LUCAS Maurice - La Cornouaille politique 1870-1914
Un article de GrandTerrier.
|
[modifier] Notice bibliographique
Le livre, réécriture de la thèse de doctorat de l'historien Maurice Lucas, décrit les transformations d'un Finistère-Sud conservateur en un « espace politique ouvert », qui se reconnaît dès juillet 1871 dans la République modérée, « sensible aux courants du radicalisme et du socialisme ». On est loin du cliché d'une Basse-Bretagne attardée et réactionnaire. L'étude, assise sur de nombreux documents d'archives, porte essentiellement sur le territoire de la Basse-Cornouaille qu'on peut appeler également Cornouaille maritime, bordée par la presqu'île de Crozon, Cap Sizun, Cap Caval, et les larges baies de Douarnenez, Audierne et Concarneau. Des années 1870 à 1914, les républicains vont y gagner une crédibilité politique, donnant raison au sociologue précurseur André Siegfried : « Lorsqu'il échappe à l'influence politique du prêtre et à la pression immédiate du noble, c'est-à-dire lorsqu'il est abandonné à lui-même, le peuple breton est naturellement égalitaire, républicain et démocrate ». Page 122, Maurice Lucas fait l'analyse d'une contre-attaque en 1877 du clan conservateur via la candidature de Jean-René Bolloré, papetier gabéricois et originaire de Douarnenez : « Aux références traditionnelles à l'ordre, à la tradition et à la religion s'ajoute celle, plus nouvelle, de la compétence économique garante de prospérité et de paix. La candidature du papetier d'Ergué-Gabéric répond sans doute à la volonté de renouveler une représentation et une thématique susceptibles de démarquer la posture conservatrice d'une image passéiste, sinon réactionnaire ». Et de citer le texte d'un tract : « M. Bolloré a d'ailleurs vos croyances et vos sentiments. Il aime ce que vous aimez : l'Ordre, la Paix, la Religion ... Sa situation de directeur d'une grande usine le porterait, indépendamment même de son patriotisme, à appuyer la politique pacifique du Maréchal de Mac Mahon, à l'extérieur, et à le seconder dans son énergique volonté de maintenir à l'intérieur la paix sociale. » Cela ne suffira pas, car le candidat républicain Louis Hémon Autres lectures : « 1877 - Affiche de JR Bolloré et résultats des législatives » ¤ « Jean-René Bolloré (1818-1881), chirurgien et entrepreneur » ¤ « Jean-René Bolloré candidat député, L'Océan L'Impartial et Le Finistère 1876-1877 » ¤ « Déguignet s'oppose au candidat Bolloré lors des élections législatives de 1877 » ¤ « 1877 - Tract "votit evit An Aotrou Bollore ha na votit ket evit Loiz Hemon" » ¤ |
[modifier] Extraits et citations
|
|
[modifier] Annotations
- Louis Hémon (1844-1914) est un avocat et homme politique quimpérois. Il est élu député républicain de Quimper de 1876 à 1885 et de 1889 à 1912, puis sénateur du Finistère. Il connait son heure de gloire en 1897, lors d'un discours sur la validation d'un prêtre catholique, élu à Brest, où il dénonce les ingérences du clergé dans les élections. [Ref.↑]
- Note Maurice Lucas : Jean-René Bolloré est né à Douarnenez en 1818. Chirurgien de Marine, il reprend en 1861 la papeterie fondée par son oncle Nicolas Le Marié en 1822. À sa mort en 1881, c'est son fils René qui relève et modernise l'affaire alors en difficulté. Son fils, lui aussi prénommé René, lui succédera en 1904 et finalisera en 1917 l'acquisition de Cascadec à Scaër. Ses fils René, Gwen-Aël et Michel lui succèdent en 1935. Gwen-Aël s'illustrera pendant la Seconde guerre mondiale en participant aux commandos Kieffer et fondera plus tard les éditions de La Table Ronde. Le fils de Michel, Vincent, deviendra une figure emblématique des mutations du xapitalisme français. [Ref.↑]
- Le document est en fait conservé aux Archives Départementales du Finistère sous la cote 3M278, et concerne les élections législatives de 1877 (et non 1876). Voir la transcription complète en « 1877 - Affiche de JR Bolloré et résultats des législatives » ¤ [Ref.↑ 3,0 3,1]
- Patrice de Mac Mahon (1808-1893), comte de Mac Mahon et duc de Magenta, est un officiel militaire, maréchal de France et président de la République française de 1873 à 1879. Pendant la guerre de Crimée, on lui donne le commandement de la 1re division d'infanterie du 2e corps de l'armée d'Orient et, en septembre 1855, il mène avec succès, pendant le siège de Sébastopol, l’attaque sur les ouvrages fortifiés de Malakoff, où il aurait prononcé son célèbre « J’y suis, j’y reste ! », ce qui aboutit à la chute de Sébastopol. [Ref.↑ 4,0 4,1]
Thème de l'article : Fiche bibliographique d'un livre ou article couvrant un aspect du passé d'Ergué-Gabéric Date de création : Mars 2017 Dernière modification : 5.03.2017 Avancement : [Fignolé] |