Blog 19.03.2022
Un article de GrandTerrier.
Les billets récents du Blog de l'actualité du GrandTerrier |
[modifier] Légion d'honneur pour un grand invalide
19.03.2022 - Hervé Herry natif de Landudal, blessé grièvement le 10 novembre 1915 à Tahure en Champagne, trépané à l'hôpital militaire Buffon de Paris, époux de Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, ouvrier manœuvre à la papeterie Bolloré, et décoré de la croix de Chevalier de la Légion d'Honneur le 10 novembre 1936.Sources documentaires - Registre matricule (classe 1914, numéro matricule 4300, archives départementales du Finistère), bulletin paroissial Kannadig de décembre 1936, journaux locaux Le Finistère et Le Progrès du Finistère, et témoignage de sa belle-fille Germaine Herry (transcription + enregistrement sonore).
Hervé Joseph Herry, né le 26 juin 1894 à Landudal, est de la classe 1914, ce qui lui vaut d'être appelé au front dès septembre 1914 dans les rangs du 93e Régiment d'Infanterie de la Roche-sur-Yon. Un an plus tard il se retrouve dans les premiers combats de la campagne de Champagne, près de la butte de Tahure qu'il s'agit de reprendre aux Allemands. Les pertes des 2 côtés sont immenses (un autre poilu gabéricois, Jean-Louis Bihannic, y est mort le 25 septembre 2015), et à la fin de la guerre le village, complètement bombardé, ne sera pas reconstruit.
Hervé Herry lui est très grièvement blessé à la tête et aux membres par un tir d'obus le 10 novembre 1915 « en se portant à l'assaut des positions ennemies ». Son registre matriculaire le qualifie de « bon et brave soldat, courageux et dévoué ».
Il est évacué sur l'hôpital militaire Buffon de Paris où il « subit l'opération délicate du trépan et diverses autres interventions chirurgicales » (Kannadig décembre 1936). Comme il est confus, sa marraine de guerre, Madal Riou propriétaire du bar ouvrier de Stang-Ven, est « convoquée » à Paris pour le reconnaître. Il rentre au pays en août 1917, et se marie ensuite en octobre 1918 avec Madal, laquelle est veuve depuis le début de la guerre d'un dénommé Jean-Louis Porhiel, cousin germain d'Hervé Herry.
Le « grand invalide », réformé à 100% (brèche crânienne, hémiplégie droite, altération du langage et troubles subjectifs) avec une pension de retraite, est décoré de la Croix de guerre avec palme en juillet 1920.
Avec seulement une main et une jambe valides, il travaille d'abord dans les fermes, avant d'être embauché comme ouvrier à la papeterie Bolloré d'Odet, à proximité du bar de son épouse et futur hôtel-restaurant de l'Orée du Bois d'Emile et Germaine. En tant que manœuvre de l'usine, il sera notamment affecté à la construction de la nouvelle route de Lestonan à Odet.
Le dimanche 10 novembre 1935, lors d'une fête de l'armistice au bourg d'Ergué-Gabéric, il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'Honneur. Après une cérémonie religieuse et une cérémonie officielle près du monument aux morts, un banquet est organisé comme il se doit « chez le camarade Balès », sous la présidence de Pierre Tanguy, maire de la commune et également survivant de la Grande Guerre.
En savoir plus : « 1915-1936 - La légion d'honneur d'Hervé Herry, grand blessé de guerre en 1915 »