant mieux, celui qui fait son devoir ne peut pas y perdre. Une autre fois, il me dit : nous avons des ennemis, nous sommes taxés de négliger l'instruction. Je lui dis : he bien, vous savez le contraire. Nous n'y manquons presque jamais. Qu'avez-vous dit à Monseigneur J'ai répondu, dit-il, que celui de nous qui chante la grande messe, prône toujours. Je pansai bien dans le tems que c'était moi que la calomnie poursuivait. Ce qui m'affligeoit ; mais comme mes supérieurs ne me disaient rien, je ne crus pas devoir me défendre sans être attaqué directement dès lors, si j'eus eu le malheur d'avoir négligé mes devoirs, j'aurais pris une autre marche, mais je ne l'ai pas négligé ni jusques alors ni depuis mon entrée dans cette paroisse, je m'y suis tenu cloué, et ma raison principale, quoyque non la seule, était que plusieurs par affection humaine
voulant reconnaître pour chef un autre, je devais le moins possible m'absenter et me trouver présent à tout, d'autre part mes écoliers ne m'ont jamais permis de m'absenter.
On a aussi voulu de passer dans l'esprit de mon évêque pour un indolent. La même personne me le dit à demi mot ceci dans le même tems. Comme je ne savois rien que par voie indirecte, je dévorai cela sans me ... teindre. Je demandai cependant un jour à Mr Dumoulin, si j'avais démérité en quelque chose, il me dit formellement que non. Je ne reposai jusques à un certain point sur la parole d'un supérieur qui m'était ami, et me connaissoit de longue main. J'ai dit jusqu'à un certain point car je ne pouvois m'enpêcher de penser qu'on me ruinoit sourdement non plus. Je pense qu'on me huissoit, mais on avait pris parti pour un autre, on y tenoit, et fort probablement l'on y tient encore. C'est, je le crois, la source de toutes ces colomnies qui me talonnent depuis si liogtems. Mes supérieurs ont paru y ajouter foi et me condamner sans m'entendre. C'est ce qui m'accable.
Je ne suis pas un paresseux, ni un indolent. Ut minus sapiens dico [8] , mais j'y suis forcé. J'ai travaillé depuis que je suis ici, sans me flatter, plus qu'aucun autre. On n'a jamais manqué d'instruction dans le quarême ni dans les autres tems de l'année. L'année passée je prêchai le quarême à Pluguffant et à Plomelin et Mr Conan ici, tous les quarêmes antérieurs nous prêchions alternativement. Cette année mon vicaire vouloit prêcher le quarême, j'ai donné cependant deux sermons et la passion. Depuis trois ans j'ai été casi le seul à faire le catéchisme. Mr Coleanap après avoir été longtemps malade était très souvent occupé ailleurs. Mr Clastrou ne le fait jamais. Qui connoit cette paroisse sait bien qu'il y a de quoy s'occuper. J'ai eu dans les tems 10 à 12 écoliers qui sans préjudicier, je crois, à mes autres devoirs, le laissoient pas que de m'occuper. A présent mes neveux m'aident ; autrement je ne pourrois tenir. En m'examinant depuis mon bel âge, je ne crois pas avoir à me reprocher d'avoir été paresseux et indolent. Je suis mauvais marcheur.
2°. Le second chef d'accusation refutté. Ce me semble le premier. Il ne me convient pas de prouver que je fais bien les instructions. Mais je dois dire pour ma justification, mes supérieurs m'en crurent capable. J'ai toujours eu leur estime et leur approbation. Et je dis par sentiment intime je connois ma religion. Je n'ai jamais donné de preuve de l'avoir méconnue ni avant ni pendant, ni depuis la révolution.
N'est-il pas inouï qu'un paroissien, un paysant (il n'y a pas d'autres) ait accusé son pasteur de ne pas expliquer l'évangile, plus inouï encore qu'il ait été casi cru sur sa parole ! J'ai entendu dire à Quimper même qu'un tel prêchait misérablement que d'autres débitoient des phrases. Je ne fis pas semblé d'entendre cela. Souvent celui qui prêche le mieux plait le moins. Il faut expliquer bien mal l'évangile pour mériter d'être accusé d'une manière formelle, surtout devant des supérieurs
de tels élèves ont cependant trouvé andiance et ont peut-être été cru sur leur parole, puisqu'on a porté cela au supérieur majeur, sans dire un mot à l'accusé pour voir si cela était vrai.
Plusieurs d'ici sont casi tous les dimanches fourrés dans Quimper et ils assistent à la messe d'onze heures ou à quelques autre messe basse. J'ai parlé contre, ce sont pour être ceux qui se plaignent du défaut d'instruction ou qui disent qu'elles sont mal faites.
Je connois des pasteurs qui ne font que lire l'explication de l'évangile, ou réflexions sur le dit évangile, je ne sache pas que personne les ait accusés. si cela est mieux je ferai bien de même, je ne l'ai jamais fait quoyque je l'eus vu faire même avant la révolution.
3°. Quant au tribunal de la pénitence, dimanches fêtes et jours ouvriers je n'y ai jamais manqué quant m'y appelloit, à moins que je ne fus appellé pour quelque malade pressé. J'ai toujours confessé tous ceux qui se soit présenté à moi. Quelques uns d'ici m'ont demandé des billets pour faire leur pâque à Quimper, je les leur ai donnés pour laisser les consciences libres, qu'ils s'adressent tous à moi et je les écouterai. peut-être quelqu'un leur ayant demandé, pourquoy venez-vous ici ? ils ont répondu que leur pasteur négligeait de les confesser, ou n'en avoir pas le tems. C'est une déposition fausse.
J'ai cependant refusé d'écouter quelques-uns qui me vinrent le lundy de la quasimodo [9] . Mais ce fut par amour de l'ordre et pour le maintenir. J'avois annoncé dans le quarême ue la pâque commencerait le dimanche de la passion et finirait le dimanche de la quasimodo. Je voulois les punir de la négligence et leur faire sentir que le tems pascal ne dure pas toute l'année. Je leur parlai cependant avec douceur et en les priant de revenir dans 3 semaines.
4°. Je n'ai jamais non plus refusé d'aller à aucun malade quand on m'y a appellé. Dimanche dernier mon vicaire fut donner l'extrême onction à un malade éloigné que j'avois confessé le samedy. J'avois la grand messe à chanter et je ne pouvois la retarder. Je ne me souviens pas qu'il ait été pour moi que cette fois et deux autres. Et cela seroit-il ? Ca ne seroit qu'une certaine compensation. Lui ne pouvant faire le catéchisme qui n'est pas une petite besogne. D'ailleurs je ne crois pas qu'on puisse trouver à redire qu'on se rende service l'un à l'autre. Je connois dans ce diocèse et ailleurs des personnes de mérite qui se reposent casi du tout sur leur vicaires, on n'y trouve pas ç redire. Je ne l'ai pas fait.
6°. Je suis devenu fermier. Il est vrai que j'ai loué une petite tenue à Kergaradec, petit village le plus proche du bourg, voici comment. Si c'est mal je suis prêt de défaire ce que j'ai fait.
Depuis environ six ans que je suis dans le bourg, je n'y ai jamais trouvé un pouce de terre à louer. Si ce n'est qu'ayant fait parler un metayer de Penenrun, pour un mauvais champ et un petit pré y attenant, il répondit qu'il me les louerait pour 150 l. par an. Je tenois alors à ferme à un quart de lieue du bourg (au Castel) deux petits champs et une garêne que j'étais sur le point de perdre.
Dans le même tems (bientôt 2 ans) Dieu disposa d'une veuve et de son fils ainé à Kergaradec. Il restait un petit mineur de 10 ans. On me sollicitta à profiter de l'occasion. On m'offrit la jouissance de cette petite tenue (15 journaux terre chaude [10] ) si je voulus me charger du mineur et de son éducation. Je n'avois pas besoin de tout cela, il est vrai, mais on ne m'auroit pas loué une partie. J'acceptai et je me réservai une petite prairie et deux champs. J'affermai le reste à un homme à qui je croyais rendre service. Il n'y est resté que 18 mois qui ne lui étaient comptés que pour un an. Pour ne pas laisser détériorer cette petite tenue j'ai pris un domestique pour en avoir soin. Il y fait ce que de droit, aidé par d'autres qu'il aide aussi à son tour. Cela est bientôt fait. Très certainement je ne m'occupe pas personnellement de tout cela, même par amusement. Je ne suis que trop sédentaire. Comme j'ai dit, je ne suis pas bon marcheur, ni nouveliste. Je ne vais jamais chez personne que quand mon devoir m'y appelle. Je ne m'occupe pas même dans mon petit jardin, je n'en ai pas le tems. En m'examinant moi-même, je vois que je ne m'as... à rien.
7°. Mais il a fait des acquisitions.
Il faut remarquer 1° que le presbitère n'est pas à la paroisse. J'y suis comme l'oiseau sur la branche. Et encore si j'étois seul, mais je suis chargé de deux mineurs (mes neveux) avec leur mère qui par un effet de la révolution ont été antièrement ruinés. Ils n'ont que moi pour leur donner du pain. En même tems je les instruits et par concommitance d'autres. Depuis 4 à 5 ans je fais au presbitère toutes les réparations grandes et petites sans recevoir un sol. Mr Brehier n'en demandoit d'abors à la commune que 100 louis. ensuite il demande 300 l et acte sous signe privé fut passé à Lezergué, pour une somme de 3000 l. payable trois mois après l'autorisation du gouvernement arrivée à Quimper. En attendant la commune qui se chargeait des réparations évaluées à 1100 à 1200 l. devoit payer pour la ferme de l'année 120 l. L'année évolue et les réparations faites Mr Brehier exige 200 l. de ferme et 4000 l. pour le fond, et peut-être bientôt il exigera 5000 l.
Monsieur Geslin m'ayant dit qu'il désoiroit vendre quelques petites rentes qu'il avoit par ici sur tout le bourg. De peur d"événement je crus qu'il étoit prudent de saoisir l'occasion. Il ne vouloit pas vendre l'une sans l'autre. Comme j'avois vendu moi-même une rente de 150 l. et que j'avois quelques deniers entre les mains qui m'auroient exposé de moment à autre à mentir ou à mécontenter beaucoup de monde, mes amis surtout, je pensai qu'il étoit bon de la placer en cette occasion. Ce pouvoit être un avantage et pour la paroisse et pour moi et pour mes successeurs et pour les 2 pauvres mineurs que j'ai sur les bras. Je me fis une rentre d'environ 140 l., je n'y ai pas pensé depuis. Voila ce que j'ai fait. Je crois avoir entendu dire à mon voisin qu'il en avoit fait autant.
Quand j'étois directeur et ensuite procureur au séminaire de Plouguernevel, quoyqu'on eut les dîmes on y faisoit travailler un peu de terre pour les besoins de la maison. Avant la révolution Mr Le Bod recteur de Caste, l'homme de Mgr de St-Luc dans son canton faisoit travailler un peu de terre. J'ai un beau-frère qui étoit chez lui pour cela. Pour moi c'est contre mon intention et mon inclination que l'ai fait cette année.
On m'as aussi accusé d'être un peu dur. Si j'avais agis humainement, je l'aurois eté. Je suis bien éloigné d'avoir et ici dans la position de tête que saint Paul
recommandoit au peuple auquel il l'envoyoit en leur disant ayez soin et faites en sorte qu'il s'acquitte avec joie de son devoir parmi vous, je crois qu'il eut été difficile de faire plus que je n'ai fait pour les habitants de cette commune. Je crois pouvoir dire en conscience que j'ai fait pour eux tout ce qui m'a été possible, soit pour les devoirs de mon ministère, soit pour l'église paroissiale, soit pour Kerdévot, soit pour le presbitère, soit pour l'honnéteté civile quoyque je n'aille pour ainsi dire chez personne, plusieurs viennent chez moi.
Je me rappelle encore une autre chose que je rapporte parce qu'elle prouve jusqu'à quel point on a taché de me noircir.
Etant allé un jour voir Monsieur Colcanap [6] , tôt après qu'il fur à Plomelin, je le trouvai en chemin et je retournai avec lui à Quimper. Chemin faisant il me dit : on nous a noirci même dans cette comme, Comment ?. On m'a dit, dit-il, peut-être voudrez-vous vendre ici les sacrements comme au grand Ergué ? Qu'avez vous répondu, lui dis-je? J'ai dit que jamais je n'ai vendu les sacrements au grand Ergué. Il pouvoit bien dire qu'au grand Ergué on n'a jamais vendu les sacrements, il auroit détrompé et à son sujet et au mien. Je dévorai encore cela sans ien dire. Mais je puis dire que je n'ai jamais rien exigé, ni demandé, ni mandié la moindre chose au monde pour les sacrements et que je n'ai non plus rien reçu même de petites misères qu'on étoit dans l'usage de donner dans cette paroisse avant que j'y fus.
Je suis justiciable; qu'on me juge. Si y a ..., j'ai avancé qui soit faux, je passe condamnation. J'ai toujours pensé et je pense encore que chacun doit faire son devoir dans son état et cela selon Dieu. Je ne pas homme de la terre, grace à Dieu. Si le l'avois été je n'aurois pas agi comme j'a iufait depuis plus de 20 ans.
J'ai sçu tout perdre dans le temps. On m'offroit de l'argent et des places et au lieu d'accepter j'abandonnai même tout ce que j'avois. Mes principes n'ont pas chngé. Je n'agissai pas ainsi pour faire comme les autres, j'étois intimement persuadé qu'il falloit tout perdre et effectivment je perdait tout ecepté peu d'habits que j'avois sur le coros.
Grand Ergué 28 avril 1809, Le Pennec desservant.
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Lettre au maire - 09.1809
Note : les offrandes de Kerdévot de peuvent être employées à réparer leur presbytère.
7bre 1809.
Monsieur le maire
Si Mr le desservant du grand terrier vous avait communiqué mon ordonnance approuvée par un décret impérial, vous auriez vu qu'il m'est impossible d'approuver l'emploi que vous désirez faire des offrandes perçues dans la chapelle de Kerdévot. Les offrandes ont une destination que je ne puis changer. Les réparations du presbytère sont aussi à la charge du propriétaire ou de la commune, suivant les conditions souscrites pour la location de cette maison, mais dans aucun de ces deux cas les offrandes perçues dans la chapelle de Kerdévot ne peuvent avoir une pareille destination.
D'après le compte qui m'a été rendu des fonds qui restent dans le coffre fort, où les offrandes sont versées, et des réparations dont cette chapelle a besoin, j'ai renoncé pour cette année à la portion qui doit revenir, conformément à mon ordonnance et au décret impérial qui l'approuve, à mon séminaire.
J'aurais désiré, Monsieur le maire, qu'il m'eut été possible de faire ce que vous vous êtes proposé dans la délibération du conseil municipal du 24 octobre.
Je vous prie, Monsieur le maire, d'être persuadé de ma considération distinguée, + p. v. évêque de Quimper.
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Lettre à l'évèque - 10.09.1809
10 9bre 9
Monseigneur [2] ,
Je ne dois ni ne veux très certainement m'opposer à des arrangements commandés par le bien du diocèse, c'est pour le bien de ce diocèse où je suis né que me fis prêtre et que j'ai refusé des places ailleurs et que j'ai aussi renoncé par contract à 150 l. de rente qu'une personne pieuse me faisait par contract de vente dans ce pays.
Si j'étais libre et que la chose me fut possible, je me rendrois bien utile à Audierne et ne balancerois pas de quitter cette paroisse où je n'ai jamais manqué de peines et d'embarras, quoyque j'y ai fait tout le bien qui m'a été possible soit pour le spirituel soit pour le temporel ; et cela sans [...] aucune reconnaissance parce qu'on a toujours entretenu le peuple que j'allais les quitter.
Comme la providence m'y avait placé, je n'ai jamais voulu demander mon changement, quoique Mgr André [5] en m'y plaçant le l'avait promis dans peu. Monseigneur, votre grandeur me la propose aujourd'hui ; qu'elle me permette de lui faire quelque représentation et de lui exposer l'état et la situation où je me trouve.
Je ne suis pas riche, Monseigneur, et depuis mon arrivée dans ce pays j'ai sur les bras 2 mineurs avec leur mère ma soeure et veuve, ce me semble totalement ruinés par la nation, ils n'ont pas un sol sous le ciel, ils sont cependant bien nés et de bonnes mœurs, permanentes adhuc, et nihi videtur, in innocenti sua. L'ainé a à présent 14 ans et 1/2 et le cadet 13 ans et 1/2. Ils apprennent tous les deux la langue latine et ils ont de bonnes dispositions. L'ainé est déjà peut-être assez fort pour entrer en philosophie. Ils me semblent inclinés vers l'état eccléasiastique et c'est aussi pour le service des autels que je les élève. Je crois que le bon Dieu me tiendra compte de cette œuvre de miséricorde.
C'est pour donner du pain à ces enfans et pour les instruire et aussi pour tirer leur mère de l'occasion que je quittai Versailles où je refusai 2 paroisses et une place de chanoine à St-Louis.
C'est pour ces enfans et leur mère que j'ai préféré cette paroisse proche la ville à une place au Séminaire et une autre à Morlaix qui me furent offertes par Mr André à Paris. C'est pour eux que je me suis livré à l'éducation de la jeunesse. sans compter les écoliers que j'ai eus en chambre. J'ai eu à la fois 5, 6 pensionnaires payant 400 l. chacun. C'est ce qui a en grande partie levé mon ménage, qui, vue la quantité de monde que j'ai toujours eus, est assez censé
outre les 3 personnes qui sans moi n'ont aucune ressource, j'ai encore sur les bras un orphelin de la paroisse. Je suis chargé de son éducation par acte publique et j'ai pour cela la jouissance pendant 5 ans de sa petite tenue proche du bourg. Je m'y réservai 2 champs et un petit pré pour mes chevaux et vaches et affermai le reste à moitié profit. Le fermier quitta au bout de 18 mois, et depuis je n'ai pas trouvé un autre ; ce qui m'a obligé, malgré moi, à avoir plus de monde et plus de dépenses.
J'ai encore une autre mineure fille d'un frère défunt, mais celle-ci gagne son pain. Il m'a fallu m'industrier pour entretenir tant de monde. Mais cela n'a pezé sur personne et n'a été que le fruit de mes peines soutenues par l'idée de faire quelques bonnes œuvres dont la providence me chargeoit.
Comment me défaire tout d'un coup de tant de choses. Vendre ici mes meubles ou les faire transporter à Quimper pour la même fin, c'est casi tout perdre. Les transporter à Audierne cela couterait les yeux de la tête. Sans compter les pertes qui arrivent toujours dans les transports. Le transport seul couterait ce me semble 6 à 900 l. et encore, arrivés là où les mettre il me semble que Mr Guezengard étoit en pension, et qu'il n'y a point de presbitère à Audierne.
Comment irai-je là avec 3 autres personnes au moins qui sans moi n'ont aucune ressource ? Il me seroit impossible de les mettre en pension. Commencer par implorer pour eux la charité, ce seroit faire une forte vilaine antrée, avilir mon ministère, perdre les enfans avec leur mère et me perdre moi-même, je voudrois de tout mon coeur me mettre en pension, mais ceux-ci m'ont forcé et me forcent encore à tenir ménage . Ils sont en grande partie occasion de mon embarras et de mes peines, j'espère que les devant bien et pour le service des autels le bon Dieu m'en dédomagera.
Ce presbitère lorsque j'y entrai après beaucoup de peines et d'embarras étoit casi en ruine. Il est aujourd'hui en réparation. J'ai fait les avances et je ne suis pas payé. Comment le serai-je si je m'éloigne ? Ces avances montent à la somme de 479 l. 18 s. environ. Comment, chargé comme je suis, supporter de si grandes pertes ? Et aller dans un endroit qui ne m'offre aucun dédommagement. Ce n'est ni la capacité ni l'amour des grandes places qui me fait parler ainsi. Si jétois seul, je ne serais pas fort embarrassé.
Autre raison, en général on a mauvaise idée et fort peu de respect
pour les [...] prêtres qui ne paroissent pas avoir la confiance de leurs supérieurs, et une marque qu'ils ne l'ont pas c'est quand ils descendent au lieu de monter. Qui bene presuit presbitere duplici honore digni habeantur. Je suis persuadé qu'on me supposera coupable de quelque grand crime ou noirci de quelque vice. Moi surtout qui il y a 24 ans fut jugé digne d'occupé une place de directeur dans un séminaire, place alors si respectée dans le diocèse et qu'on ne donnoit qu'à des personnes choisies.
Si je suis coupable en quelque point, ou si on le pense, je demande qu'on ait la charité de me le dire. Je pourrai me blanchir peut-être ou avec la grace de Dieu je pourrai changer de conduite. J'ai demandé quelquefois si j'avais démérité et on m'a toujours dit que non.
S'il reste encore quelqu'impression des calomnies que 2 ou 3 malheureux ont débité contre leur pasteur sans aucune preuve, il n'est pas juste que je sois censé coupable sans preuves. Il n'est pas juste que des calomniateurs jouissent du fruit de leur crime. Nemini frans ant dolus patroninari debet. Je ne crois pas manquer au respect que je dois à mes supérieurs en demandant que je ne sois pas jugé sans m'entendre. Depuis mon arrivée ici, je sais que quelque personne par attachement aveugle à un autre a toujours cherché à me décréditer et à m'abaisser. On n'a jamais cessé de dire que je m'en allais afin qu'on ne s'attacha point à moi. Comme les personnes s'appercevoient que je n'ignorois pas leurs menées et que l'effet ne répondoit pas à leur désir, elles ont eu recours à la calomnie.
Il est à remarquer que les plus ardents calomniateurs et les plus acharnés à ce qu'on m'éloigne, c'est celui qui a dénoncé au ministère Mr Le Moyne et quelques ecclésiastiques respectables, son neveu et son plus proche voisin, qui portoit la parole à Briec et qui a été, m'a t-on dit, si souvent chez Mr Tromelinse. Il y a encore un autre qui m'a assuré qu'il avait eû rord et qu'il se repentoit.
Si c'est Kerdévot qui est la cause de tout ceci, je déclare que je n'ai jamais eû l'idée de résister aux ordonnances de Monseigneur. Comme président de la fabrique [11] et intermédiaire entre la paroisse et Monseigneur, j'avois cru devoir conférer avec Sa grandeur, et en lui proposant de prélever une somme fixe pour le séminaire, je croyois donner un bon avis et le seul peut-être pratiquable.
Le séminaire y auroit gagné et moi aussi, et comme ceci nous n'avons ni l'un ni l'autre. Les dépenses pour Kerdévot (2e église paroissiale, la grand messe s'y chantant à peu près le tiers de l'année) ayant toujours été sur l'année courante, il a été impossible de prélever 2 tiers par les comptes. Cela est évident, et les comptes ont été faits sans fraude et avant la réception de l'ordonnance. Et une chose à remarquer, si comme portent l'ordonnance et la lettre impériale, il ne pourra être rien prélevé avant d'avoir probablement assuré les dépenses nécessaires à l'exercice du culte, nous ne sommes pas sur le point de recevoir nos tiers respectifs.
D'ailleurs le second membre de la fabrique (Jérôme Crédou qui avoit acheté la chapelle, dit-on, avec les deniers des paroissiens) s'oppose à tout et ne se trouve à aucune assemblée.
Ses menées et le doute où s'est trouvé le peuple ont fait diminuer de beaucoup les offrandes dans la chapelle. Cette année avant le pardon le bruit couroit qu'il ny en auroit point.
D'après cet exposé que Monseigneur décide de tout dans sa sagesse. Je sais que je ne demande qu'un châtiment, mais entre deux maux il faut choisir le moindre.
Grand Ergué, 10 9bre 1809 ; Le Pennec desservant.
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Pétitions de paroissiens - 08.01.1810
8 janv. 10. Les habitants de la commune d'Ergué-gabéric, sous l'arrondissement de la justice de paix du canton de Quimper.
Monseigneur (bis) très digne et très respectable évêque du finistère demeurant à son palais épiscopal à Quimper.
Exposant que sans doute plusieurs malveillants ont bien voulu décrédité auprès de vôtre eminnentissime le sieur François Pennec notre desservant, qu'ils ont peut-être et mal-à-propos accusé à vôtre tribunal.
C'est pourquoi membres soussignant de la même commune d'Ergué-Gabéric, qui signeront la présente pétition tant pour eux en privé que pour d'autres qui ne la savent faire, osent vous demander que vous veuillez bien nous continuer pour notre desservant le dit sieur Pennec, qu'ils nous bous jugeons en nos âmes et conscience être un digne et véritable pasteur, méritant même à tous égards la place dont un autre pourait également être digne.
Néanmoins sur votre décision nous vous laissons libre, parce que nous savons que c'est à vous seul à commander à vôtre église.
C'est pourquoi nous habitants connaissants vos sentiments généreux sommes bien persuadé que vous ne vous refuserez point à nos désirs.
C'est dans ces sentiments que nous adressont à vous en vous priant de prendre pour nous tous les égards dont vous êtes capable. En attendant votre réponse nous avons l'honneur de vous présenter nos vœux qu'ils ne cesseront jamais de témoigner à l'être suprême.
Fait à Kerdévot le 8 janvier 1810.
Signés ; F. Trividy ; Joseph Quiniou ; Yves Le Grand ; Michel Nicolas ; François Le Lay ; F. Caugant, adjoint ; Emidy ; Pierre Le Naour ; Pierre Lozach officier municipal ; P. Le j Gouzien ; Hervé Huitric ; René Le Sergent ; J. Caugant ; J. Poupon
Nom des hommes présents qui ne savent signer et tous pères de famille. Pierre Le Dervouet ; Jean Danion ; Nicolas Daoudal ; Yves Le Grand ; Louis Le Naour père ; Hervé Le Feunteun ; Jean Le Jeune ; Pierre Le Gallou ; Jean Kernevez ; Louis Le Calvez ; Yves Barré ; Pierre Lozach du bourg ; Jean Gourmelen officier municipal ; Pierre Lozach de Kerdalez ; Denis Gourmelen ; Simon Cornec ; Gabriel Dardillon ; Guillaume Le Gall ; Louis Jacq ; Louis Istin ; Jean Le Poupon ; Hervé Huitric père ; Michel Le Feunteun ; Jean Le Berre ; Allain Le Roux ; Michel Le Berre ; Hervé Rannou ; Hervé Le Thytu ; Yves Moénez ; François Le Meur ; Philippe Lozach ; Yves Gourmelen ; Augustin Gelard ; Christophe Gourmelen.
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