Jean-Marie Le Roux, maréchal des logis mort pour la France en 1918 - GrandTerrier

Jean-Marie Le Roux, maréchal des logis mort pour la France en 1918

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Catégorie : Biographies
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Le carnet de 3 années de guerre tenu par un maréchal des logis [1], nommé chef de section, mort en avril 1918 dans l'éboulement d'une sape [2] (galerie souterraine) de tranchée à Perthes-lès-Hurlus [3].

Tout à coup, dans un trou de sape, Gueule qui, tour à tour les happe, Ils ont disparu, les poilus ! Seigneur, que sont-ils devenus ~ « Aux tranchées », J. Le Bayon.

Autres lectures : « 1915-1919 - Les combats de Pierre Tanguy en Marne, Somme, Aisne, Meuse et Allemagne » ¤ « Evasion de René Morvan d'un camp de prisonniers en Allemagne, L'Ouest-Eclair 1916 » ¤ « DOUGUET Jean-François - Etienne Le Grand, un regard breton dans la Grande Guerre » ¤ 

[modifier] 1 Présentation

Incorporé au 28e Régiment d'Artillerie de Campagne du 11e Corps d'Armée en casernement à Vannes dès les premiers jours d'août 1914, Jean-Marie-Joseph Le Roux a servi au front en Champagne-Ardenne et en Belgique pendant les 4 années de conflit. Il a été promu sous-officier, c'est-à-dire « maréchal des logis » [1], le 13 octobre 1914, et nommé « chef de section » la veille de son décès le 6 avril 1918. Il était alors rattaché au 176e Régiment d'Artillerie de Tranchée créé en mars 1918.

Dans le carnet où il note tous ses déplacement, il y met le titre « La grande guerre de 1914 », puis il ajoute avec un crayon différent « 15, 16 », et enfin en rouge « 17 et 18 ». Ce carnet est l'un des trésors documentaires inédits publiés [4] sur le portail europeana collectant les objets familiaux datés du conflit de 1914-18 de tous les pays européens impliqués, à savoir l'Angleterre, la France, la Belgique ... et naturellement aussi l'Allemagne.

Les notes courtes et non rédigées du carnet couvrent toutes les opérations depuis le 1er août 1914 jusqu'au 23 mars 1917, soit un an avec son décès. Nous en donnons ici une première transcription.

Les jours de canonnades et de repos sont précisés, les lieux-dits de cantonnement et villages traversés, les liaisons entre les batteries de tir et leurs échelons de combat [5], ainsi que les horaires de train lors de ses rares permissions dans la ferme familiale du bourg d'Ergué-Gabéric, sans oublier ses blessures soit en déplacement à cheval, soit lors d'une canonnade en 1916.

 

Il n'attendra pas la fin du mois d'aôut avant de connaître ses premiers combats lors de la « bataille des Frontières » [6] : « Le 21 on s'en alla de Bazeilles pour rentrer en Belgique. On passa par un petit bourg dont j'ignore le nom [7]. Le 22 de bonne heure on repartit, c'est ce jour que nous livrions le premier combat aux Allemands à Maissin [8]. L'infanterie du 11e corps avait beaucoup souffert de ce terrible combat, la nuit du 22 on battait en retraite dans le plus grand désordre».

Fin septembre 1915 il est en plein dans la seconde bataille de Champagne : « Le 22 au matin commencement de l'attaque, c'est à dire bombardement jusqu'au 25, le 25 au matin à 9 heures l'infanterie s'élança en dehors des tranchées, c'était le commencement de l'offensive, ce jour même on fit 23000 prisonniers, et pris 24 pièces de canons, le 29 le nombre de prisonniers s'éleva à 25000 et le nombre de canons pris en Champagne de 191 ».

Sur la dernière page quelqu'un a ajouté : « Ici finit le carnet d'un héros qui a été tué le 7 avril 1918 ». Une carte de tous ces lieux de conflit où passa Jean-Marie Le Roux est en cours de préparation.

En complément, la lettre du capitaine Aubry qui constata le décès et dans la-quelle il écrit au frère de Jean-Marie et à sa mère pour leur expliquer les circonstances du décès : « Il a été pris sous l'éboulement d'une sape [2] avec un canonnier. Ce dernier, qui était près de l'entrée, a pu être dégagé à temps, tandis que votre frère, plus éloigné de cette entrée, avait cessé de vivre quand il a pu être retiré au bout d'un quart d'heure ».

[modifier] 2 Le carnet de campagne

[modifier] 2.1 Originaux

[modifier] 2.2 Année 1914

Page 1 - La grande guerre de 1914 - 16, 16, 17 et 18

Le 1er août 1914 l'ordre de la mobilisation générale des armées de terre et de mer fut décrété par le président de la République, le 2 août arrivèrent les premiers mobilisés dans leurs régiments respectifs. Du premier août jusqu'au huit c'est à dire jour de notre départ de Vannes qui eu(t) lieu ce jour à 2h25 du matin. Nous débarquions à Sommes-Py le 9 août c'est à dire un dimanche à 4 heures de l'après-midi où nous passions la nuit. Le 10 au matin nous partions pour Savigny (Ardennes) où on passa la nuit du 10


Page 2 - au 11. Le lendemain on se dirigea sur Boult-au-Bois où on cantonna pendant 3 jours, le 14 on partit de ce patelain pour aller à Verrière. On resta là jusqu'au 15, au soir à 4h fut le départ pour Thémery, on arriva dans le bourg en pleine nuit sous une pluie battante. Le lendemain le 16 on se dirigea sur Sedan ; l'arrivée à Sedan fut un dimanche à 6 heures, le 18 toujours à Sedan, on entendit pour la premières fois la fusillade sur un aéroplane boche qui fut atteint et tomba à deux kms de la ville. Le lendemain le 19 on quitta Sedan pour aller à Bazeilles à 4 kms de Sedan.


Page 3 - Le 20 au matin on avait vu plusieurs biplans allemands sur lesquels on avait tiré quelques coups de feu sans les atteindre. Le 21 on s'en alla de Bazeilles pour rentrer en Belgique. On passa par un petit bourg dont j'ignore le nom. Le 22 de bonne heure on repartit, c'est ce jour que nous livrions le premier combat aux Allemands à Maissin [8]. L'infanterie du 11e corps avait beaucoup souffert de ce terrible combat, la nuit du 22 on battait en retraite dans le plus grand désordre. Le 23 on prend position sans tirer un coup de canon. Le soir on s'était retiré sur


Page 4 - le bord d'une route pour se coucher. Le 24 on retourna par Bazeilles Sedan où l'on coucha dans un champ, le 25 la lutte recommença. C'est ce jour que les premiers obus passèrent par dessus nos têtes, le 26 la lutte continue, on continue à battre en retraite sous un feu nourri des pièces 120 allemandes, le 29 on se déplaça d'un bois à un autre, le 30 la canonnade continua, nous reculions pour la 3e fois sans perte heureusement, le 31 on se reposa, et on se régala même ce jour. Le 1er septembre on s'était combattu, le 2 repos, le 3 on reprend la lutte, le 4 et le 5 repos, le 6 la bataille recommença, à un moment donné


Page 5 - voilà que les fantassins boches tombent sur notre dos, les balles sifflent à nos oreilles, de là on s'est retiré à la Fère Champenoise. Le 7 fut une belle journée pour nous, on les refoula le 8 au matin, au moment où on allait prendre position l'infanterie déboucha d'un bois au moment que l'on allait s'engager dans un ravin très profond, les balles pour la deuxième fois sifflèrent autour de nous, on repassa par la Fère Champenoise et l'on recula ainsi jusqu'à 2 heures, c'est dans cette jolie ville que le maréchal des logis Guiné maréchal ferrant fut tué, le lendemain le 9 septembre la lutte recommença


Page 6 - et on du(t) battre en retraite ce jour-là jusqu'au département de l'Aube, le 10 les Allemands commencèrent à leur tour à reculer, alors on se porta en avant d'une vingtaine de kms, le 11 et le 12 nous continuions à avancer, le 13 septembre fut stationnaire, le 14 le chef Paugeois et les servants Touchard et Poulain furent tués, Kerrand et quelques servants blessés, le 15 on avait pas tiré, le 16 et le 17 nous n'avions pas bougé, le 18 on se dirigea sur Reims, mais de crainte à être pris sous le bombardement nous avions appuyé sur la gauche, pour aller contourner à Rilly la montagne, le 19 on


Page 7 - ne quitta pas ce pâtelain, le 20 nous avions pris position à quelques kms de la ville sans tirer un coup de canon. Le 21 nous quittions Rilly la montagne la nuit pour se diriger vers la Fère en Tardenois, le 22 on continua la route et on arriva à 4kms de cette ville où nous passions la nuit. Le lendemain 23 septembre on traversa la ville qui était occupée par les Anglais, le 24 et le 25 rien de nouveau, le 26 nous quittions Vertfeuille pour aller à Compiègne où l'on continua, nous passions la nuit dans une caserne. Le 27 on se dirigea sur la Sommes, et on passa par Ailly


Page 8 - Corbri et ainsi de suite pour arriver à Bouzencourt. Le 28 septembre on recommença la lutte, le 29 elle continua, le 30 ce fut de même, le 1er octobre, le 2, le 3, le 4 on se battit durement, ce jour on dut quitter Baumont sous un terrible bombardement pour venir cantonner à Mailly-Maillet, le 6, le 7, le 8, 9 et 10 la lutte continua avec acharnement, ni l'un ni l'autre recula, le 11 la journée fut assez tranquille, le 12, c'est-à-dire la 8e journée qu'on passa à Colineamps, le 13 fut tué le lieutenant Cams vers 7 heures du matin. Il fut enterré dans le cimetière de ce patelain, ce fut ce jour-là


Page 9 - que j'avais passé sous officier. Le 14 pas de changement, ni le 15 non plus, le 16 et le 17 repos, le 18 journée assez tranquille, le 19 et le 20 rien de nouveau, le 21 repos, le 22, le 23, le 24 rien de changé, le 25 repos, le 26 et le 27 en position, le 29 tir sur les avions, le 29 et le 30 la même chose, le 31 et le 1er novembre repos, le 2 en position à Auchanvillers, le 3 aussi, le 4 et le 5 tir sur aéros, le 6 repos, ces derniers jours on avait cantonné à Bertrancourt, le 7 en position, dans la nuit du 7 et du 8 les boches avaient lancé quelques obus sur Bertrancourt tuant 2 chevaux, le 8 en position,


Page 10 - le 9 et le 10 repos, le 11 en position, le 12 repos, à partir du 25 octobre la batterie n'était plus suivi de l'échelon [5], le 13 novembre repos, le 14 tir sur aéros le matin, repos le soir, le 15 et le 16 repos, le 17 en position, le 18 repos, le 19 terrible canonnade, le 20 en position, le 21 et le 22 repos, le 23 tirs sur aéros, le 24 et le 25 repos, le 26 en position, le 27 et le 28 repos, le 29 en position, le 30, le 1er, le 2, 3 et 4 décembre repos, le 5 en position, le 6 repos, le 7 en position, le 8 repos, le 9 en position, le 10 repos, le 11 aussi, le 12 en position, le 13, le 14 et le 15 repos, le 16 départ de Bertrancourt


Page 11 - pour Albert, le 17 et le 18 attaque, le 18 au soir on avait été ravitailler la batterie de tir, il faisait une nuit noire, on ne voyait pas à 2 mètres devait soi, aussi quelle misère ce soir là, le 19 journée assez tranquille, le 20, 21, 22 et le 23 pas de changement, le 24 attaque sur la Boiselle, le soir la canonnade continua, mais pas aussi terrible que le matin, le 25, 26 et le 27 rien de nouveau, le 28 tous les conducteurs de l'échelon et les servants de la batterie de tir avaient été rassemblés pour rendre les honneurs au commandant Lasnes [9]

[modifier] 2.3 Année 1915

Page 12 - qui fut décoré de la croix de la légion d'honneur par le colonel Ely du 35e d'artillerie, pendant la décoration la pluie tombait abondamment, le 29, 30, 31 rien de nouveau, le 1er janvier les boches nous avaient envoyé quelques obus, le 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 et le 12 rien de changé, le 13 au matin attaque allemande qui fut repoussée, le 14, 15, 16 et 17 rien de nouveau, dans la nuit du 17 au 18 attaque allemande, les boches nous enlevèrent une partie de la Boiselle qu'on leur avait pris à l'attaque du 25 décembre, mais le matin du 18 on leur reprena cette partie perdue, dans la journée du 18 la neige

 

[modifier] 2.4 Année 1915 (suite)

Page 13 - tomba, du 18 au 6 février rien de changer, le 7 attaque allemande qui fut repoussée, le 8 les boches envoyèrent quelques obus autour de l'échelon. Du 9 février au 1er mars rien de changer mais mauvais temps, de ce jour jusqu'au 20 rien à signaler, le 20 on avait changé de place avec la 6e batterie, du 20 au 31 mars inclus pas de changement, du 1er avril au 10 mars non plus, dans la nuit du 10 au 11 avril forte attaque allemande entre Hamel et le château de Chupval, du 11 avril au 2 juillet rien de changer dans la situation, le 3 juillet départ de Bouzancourt pour Meaulte,


Page 14 - le 19 juillet bombardement sur le bois allemand avec des obus mandrains, du 19 au 7 août état stationnaire, dans la nuit du 7 au 8 août 1915 départ de Méaulte pour se rendre à Glisz, le 8 départ de ce patelain pour Fausmanont où on resta jusqu'au 19, le 19 départ de ce bourg pour aller à l'Ihus que l'on quitta le 21 à 6 heures du matin pour embarquer à Thévecoeur, on débarqua à Vitry le François le 22 au matin pour aller cantonner à Touvrat qui l'on quitta le soir même du 22 août pour se rendre à Toulvagny où


Page 15 - l'on passa la journée du 23, le 23 à 7 h du soir, on s'en alla cantonner à Poix où on arriva vers 10 h du soir, le 24 à 8 heures du soir on quitta Poix pour aller à la Croix en Champagne où on passa 3 jours, le 4e on s'en alla cantonner dans un bois entre la Croix et Duve où on passa la nuit sous la pluie, on partit de ce bois dans la nuit du 30 au 31 août pour arriver à Verrières (Marne) vers 2 h 1/2 où on resta jusqu'au 4. Le 4 à 11 h du soir on quitta Verrières, on passa par Ste Menéhoult pour arriver au bois de la Chamères,


Page 16 - la batterie de tir alla se mettre en position au mont Rémois, à 3 kms de l'endroit où cantonna l'échelon, c'est à dire le 5 septembre, de ce jour jusqu'au 22 corvée de rondins, on alla les chercher à la ferme de l'Asaja, à la Neuville au Pont, à Dommartin la planchette et Valmy, au ravitaillement en obus on alla à la ferme Venise, à la Neuville du Pont, et à Valmy. Le 22 au matin commencement de l'attaque, c'est à dire bombardement jusqu'au 25, le 25 au matin à 9 heures l'infanterie s'élança en dehors des tranchées, c'était le commencement de l'offensive,


Page 17 - ce jour même on fit 23000 prisonniers, et pris 24 pièces de canons, le 29 le nombre de prisonniers s'éleva à 25000 et le nombre de canons pris en Champagne de 191, après ce jour le progrès fut minime. Le 25 octobre on quitta le bois de la Chamères pour aller à Sivry sur Ante où on cantonna jusqu'au 31, le 31 après-midi le départ eut lieu de Sivry pour Herpont, on resta dans ce patelain pendant 6 jours 1/2. Le 6 novembre vers 1 h de l'après-midi on s'en alla de Herpont pour aller dans un bois près de Sommes-Bionne, la batterie de tir partit prendre position dans


Page 18 - la nuit du 9 au 10, à partir du 10 on commença les casemates et les écuries que l'on dut quitter aussitôt les avoir terminés. Le 30 novembre je partis en permission de 6 jours pour arriver à Quimper par le train de 8h du soir le 8 décembre, le 9 décembre la permission étant terminée je partis de Quimper par le train de 11 h 35 en compagnie de Floc'h Poulduic, j'arrive à Touvrat qui se trouve à 4 km de Vitry le François la gare où j'avais débarqué le 11 décembre, la batterie étant au repos dans ce bourg depuis le 8, le départ eut lieu le 23 décembre pour Courtiol où on avait fêté la Noël.

[modifier] 2.5 Année 1916

Page 19 - Le lendemain 24 on quitta ce pâtelain pour aller se mettre en position entre Perthes et Souvain. L'échelon cantonna au camp train blindé à 6 km en arrière de la batterie de tir, le 11 janvier au soir vers 10 heures la première pièce fut détruite par un obus qui éclata dans la lame du canon, le maitre pointeur Le Bayon fut tué et le chargeur Le Bail blessé légèrement, le 20 mars après-midi un accident m'est arrivé, j'allais à la position de batterie avec le camarade Levianant je montais un des chevaux du capitaine Morel, presque aussitôt sorti du camp


Page 20 - train blindé, j'avais voulu dépasser une auto chargée de rondins se dirigeant vers les tranchées, en petite vitesse, en ce moment une fourragère attelée de trois chevaux descendait au trop, pendant que les deux voitures se croisaient j'avais voulu la dépasser, elle qui marchait dans le même sens que moi, mais mon cheval ayant eu peur de cette voiture me ficha du côté de la fourragère si bien que mon genou se heurta dans le poitrail d'un des chevaux, c'est à dire celui qui se trouvait de mon côté, c'est ainsi que l'accident arriva, aussitôt le coup arrivé, je me sentais si


Page 21 - faible que j'avais failli dégringoler de cheval aussi je m'étais retourné à echelon immédiatement, le 21 après-midi on me dirigea sur l'ambulance de triage à Sommes-Suippes où j'ai passé la nuit du 21 au 22. De là c'est à dire le 22 je prenais le train de 11 heures pour Châlons où j'arrivais vers 2 h, là on me plaça dans une ambulance de triage près de la gare, ensuite je fus dirigé en auto sur la caserne du 106e régiment d'infanterie transformée en hôpital que l'on appelait Hôpital Chanzy où j'arrivais le 22 mars à 4 h 1/2.


Page 22 - Le départ de l'hopital eut lieu le 29 avril pour aller en permission de 7 jours, le 30 je partis de Quimper le 8 mai pour arriver à Troyes le 9 vers 2 heures de l'après-midi, le départ de Troyes eut lieu le 10 par le train de 11 heures du soir, j'arrivai à Toclers par le train de 4 heures du matin, le 11 mai je pris le train de 9h à Toclers pour arriver à Châlons par le train de 9 h 1/4 où je suis resté jusqu'à 4 h 30, à Chalons je prenais le train de 4 h 30 pour arriver à Vraux à 5 h 1/2, le départ eu(t) le 21 mai à


Page 23 - 12 h 45 pour aller à St Jean sur Moivre, le 22 on quitta ce village pour aller à St Jean la Bonesse que l'on quitta le 23 pour arriver à Laimont. On partit de ce village le 25 pour arriver ce jour à Issoncourt que l'on quitta le 28 pour arriver à Nireville où on arriva vers 9 h 1/2, de ce jour. La 2e section alla prendre position ce jour au Ravin de la mort et la première le 29, l'échelon alla cantonner au bois de la ville à 7 kms de Verdun. Le 30 mai la première section fut


Page 24 - relevée dans la nuit du 20 au 21 juin, la deuxième dans la nuit du 21 au 22, la 1ère remonta dans la nuit du 23 au 24 pour aller prendre position sur la rive gauche de la Marne, près de la ferme Bamont, et la 2e dans la nuit du 24 au 25 juillet. La batterie garda cette position jusqu'au 11 août, la première section descendit dans la nuit du 11 au 12 et la 2e section dans la nuit du 12 au 13 août. Le 13 août fut le départ de Verdun, on arriva à Huppecourt ce jour à 10 h du soir, le 14 août au matin on partit d'Huppécourt pour Vavincourt où on arriva le


Page 25 - 14 vers 11 h du matin. Le départ de Vavincourt eu(t) lieu le x pour aller embarquer à Révigny on arriva à Epernay à x heures du matin, de là on alla cantonner à Pierry à 500 m d'Epernay, on quitta Pierry le x pour se rendre en position, la batterie de tir s'installa à Reims et l'échelon dans Les Mesneux. Le 24 aôut on resta à les Mesneux jusqu'au mois de juin, le 9 on quitta les Mesneux pour aller à la ferme de Cosson qui se trouve à 6 kms des les Mesneux, dans cette ferme on resta un mois environ, le départ eu(t) lieu vers le 18 juillet


Page 26 - pour se diriger sur St Quentin où on prenait position vers le 26 ou 27 juillet, dans ce secteur on ne resta que 5 ou 6 jours, les premiers jours d'août on arriva dans le secteur d'Hurtelvie, où on passa environ 1 mois et demi, vers le 15 septembre ou le 20, on quitta cette position pour prendre le secteur de Laffaut, où on arriva vers le 24, la batterie de tir et l'échelon cantonnèrent dans un bois à 3 kms de Braisens. Dans la nuit du 26 au 27 septembre je fus blessé à Vailly en allant envoyer des matériaux à la position,


Page 27 - je fus pansé à Vailly même, de là une auto m'expédia à Chasserny, où j'ai passé le restant de la nuit, le 27 une auto américaine m'envoya à Mont Notre Dame où je suis arrivé vers 9 heures du matin, vers 10 h 1/2 je fus [...] dans cette ambulance, je suis resté jusqu'au 4 octobre au soir où j'ai pris le train pour Argentan qui arrivait vers 14 heures le 5 octobre, de la gare j'ai été envoyer dans une voiture à l'Hotel Dieu, de là on m'envoya à l’hôpital auxiliaire n° 26. Je suis sorti de l'hôpital le 8 novembre pour aller en convalescence de 20 jours.


Page 28 - Je partais d'Argentan par le train de 2 heures et demi pour arriver à Paris à la gare du Nord vers 6 heures et demi, à Paris j'ai passé le nuit du 8 au 9, le 9 je prends le train de 8 heures 3 à la gare d'Austerlitz pour arriver à Vannes vers 6 heures, où j'ai passé la nuit du 9 au 10, le 10 j'avais le train à Vannes à 2 heures et demie pour arriver à Quimper vers 6 heures du soir, le 30 je partais de Quimper par le train de 11 h 35 pour arriver à Vannes vers 4 heures de l'après-midi. Le lendemain 1er décembre je fus affecté à la 70e batterie où j'ai passé 3 jours.


Page 29 - Le 4e jour c'est à dire le 4 décembre je passais à la 67e batterie où j'ai passé 4 ou 5 jours. Le 8 je quittais Vannes pour se rendre à Saint Martin sur le pré à 2 km 600 de Châlons, dans ce patelain je suis resté une dizaine de jours, ce patelain je l'ai quitté le 19 décembre au matin par le train de 5 heures 3 pour se rendre à Somme-Suippes vers 5 heures moins le quart du matin, aussitôt je me suis rendu à Somme-Suippes où je suis arrivé vers 9 heures, aussitôt je

[modifier] 2.6 Année 1917

Page 30 - fus affecté à la pièce 2630, on resta environ 1 mois à Sommes-Suippes, le départ eu(t) lieu le vendredi 18 janvier pour aller occuper une ancienne position de batterie à Perthes. Le 22 je faisais commencer les travaux vers 6 heures du soir pour terminer vers 11 h 1/2 ce jour là, les travaux continuèrent ainsi jusqu'au 7 février, le 7 au soir on quitta la position à cause d'un coup qui devait avoir lieu sur la butte de Mesnil pour se rendre au train régimentaire du 1er groupe entre Somme-Tourbe et Somme-Suippes, là on resta 10 jours environ, le 18 on s'en alla sur train régimentaire à


Page 31 - l'échelon de la 3e batterie. Le lendemain les équipes 30 et 31 furent affectés à la 8e batterie, on passa 2 jours à l'échelon, le 20 au soir on quitta l'échelon pour se rendre à la position 159 située à 1 km de la route de Perthes à Tahure, là nous avions attendu les ordres pour recommencer les travaux, le 5 mars au soir je partais en permission de 12 jours, j'avais pris le train à Somme Tourbe à 10 h 12 pour arriver à Quimper le 7 par le train de midi, le 20 je partais de chez moi pour arriver à Châlons le 21 au soir, dans cette ville


Page 32 - j'avais passé la nuit du 21 au 22, je partais de Châlons par le train de 5h 3 pour arriver à Suippes vers 8 heures du matin, de Suippes je m'étais dirigé sur l'échelon de la 7e batterie où je suis resté jusqu'à 4 heures de l'après-midi, j'arrivai vers 6 heures à la position 159. Quand je suis arrivé, c'est à dire de retour de permission, les travaux étaient recommencés, le canon était déjà arrivé, le 23 je recevais les 3 fantassins qui déjà étaient désignés pour servir ma pièce.


Ici finit le carnet d'un héros qui a été tué le 7 avril 1918.

[modifier] 3 Autres documents

[modifier] 3.1 Originaux

[modifier] 3.2 Acte de décès

L'an mil neuf cent dix huit, le sept du mois d'août, à trois heures cinquante minutes du soir, étant à Perthes (Marne), porte du casernement : Acte de décès de Jean Marie Joseph Le Roux, maréchal des logis de la 117e batterie du D.R. du 176e Régiment d'artillerie, immatriculé sous le n° 38 au bureau de recrutement de Quimper, né le cinq février mil huit cent quatre vingt dix à Ergué-Gabéric canton de Quimper département du Finistère, domicilié en dernier lieu ) Ergué-Gabéric, décédé à Perthes (Marne) région des entonnoirs le sept avril mil neuf cent dix huit à neuf heures quarante cinq minutes du matin de blessures recues en service (mort pour la France), fils de feu René Grégoire et de Marie Perrine Barbe Le Floc'h. Dressé par nous Aubry Gaston Pierre Emile capitaine la 117e batterie du D.R. du 176e Régiment d'artillerie officier de l'Etat civil sur la déclaration de Louis Silvain Delteil vingt neuf ans maitre pointeur et de Jean Jarny cingt quatre canonnier servant, tous deux à la 117e batterie du D.R. du 176e Régiment d'artillerie, lesquels témoins ont signé avec nous après lecture du présent acte. Signé : Aubry, Delteil et Javry.

 

[modifier] 3.3 Lettre du capitaine

Secteur postal n° 234 le 2 juillet 1918

Monsieur. En réponse à votre lettre du 13 juin, adressée secteur 104 (au lieu de 234) qui m'est parvenue le 29 juin, j"ai l'honneur de vous donner les renseignements suivants :

Les ordres relatifs à la marche à suivre pour avertir les familles en cas d'évènements graves ne m'ont pas permis d'exprimer, en temps utile, à Madame Le Roux, les sentiments par nous ressentis lors du décès de son cher fils.

Je vous prie d'être mon interprète auprès de cette pauvre mère pour lui dire que la mort du Maréchal des Logis Le Roux nous a causé une réelle douleur, puisque nous perdions un membre de la famille.

J'ai accompagné, avec un détachement de ma batterie (les autres canonniers ne pouvant pas quitter leur poste), ce bon sous-officier à sa dernière demeure. En plus du devoir que je remplissais au nom du Pays, et pour la satisfaction de mes sentiments, j'avais conscience de représenter sa pauvre maman à laquelle mon cœur de soldat, de père, me commandait de penser.

Le corps de votre frère, mort pour la Patrie, a été l'objet de toute notre sollicitude. Il a été placé dans un cercueil, un service funèbre a eu lieu à l'église de Somme-Suippe, les honneurs militaires lui ont été rendus. Il a été enterré dans le cimetière de ce village tombe n° 1617. Ma couronne a été déposée par nos soins sur cette tombe.

Le Maréchal des Logis Le Roux, que j"avais encore vu la veille de sa mort, très gai, car je lui avais annoncée qu'il remplirait désormais les fonctions de chef de section. Il a été pris sous l'éboulement d'une sape avec un canonnier. Ce dernier, qui était près de l'entrée, a pu être dégagé à temps, tandis que votre frère, plus éloigné de cette entrée, avait cessé de vivre quand il a pu être retiré au bout d'un quart d'heure.

J'ai fait immédiatement l'inventaire de ce qui appartenait à votre frère. Il possédait une certaine somme à laquelle j'ai ajouté la solde qui lui était due jusqu'au 7 avril.

J'ai déposé chez l'officier de l'Etat-Civil son portefeuille qui contenait la somme de 286 F 70, ainsi que des lettres et objets qui étaient sa propriété. Je pense que Madame Le Roux doit être actuellement en possession de sa succession.

Le certificat dont vous me parlez a été joint aux pièces ci-dessus.

Je suis dans l'obligation de prendre des renseignements dans les unités où étaient antérieurement votre frère, pour vous répondre en ce qui concerne le rappel de l'indemnité de vie chère.

Le J.O. du 25 avril 1918 page 2397 traite d'ailleurs cette question.

Vous voudrez bien attendre sans vous impatienter la réponse à ce sujet, car le service postal n'est pas toujours très rapide.

Veuillez croire, Monsieur, ainsi que Madame Le Roux, à mes sentiments de sincères condoléances et agréez l'assurance de mes salutations empressées.

Signé : E. Aubry

[modifier] 4 Annotations

  1. Le sergent des troupes montées se dénomme maréchal des logis dans les troupes historiquement dotées de chevaux. L’appellation maréchal des logis provient du fait que les premiers porteurs de ce titre étaient chargés de préparer les étapes de leur escadron (ravitaillement, hébergement). En 1914 ce grade de sous-officier était porté dans les régiments de cavalerie et d'artillerie. [Ref.↑ 1,0 1,1]
  2. Sape, s.f. : galerie souterraine exécutée dans une guerre de siège ou une guerre de tranchées pour s'approcher à couvert d'une position ennemie. "Sur les vingt-cinq kilomètres de largeur qui forment le front de l'armée, il faut compter mille kilomètres de lignes creuses: tranchées, boyaux, sapes" (Barbusse, Feu, 1916, p. 32). [Ref.↑ 2,0 2,1]
  3. Le village de Perthes-lès-Hurlus comptait 156 habitants en 1914. Le passage de l'armée allemande lors de la Première Guerre mondiale a obligé les habitants à fuir leurs maisons dès le début septembre 1914. Le village fut anéanti, et ne s'est plus jamais relevé, victime de cette guerre. Les villages de Tahure, Le Mesnil-lès-Hurlus, Perthes-les-Hurlus, Hurlus et Ripont formaient la région des entonnoirs, ces immenses trous d'explosion des obus. Lors de la création du camp militaire de Suippes en 1950, la commune fut officiellement supprimée, et son territoire rattaché à la commune voisine de Souain, qui prit alors le nom de Souain-Perthes-lès-Hurlus pour perpétuer la mémoire du village disparu. [Ref.↑]
  4. Dossier FRAD022 déposé sur Europeana par Patrick CARIOU, descendant de la famille Le Roux. Les documents sont conservés aux Archives Départementales des Cotes d'Armor. [Ref.↑]
  5. Généralement l'échelon de combat s'installait 400 à 500 mètres en arrière du front des batteries de tir, à l'abri des vues. [Ref.↑ 5,0 5,1]
  6. La bataille des Frontières désigne la toute première phase des combats de la Première Guerre mondiale sur le front Ouest en août 1914, juste après la mobilisation des différents belligérants. Comme il s'agit d'une expression française, le terme désigne la série d'affrontements entre les troupes allemandes et franco-britanniques le long des frontières franco-belge et franco-allemande, sur une période allant du 7 au 23 août 1914. [Ref.↑]
  7. Le 28e RAC n'est pas intervenu sur le champ de bataille de Maissin, faute de place - la région étant en partie couverte de bois - et est resté cantonné au village de Paliseul. [Ref.↑]
  8. Maissin est une section de la commune belge de Paliseul située en Région wallonne dans la province de Luxembourg. Maissin fut le théâtre d'un combat meurtrier les 22 et 23 août 1914. Le 11e corps d’armée Français du Général Eydoux se heurta au XVIIIe corps du général Von Schenck. Le 11e C.A était composé des recrutements de Bretagne et de Vendée, et comptait 10 régiments d’infanterie (28.000 fantassins), trois régiments d’artillerie de campagne (120 pièces de 75 mm), d’un régiment de cavalerie et de compagnies du génie. [Ref.↑ 8,0 8,1]
  9. Mercredi 25 novembre 1914. Ont été cités à l’ordre de l’armée, 11ème corps d’armée : « Chef d’escadron LASNE, 28ème d’Artillerie. Depuis le début de la campagne a conduit son groupe d’une façon très remarquable. A plusieurs reprises a fait preuve du plus grand courage. Par exemple quand l’infanterie territoriale s’était repliée, il a dû faire amener les avant-trains sous un feu violent d’obusiers, il s’est promené à cheval devant le front des batteries, maintenant ainsi chez tous le calme et le sang froid qu’exigeait la situation ». [Ref.↑]


Thème de l'article : Histoire d'une personnalité gabéricoise

Date de création : Janvier 2014    Dernière modification : 9.12.2021    Avancement : Image:Bullorange.gif [Développé]